CHAPITRE DEUX | Little Bit Dangerous

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"Cold heart, with a smile
I'm free, extra wild"
A Little Bit Dangerous — CRMNL

SARAH

Le lundi 2 octobre 2023, Sydney
17h45

— Ruby, je vais être en retard si tu continues à me raconter ta vie.

Être au téléphone avec ma meilleure amie, Ruby Forks, c'est un enfer. Soit cela dure deux secondes, car elle cherche son câble de téléphone, soit trente ans. Et je plaisante rarement.

— Ouais, mais mon histoire avec Benjamin est super importante.
— Elle ne peut pas attendre demain matin, quand je serais libre pour t'écouter ? Je suis en pleine rue avec des voitures qui roulent comme des folles.
— Ce sont les conducteurs qui conduisent mal, et non les voitures.
— Tais-toi. Je dois raccrocher, il me reste encore cinq minutes de marche.
— Tu n'as qu'à t'acheter un véhicule.
— Avec quel argent, imbécile ?
— Celui de ton père, il ne te reste rien ?
— Tu sais très bien que non. C'est pour ça que je travaille.
— Et les transports en commun ? Prends le bus.
— C'est toujours blindé et je déteste être touchée. Je me demande si tu réfléchis quelquefois.
— Ouais, bon. Fais comme tu veux, mais promets-moi de ne pas demander à Caleb de venir travailler sept jours au lieu de six. Tu ne peux pas faire quarante-deux heures par semaine. C'est clair !?
— Promis, maman.
— Je ne peux pas être ta mère, tu es née dix-neuf jours avant moi.
— Tu peux arrêter avec tes remarques débiles ? Bon, il faut vraiment que je te laisse, j'ai encore la grande rue à traverser et tu sais à quel point c'est la merde pour le faire.
— Je peux te rappeler pendant ta pause ?
— Non.
— Et après le service, à 00h00 ?
— Non, dors ! Tu me rappelleras demain, je ne travaille pas.
— Eh bien, je viendrais chez toi.
— Tu sais quand même que je ne travaille que de 18h00 à 00h00 ? Tu peux venir à la maison la journée.
— Non, je préfère venir à l'heure de l'apéro, c'est plus amusant.
— Tu es conne, rigolais-je. Allez, bisous, je t'aime.
— Je t'aime, travaille bien.

Après avoir raccroché, me voilà dans la rue de la Mort. Il m'est presque impossible de traverser sans risquer ma vie. Mais heureusement pour moi, aujourd'hui, elle a décidé de m'être solidaire, il n'y a aucune voiture. Je fais quand même attention et regarde à droite et à gauche avant de reprendre mon chemin. Je prends le temps pour une fois et en profite pour mettre mon téléphone en mode avion. Je connais Ruby et je sais qu'elle va m'envoyer un message toutes les trente minutes. Avant d'éteindre l'écran de mon téléphone, j'entends un gros ronflement se diriger dans ma direction, et plus précisément sur moi. Un véhicule noir roule plus vite que ce qui est recommandé et fonce droit sur ma personne. Je n'ai pas le temps de quitter la route pour me mettre à l'abri que la voiture klaxonne et se stoppe net, à seulement quelques centimètres. C'est vrai que les temps sont durs, mais je n'ai pas envie de partir tout de suite.

— Oh, tu fous quoi, là !? Avance, connasse !
— Pardon !?
— Dégage de la route !
— Je n'ai aucun ordre à recevoir de votre part, ce n'est pas de ma faute si votre quotient intellectuel ne vous permet pas de déchiffrer les vitesses à respecter.
— Qu'est-ce que tu as dit ?

La personne sort de son véhicule et se révèle être un jeune homme du même âge que moi, je dirais. Il est brun et porte une tenue assez rock. Il laisse sa portière ouverte et se rapproche de moi.

— Qu'est-ce qu'elle a dit, la gamine ?
— Vous...
— Je te conseille de choisir tes prochains mots avec soin.
— Vous rouliez trop vite.
— Et alors ? T'es de la police, peut-être ?
— Non, mais...
— Mais rien du tout. Dégage et laisse-moi passer.
— Vous pourriez me parler mieux que ça.
— Et pourquoi je ferais ça ?
— Vous m'avez presque renversé, j'aurais pu y passer.
— Tu sais quoi, si j'avais su que tu serais aussi chiante, je n'aurais pas freiné.
— Allez vous faire foutre !
— Si tu insistes, il se rapproche de moi.
— Laissez-moi tranquille.
— Je te laisse tranquille, c'est toi qui ne pars pas.
— Je pourrais porter plainte !
— Mais tu ne le feras pas, il retourne dans sa berline.
— Et pourquoi ?
— Car, premièrement, tu ne connais pas mon nom et deuxièmement, tu n'as pas assez de couilles.

(1) DARLING | Kiss me, you piece of sh*tOù les histoires vivent. Découvrez maintenant