16 SEPTEMBRE, PREMIER CHOC

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Chapitre 1 :
16 SEPTEMBRE, PREMIER CHOC

Un jour comme un autre
Et pourtant
Asha, dans mon bureau
Dit la voix
J'obéis
Ramasse mes affaires
Sous le regard
Scrutateur
Des autres
L'annonce grésillait
Il pleuvait
Je me rappelle
Tout

Le coup de coude de mon amie
Les coups d'oeil insistants
De l'assemblée
Ma chaise qui racle le sol
Un oiseau sur un pilier dehors
Et la pluie
Si appropriée

J'entre
La sentence de mort va tomber
Dans quelque secondes
Je m'assieds
Baisse les yeux
J'ai peur
Il va se passer quoi ?
Le CPE me regarde
Il se racle la gorge
Me regarde encore
C'est bon stop vazi parle
Je veux savoir
Vite
Raclement de gorge
Encore
Vite
Je veux savoir

Tes grands parents sont morts.

Quoi ?

Ton père à appelé.
Tu peux retourner en cours.

Quoi quoi quoi quoi quoi ?
Attend attend attend attend
Stop stop stop
Ca va trop vite
Trop
Vite

Comment ça morts ?

Morts morts morts
Définitivement morts

Non non non non non non non non non non non non non

Ce serpent ne m'a même pas dit lesquels !
Pluie dans ma tête toute la journée.
Le soleil noir s'est éteint.
Il a disparu.
La lune aussi.
Les étoiles ne rêvent plus.
Le vent s'est tu.
À jamais.

Pluie dans ma tête en français
Les propositions subordonnées
Pluie dans ma tête en histoire
Les carolingiens peuvent bien aller se faire voir
Mes grands-parents sont morts
Et je ne sais même pas lesquels pleurer

Je rentre
La pluie à laissé place au brouillard
Mais qu'est ce qu'il t'a dit ?
Elle insiste
Mon "amie"
J'en ai marre
Je change de place
Attrape mon sac
Je peux m'asseoir ici ? Oui ? merci
Son regard choqué
Me fixe
Le bus démarre.

Le bruit dans mes oreilles
Se répend dans mon être
Nuit incolore chante
Et moi j'écoute
Je ferme les yeux
Une larme coule
A coté de moi, Noah
Eh, qu'est ce qui va pas ?
Je le fixe, essuie ma larme,
Geste rageur
Puis me détourne.
Il me tapote l'épaule, maladroitement
Pas plus, pas moins
C'est bien
Je repense au CPE
Je crispe les poings
Il croit que c'est à cause de lui
Je lui offre un sourire d'excuse
Il doit lui paraître bien pâle.

Je rentre
Pousse la porte
Devant moi, papa pull rouge sanglote
Et papa est debout, boit un café
Comme quand ça va pas.
Je suis bête
Ça va pas 

Ils me regardent
Je sais
Je dis doucement.
Quand ? Comment ? Pourquoi ?
Les questions se pressent sur mes lèvres, nausée intense, puis refluent comme les vagues.

Je les laisse parler
Papa pull rouge s'essuie le nez
Accident de voiture
Qu'il dit
Elle avait trop bu
Comme toujours
Et il l'avait accompagné
Comme toujours
Parce qu'il l'aimait

Et un tournant
Un arbre
Des roues qui tournent dans le vide
Deux corps sans vie
Enlacés

C'est trop pour moi
Je m'effondre.

Douleur.

Héloïse.
Jacques.

Jacques.
Héloïse.

Papi
Mamie

Mamie
Papi

Noir.

Deuil En ProseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant