23 SEPTEMBRE, CONFRONTATIONS, BRUTALITÉ ET SOULAGEMENT

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Chapitre 6 :
23 SEPTEMBRE, CONFRONTATIONS, BRUTALITÉ ET SOULAGEMENT

Réveil matin
15h
J'me réveille comme une fleur
Marguerite dans le macadam
A besoin d'un doliprane 

Ma sonnerie de réveil
Iconique
Retentit.
Mes cheveux courts
Balayent mes joues et je souris ;
J'oublie un instant ce que je dois affronter
Et me concentre sur cette sensation
Étrange
Agréable.

Après ce moment
D'autosatisfaction
Je me lève
Que dois-je faire ?
Tout à coup
J'oublie
Mon but
Je tombe
Je ne vois plus rien je n'entend plus rien
Je ne comprend pas
Ce qu'il se passe
J'ouvre la bouche mais rien ne sors

Papa pull rouge vient me chercher
Il pense que je ne me suis pas réveillée
Il me voit à terre
Et se précipite vers moi terrifié
Il m'aide
Me soutient me relève
Il a peur
Je vois à nouveau mais
Flou
Son visage se précise peu à peu et voilà que je discerne des larmes
Il a peur de me perdre aussi ?

Il m'aide encore
Un peu
À marcher puis je me détache de lui
Un pauvre sourire pour le réconforter
Lui dire que je vais bien
Il m'accompagne quand même en bas
S'assurant que je ne tombe pas
Me propose de m'amener au collège en voiture
Ou bien que je n'y aille pas
Sa proposition
Est tellement tentante !
Mais
Je sais
Que je dois retrouver Erin
Avoir
La
Discussion et enfin
Mettre à plat nos ressentiments communs
Mais je pense à mamie et papi
À comment ils réagiraient
À ce qu'ils feraient
Ce qu'ils me conseillaient
Et je fond en larme
Et m'enfuis de la cuisine avant que papa pull rouge
Ait pu se précipiter sur moi
Pour me prendre dans ses bras
C'est égoïste mais
J'ai besoin d'être seule
Pour me morfondre un peu
Penser à eux
Avoir peur, car ce sera
Mon tour bientôt
À l'échelle de la planète
Que vaut ma vie ?
À être en colère
Pourquoi l'a-t-il suivie ?
Je m'enserre de mes bras
M'habille
Redescend
À ce soir papa
Puis je sors à courant
J'ai presque
Peur
De le voir

Ellipse du bus
De toute façon rien à raconter
Je me suis mise à l'avant
Sans rien vérifier
J'avais pas la force de la confronter
Si tôt le matin.

Ellipse de la matinée
On n'est pas assise à côté
Et de toute façon
Je devais rendre à ma prof
     Un devoir
            En retard

Et la cantine
Et on mange en silence
Et on sort en silence
Et on marche en silence
Sans rien dire, juste le bruit du ciel gris
Qui nous accompagne
Je suis mal à l'aise
Je me lance
" Du coup tu voulais me dire quoi "
Elle me fixe
Et

Elle se met à me parler
En plein milieu de la cour
Devant

T
O
U
T

L
E

M
O
N
D
E

Et je suis mortifiée
Parce qu'elle me reproche des centaines de trucs
M'accuse de ne pas lui faire confiance
Se lui cache trop de secret
De lui préférer Noah
Alors que j'ai du lui parler trois fois
Depuis la reprise des cours
De jouer à la dépressive
Pour accrocher les garçons
Alors oui une fois j'ai pleuré en cours
J'avais mal
Et tous
Presque tous
Se sont inquiétés pour moi
Ça m'avais touchée
Mais j'avais pas fait exprès...

Et mon carnet ?
Et ma trousse ?
Elle s'indigne
Me fais remarquer que je ne pense qu'à moi
Jamais à elle
Qu'elle est là pour moi
Mais que je ne suis jamais là pour elle
Que je ne l'écoute même pas
Même plus

Je me sens mal
Je me détourne tristement
Une bruine glacée
Tombe
Tom
be
To
mbe
T
ombe
Tombe

Sur ma tête pendant que je me détourne
Les épaules basses
La tête en feu
Et glacée aussi

Même pas la force de protester
Parce que rien
Ne pourra la faire changer d'avis
Rien
J'en viens presque à me demander
Si elle n'a pas
Un peu
Beaucoup
Raison
Parce que
C'est ma faute non ?
Je crois
Je sais pas
Je sais plus
Je suis...
Si fatiguée...
Comme en transe je me vois
Marcher vers elle
La dépasser
Lui donner un coup d'épaule
Continuer
Les regards pèsent sur mon dos
Je marche toujours
Sur le béton cassé de la cours
Descend les marches d'escalier
Cherche mon casier
Mon carnet est dedans
Je m'en doutais
Ma trousse aussi
Elle n'aurait pas eu le cran de le jeter
Elle est vicieuse
Mais on était amies
On l'est toujours ?
Je ne sais pas
Sans doute que non
Et je ne sais pas quoi faire
Mais dans un sens
Peut-être que
Je suis
Un peu

Soulagée

Qu'on ne doive plus se parler
Assister
À la pantalonnade des mimes
Des nons-dits
Des reproches
Alors
Oui
Je suis soulagée
Et même si je culpabilise
Même si j'ai envie de pleurer
Même si je vais sans doute
Rester seule
Longtemps

Je souris.

Deuil En ProseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant