CHAPITRE QUINZE | Ready Now

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"And what the hell were we ?
Tell me we weren't just friends"
Friends — Chase Atlantic

SARAH

Le dimanche 15 octobre 2023, Sydney
00h20 

Ce soir, je suis seule pour la fermeture. Je compte la caisse, range les chaises et les tables et les nettoie. Habituellement, je suis toujours accompagnée, soit de Luke, soit de Reece, mais aucun des deux n'est présent ce soir. Luke a dû partir plus tôt et quant à Reece... Je ne sais même pas où il est. Après avoir tout préparé pour l'ouverture de demain, je récupère mes affaires et me dirige vers la sortie. Je déverrouille la porte et quitte l'établissement. 

— Ferme bien à clé.

Sursautant brusquement à cette voix inattendue, une vague de frayeur me parcourt. C'est bon, maintenant je sais où il se trouve.

— Reece, tu m'as fait peur !
— Eh bien, je suis naturellement terrifiant.
— Ce n'est pas drôle. C'aurait pu être Zac ou l'un de ses hommes.
— Leurs voix ne sont pas aussi séduisantes que la mienne.
— Ça va, les chevilles ? râlé-je.
— Super, elles sont en pleine forme.

Je soupire, agacée par son attitude légère et ses répliques. Je décide de ne pas répondre, sachant que toute remarque ne ferait que nourrir son attitude, et change de sujet.

— Cool, maintenant, tu peux me laisser.
— Tu n'as toujours rien compris. Tu ne peux plus rester toute seule.
— Ok, j'irais chez Ruby. Je n'ai pas besoin de toi.
— C'est qui, Ruby ?
— Ma meilleure amie.
— Et comment elle va te protéger si Zac vous retrouve ?
— Bon, j'irais chez Addison, alors.
— Qui viendrait directement chez les Scarlet Hogs. Elle n'a aucune arme chez elle à cause de ses neveux qui lui rendent visite de temps en temps.
— Je m'en fiche, je ne viendrais pas si tu es là. Je ne veux pas être en ta compagnie, c'est clair, ou tu as besoin d'un dessin ?
— Laisse-moi deviner. Tu m'en veux encore pour ta boîte ?
— À ton avis ?
— Je ne dirais rien à personne, je te le promets.
— Mais je m'en fiche que tu le dises. Tu n'avais pas à fouiller.
— Oh, donc je peux le dire aux autres ?
— Putain, mais ferme-la !

À peine deux secondes après avoir prononcé cette phrase, il se rapproche de moi et me plaque entre la porte du bar et son corps. La peur s'installe rapidement en moi, alors qu'il s'accole davantage. Ses yeux, chargés d'une intensité troublante, cherchent les miens avec une détermination presque effrayante. Je sens son corps contre le mien, son souffle irrégulier mêlé au mien dans l'air électrisé de la tension entre nous. Mon esprit tourbillonne, déchiré entre la panique et une curieuse fascination pour cet homme qui semble si proche et pourtant si lointain. Que va-t-il faire ?

— Je ne t'aime pas et je suis persuadé que c'est réciproque. Mais je te rappelle que depuis quelques jours, je me démène pour te protéger et t'éviter la mort, alors que je n'ai pas du tout envie de le faire. J'essaie de faire un minimum d'effort, car mon oncle me l'a demandé. Maintenant, c'est à toi d'en faire. Je n'attends pas d'excuses de ta part, c'était plutôt sexy, mais ne me parle plus de cette façon sinon les gens retrouveront ton nom sur une tombe bien avant que tu ne puisses sortir de cette rue.

Ses paroles me glacent sur place, faisant monter encore davantage l'adrénaline dans mes veines. La froideur de son ton contraste avec la proximité physique qui nous sépare à cet instant. Ses mots résonnent dans ma tête, révélant une facette de lui que je n'avais pas encore saisie : un mélange dangereux de désintérêt et de détermination à la fois. Je sens la pression de sa présence, l'ombre menaçante de ses mots planant au-dessus de nous. Je lutte pour trouver une réponse, mais mes pensées sont embrouillées par la peur et le désarroi. Que suis-je censé faire maintenant ? Après son discours, il se dégage de moi et me désigne le chemin jusqu'à sa voiture. Sans un mot, j'ouvre la voie et nous nous dirigeons vers son véhicule. Jusqu'à sa berline, le silence règne. Il reste absorbé par son téléphone, tapant frénétiquement sur l'écran. Nous prenons place dans l'auto, je boucle ma ceinture, et il démarre le moteur. À ma grande satisfaction, ce soir, il décide de respecter les limitations de vitesse. J'apprécie la vitesse, mais pas la sienne. La tension dans la voiture est palpable alors que nous avançons dans le silence, seulement interrompu par le bruit régulier du moteur. Je me concentre sur les lumières des rues qui défilent, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Arrivés devant son portail automatique, il se tourne enfin vers moi. Son regard est toujours aussi impénétrable, mais je sens qu'il y a quelque chose de différent cette fois, une lueur d'attente dans ses yeux.

(1) DARLING | Kiss me, you piece of sh*tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant