Le Gambit des Ténèbres

Chapitre 1 : Les larmes sont toujours salées

Assis en tailleur sur son lit, Draco Malfoy fixait d'un air dépité ses affaires étalées sur le parquet vernis de sa chambre. Sa valise évantrée près de sa fenêtre ne contenait qu'un pauvre livre rapiécé bon à être jeté à la cheminée. Les coudes pliés et les mains liées sur ses genoux, son regard se perdait évasivement sur les tas de cahiers et de pulls en laine qui jonchaient devant lui sans trouver la motivation nécessaire de les ranger. Ses yeux bleus se posèrent finalement sur une fine tige de bois posée non loin de son bureau. Il se mordit les lèvres et détacha brusquement le regard de sa baguette d'aubépine qui lui rappelait des souvenirs encore trop douloureux à supporter.

Un léger frisson parcourut son corps alors que les évènements passés revivaient en boucle dans son esprit, lui rappelant sans cesse les mauvais choix qu'il avait pu commettre. Dans un geste tremblant, sa main vint défaire une manche de sa chemise pour révéler son bras nu et la marque maudite gravée éternellement sur sa peau pâle. Le serpent et la tête de mort semblaient narguer Draco et son existence minable qui n'avait tourné qu'autour de cette fichue marque qu'il mourrait d'envie d'arracher à son bras. Marque qui représentait tout ce que le monde des sorciers voulait effacer mais qui lui collait à la peau comme un poison indéfectible. Le jeune homme se mordit la lèvre inférieure jusqu'au sang pour éviter à une larme de couler sur sa joue et dans un excès de rage soudain il planta ses ongles dans sa peau immaculée et griffa violemment l'encre noir. Les yeux embuées de larmes, Draco lascéra son avant-bras en grimaçant de douleur alors que le sang perlait de ses stries rouges.

Sa torture dura plusieurs secondes durant lesquelles il se retint d'hurler à la mort, sa souffrance devenait inssuportable alors que son bras se recouvrait de pourpre. Lorsque, essouflé, il laissa enfin retomber sa main sur sa cuisse pour admirer son oeuvre, il ne put retenir un long gémissement en remarquant que la marque susbistait encore sur sa peau comme une sansue. Epuisé et désespéré, Draco se laissa retomber sur son lit en poussant un soupir étranglé par les larmes. Il y avait eu des soirs durant lesquels il avait imaginé sa vie sans cette cicatrice d'encre, mais chaque fois ses rêves étaient brisés au réveil lorsque la réalité lui retombait brûtalement dessus à la vue de sa marque. Il y a avait eu tellement de douleur, tellement de sacrifices et de sang versé. Les évènements s'étaient enchaînés si vite. La mort de Dumbledore, la guerre, Voldemort, et puis... Harry Potter.

Harry Potter. Un nom dont le goût était encore amère dans la bouche de Draco. Il avait eu l'étiquette du héros, du sauveur, tandis que lui avait écopé de celle du méchant Mangemort tueur de sorciers. Elle n'avait pas tort, cette foutue étiquette, et c'était sûrement cette vérité qui effrayait le jeune homme chaque fois qu'il repensait au sang versé par sa faute.

Draco se retourna sur son lit et tendit le bras pour attraper du bout des doigts une enveloppe sur laquelle avait été aposé le sceau encore intacte de l'école Poudlard. Il n'avait pas osé l'ouvrir, peut-être de peur de confronter cette réalité où il allait devoir faire à nouveau face, une ultime année, aux regards jugeurs, effrayés et défiants de ses camarades. Ils devaient tous le détester maintenant qu'ils l'avaient vu aux côtés de Voldemort, se battant pour une cause qu'il avait été forcer d'adhérer. Lui qui pensait en avoir fini avec Poudlard, voilà qu'il devait y retourner pour terminer sa dernière année qui avait été interrompue par la Grande Guerre.

Quelques petits coups contre la porte de sa chambre firent subitement lâcher la lettre des mains du garçon qui se redressa aussitôt sur son lit. Une femme brune aux quelques mèches blanches passa l'entrebaillûre de la porte, un fin sourire sur le visage. Narcissa jeta un rapide regard aux affaires jonchés sur le sol et poussa un petit soupir sans pour autant effacer son air jovial. Son regard chaleureux se refroidit aussitôt à la vue du sang qui coulait le long du bras de son unique fils.