17 SEPTEMBRE, AFFRONTER LES REGARD DE CEUX QUI SAVENT

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Chapitre 3 :
17 SEPTEMBRE, AFFRONTER LES REGARDS DE CEUX QUI SAVENT

Bip bip bip
Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip
Réveil
J'ai sommeil
J'ai froid
La couette à glissé
Mes pieds sont gelés

Je me lève en grommelant.
Veux pas aller au collège,
Ça sert à rien.
Flemme.
Flemme d'un mardi matin.
Pas envie de voir les autres.
Pas envie de croiser les profs.
Pas envie de rencontrer les yeux scrutateur
De Erin.
Ma " meilleure amie ".

Je suis dure.
Je l'aime bien.
Oui mais...
Je sais pas
Comment expliquer ?
Ce mal-être avec elle
Petit malaise en veille
Qui se remue au fond de mon ventre
Quand je lui parle.

Je vais devoir
Affronter les regards de ceux qui savent

Je veux pas

En entrant dans la cuisine, je vois
Papa pull rouge qui boit
Papa est déjà partit il m'a dit
Je hoche de la tête
L'estomac veut se barrer par mes lèvres
Alors je les serre fort.

Papa pull rouge
A les cheveux en bataille
Papa est toujours soigné
Si propre sur lui
A se demander comment ils ont fait
Pour se marier

Et mes pensées s'enchaînent
De mariage je vais à acceptation
Acceptation par l'entourage
Par les parents
Et les parents de papa ne le connaissent plus il m'a dit
Et ceux de papa pull rouge...

Je cours aux toilettes.
Mon estomac a eu envie de liberté
Il nage à présent dans une cuvette.
Il est content, je crois.
Ah.
Il s'est noyé.

Je tire la chasse, me lave la bouche, ressort.
Je ne mangerais pas ce matin.

Papa me fait un bisou
Tout doux, tout doux
Un peu de douceur dans ce monde tranchant
Et il part.
Il va organiser

L'
e
n
t
e
r
r
e
m
e
n
t.

Ne pas y penser ne pas y penser ne pas y penser ne pas y penser ne pas y penser ne pas y penser ne pas y penser ne pas y penser...

Trop tard pour ça, non ?

Je les vois enlacés et vêtus de leurs plus beaux habits
Dans une tombe froide et dure
Au moins ils se prodiguent un peu
De chaleur dans leur mort
Ma pensée est bizarre
Un peu spirituelle, mais je ne crois pas
En une puissance divine
Sinon il n'y aurait pas de guerre
Pas de famine
Pas de malheur.
Je divague je crois.
Mes pensées vont trop loin.
Elles dérivent à toute vitesse
Là-haut, très haut
Décrivent des courbes inlassables
Et imprévisibles.

La journée va être longue...

Pas de places dans le bus. Je
Dois m'asseoir sur des marches
Salies par des milliers de chaussures
Indifférentes.

Mon pantalon est mort.
Adieu, cher petit. Repose en paix.

Aaaaargh ! Même une petite tentative de blague
A moi, rien qu'à moi
Me les rappelle !
Je veux pleurer !
Je ne peux pas !
Pas dans le bus, ce n'est pas possible !
Pas devant eux !

Je ne veux pas...

Heureusement, on se gare devant le collège.
Freins qui crissent, odeur de caoutchouc
Brûlé,
Tout est normal.

Je sors.
Elle se dirige vers moi.
Je me détourne.
Je veux pas la voir.
Pas maintenant Erin je dis d'une voix blanche.
C'est pas possible.
Juste pas possible.
Elle se plante devant mon corps.
Moi, je suis ailleurs.
Mon esprit à décidé de flotter d'étoiles en étoiles, et —
Il faut que je revienne dans la réalité !
Perdue dans mes pensées, j'ai pas entendu
Elle croit que je le fais exprès.
Pardon !

Elle est vexée.
Elle s'en va.
Bon débarras.

Mais pourquoi je pense ça ?
Je suis pas capable d'être normale ?
Juste apprécier mes amis
Sans les insulter toutes les
Trois secondes
Dans leurs dos et dans ma tête ?

Triste
Je suis toujours triste
J'ai l'impression d'être engluée
Dans ma tristesse
Elle m'étouffe
Me serre
Me câline
Jusqu'a m'étouffer
Tristesse
Boue poisseuse
Collante
Je suis piégée dans ses filets
Et jamais je n'en sortirai
C'est mon ressentit
Putain de tristesse.

Je dois aller en cours.

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