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Sylke s'accrochait à ma main comme si sa vie en dépendait. Ses ongles s'enfonçaient dans ma chair et y laisseraient probablement une belle trace rouge. Elle avait peur. Moi aussi. Mon cœur battait la chamade et mon sang pulsait à mes tempes. Mon souffle court me donnait l'impression de m'étouffer.

Je jetai un rapide coup d'œil à mes camarades. Ma sœur tentait désespérément de nous rattraper, se prenant les racines, les cailloux se trouvant sur son passage. Elle titubait à chaque pas. Mon cœur se serra. Nous ne pouvions pas l'attendre au risque qu'ils nous rattrapent. Sylke, elle regardait droit devant elle. Des gouttes de lunes sortaient de ses yeux et restaient suspendues sur ses joues. Elle pleurait une amie. Nous pleurions notre amie. Même si moi, je ne pleurais pas.

Le souffle haletant et entre coupé de sanglots, Sylke tomba à genoux.

- Sylke ! Ça va ? M'enquis-je .

Elle tourna son visage mortifié et dévoré par les larmes vers moi. Ses yeux luisaient de désespoir au clair de lune.

- Qu'est-ce qu'ils vont lui faire ? Gémi-t-elle. Et s'ils la disséquaient ? S'ils...

- Ne t'inquiète pas !

Je posai une main que je voulais rassurante, sur son épaule.

- On va la retrouver ! Même sans l'aide de ton peuple ! À nous trois !

À qui le promets-tu ? À elle ou à toi ? Souffla ma conscience.

- Je l'espère.

Elle avait parlé sans grande conviction comme si l'idée lui paraissait absurde.

Derrière moi, j'entendis un bruit.

Ils nous ont rattrapés !

Je me retournai pour vérifier. Au lieu des lumières, des gyrophares et des hommes pointant le canon de leurs fusils en ordonnant de lever les mains en l'air, rien, juste le drap noir de la nuit. Je parcourus les environs du regard, mais je n'y voyais pas à cinq mètres. Ma poigne se resserra sur l'épaule de mon amie.

- Qui... Qui est là ? Demandai-je d'une voix tremblante.

La nuit engloutit mes mots. Je tendis l'oreille en quête d'une réponse ou d'un autre bruit suspect. Quelque chose surgit devant moi et me sauta au cou.

- Graaaaannnnd-frèreeee !

C'était Lina. Elle éclata en sanglots.

***

Je sentais des soubresauts. De la lumière filtrait à travers mes paupières closes. D'après ce que m'avait expliqué Sylke, je devais me trouver dans une voiture ou dans une camionnette. J'entendais des bruits. Des chuchotements que je n'arrivais pas à comprendre. Mon cerveau refusait de coopérer dans ma tête embrumée. Je tentais de remuer mes doigts. Mission réussie ! En tentant de bouger le reste de mon corps, je me rendis compte que j'étais ligotée, accrochée à la paroi du véhicule. J'entrouvris mes paupières. Je me trouvais effectivement dans une camionnette. Deux hommes se tenaient à l'avant. Un maigre grillage nous séparait. Ils ne devaient sûrement pas être de mon côté. La fourgonnette s'arrêta. Les deux hommes sortirent en claquant la porte derrière eux.

***

Je serrai ma petite sœur dans mes bras puis je la posai par terre.

- Lina, tu m'as fait peur !

Elle se contenta de me sourire passant de la tristesse au bonheur en un claquement de doigts.

- Pourquoi Sylke pleure ?

Sea Dreams {nouvelle}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant