18 SEPTEMBRE, ERIN

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Chapitre cinq :
18 SEPTEMBRE, ERIN

Dans
Mon sac
J'ai plus
Ma
Trousse
Un petit mot
L'a
Remplacé
Je n'ai pas non plus
Mon
Carnet
Mon carnet de dessins
Mon précieux
Je pense à Gollum
En pensant à ça
Mais je reviens vite à

J'ai plus mes affaires.
Le mot
L'ouvrir
Le lire
L'écriture de Erin
Ma vue se brouille
Pourquoi elle a fait ça

Je veux qu'on se parle demain
Tu es trop distante
J'ai l'impression de plus être ton amie
Tu veux rien me dire
Tu me caches des choses
On parle demain
Et je te rendrais ta trousse.

Je pleure maintenant
Pourquoi Erin ?
J'ai rien fait pour mériter ça
Mes grands parents sont mort
Mon amie me déteste
Mon père va devenir dépressif
Et moi folle
À cause des folies dans ma tête
J'exagère peut-être
Je sais pas
J'ai peur

Et je me retrouve
A me mettre en tortue
Enroulé sur moi-même
Loin des soucis du monde
Repliée
Sur moi
Je tremble
Je pleure
Impression
Du plafond
Il va me tomber dessus
Pourquoi ?

Ce mot tourne en boucle
Me nargue incessement
Depuis si peu de temps
Mais j'ai l'impression
Qu'il est en permanence
Présent.

Marre.
L'impression
Qu'un lac demeure dans moi
Intarissable
Mais j'essaie tout de même
De l'assécher
Avec quelques larmes dérisoires.
J'ai une image bizarre dans la tête, là.
Je fronce les sourcils, laissant le

Petit rire

S'évanouir sur mes lèvres.

Rire ?

Pourquoi faire ?

Papa pull rouge monte dans ma chambre
Il me voit
Au fond du trou
C'est à cause du collège ?
Ou de...
Il n'arrive pas à finir sa phrase
Normal
Moi non plus
Je ne peux plus prononcer leurs noms
À voix haute
Ou ne veux plus ?

Je hausse les épaules
Quelle importance ?
Il ne fera rien
De toute façon

Il s'inquiète
Me pousse à me confier
Mais j'ai pas envie de
Lui
En parler
Erin ne le mérite
Elle ne mérite
Pas
Que l'on mentionne sa présence
Qu'on se souvienne de son amie

Je sais
C'est mon amie
Mais quelle sorte d'amie
Ne respecte pas ton silence
Et te vole
Ton bien le plus précieux ?
Je me le demande.
Beaucoup.
Et souvent.

J'ai une soudaine
Et irrépressible envie
De faire quelque chose
D'interdit
De faire une bêtise
Extérioriser
Mes yeux avisent une paire de ciseaux
Je me dirige vers la salle de bain
Ferme la porte à clef
L'observe un moment
Ferme les yeux
Puis je les prends et je coupe je taille je tranche tout ce que je peux
Adieu mes cheveux
C'est toujours mieux
Que de se couper la peau non ?

Et je tranche j'arrache de lacère
Ça fait du bien
Je me regarde
Et, j'avoue
Je me trouve belle
Sauvage
Mystérieuse
En tout cas
Je ne me ressemble pas
Et j'aime ça
Mes cheveux courts sur les côtés de mon visage
Me chatouillent
Les mèches longues devant tombent sur mes épaules
En pagaille
Et derrière raccourcit
Jusqu'a avoisiner un pelage animal
Et ça me plaît
J'ai l'impression d'être plus sereine
Et plus forte
Je me passe la main
Sur mon crâne ébréché
Je souris
Flatte mes mèches éparses
Je sais
Que ça ne sera pas au goût de tout le monde
Mais
C'est moi
Je pense à papi et mamie
Est ce que
Ça leur plairait
Sans aucun doute
Pour la première fois je pleure
Mais je souris toujours
Mes
    Mèches
         Trempées
                        Me
                            Collent
                                       Et
                                         J'aime

Je descend
On m'a appelé
Le repas comprenez
Et j'avais presque oublié
Mes mèches coupées

Mais quoi dit papa pull rouge
Comment se répond papa
Ça te va bien
Mais pourquoi ?
Mais c'est beau...
À quel moment ?
Leurs phrases s'emmêlent
Me réconfortent
Un peu
Je me sens plus courageuse
Demain sans doute que j'affronterai
Les moqueries de ceux qui ne comprennent rien
Les reproches d'Erin
Les regards scrutateurs des profs
Mais j'oublie
Je
Veux
Profiter
De
Ma
Soirée

Et mon rire et mon sourire naissent sur mes lèvres
Parce que j'ai pu me sentir plus libre
Et que le soleil couché s'est vu renaître un peu
Parce que la lueur était toujours là en moi
Et attendait le bon moment pour ressurgir
Espoir.

Deuil En ProseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant