Poème 13 - Moi

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Je n'ai pas pour habitude de me confier,
Alors, malgré tout, aujourd'hui je vais céder.
Je me dois de raconter ce qui n'allait pas.
C'est l'image d'un homme fort qui reste là,
Qui reste ancrée au sein de l'esprit de ces gens.
Mais qui aurait pu se douter un seul instant,
Que celui qu'ils voyaient, pleurait sans qu'on le voit?
Dur secret à garder, plus que ce que l'on croit.
Je souffre tellement mais ça ne veut cesser.
Je ne serai pas libéré de ce fardeau.
Pouvoir effacer tout ce que j'ai pu rater,
Y mettre un terme, que cela serait bien beau.
Tout a commencé quand je n'étais qu'un bambin,
Tous ces gens, tous rayonnants me tendaient leur main.
Je ne m'attendais pas à être terrassé
Par le poids de toute cette méchanceté.
J'ai vite découvert ce que la vie m'offrait,
Malgré tout, je n'ai pu m'empêcher d'espérer.
J'étais frappé, insulté, rabaissé, jugé,
Les agresseurs ne ressentaient pas de pitié.
Ainsi, pour eux, je n'étais devenu qu'un jouet,
Le martyr sur lequel on pouvait s'acharner.
J'ai commencé à réfléchir à un moyen
Qui me mènerait là où je ne puis les voir.
Si jeune, je suis tombé dans le désespoir,
Devenu son réceptacle, je n'étais rien.
J'ai voulu commettre ce qui met fin à tout
Alors que ma vie ne faisait que commencer.
Au milieu de ce cœur il n'y avait qu'un trou,
Il était le signe d'une vie transpercée.
Malheureusement, je ne voulais m'y résoudre,
Mon esprit ne trouvait pas l'envie d'en découdre.
J'ai dû alors subir, résister à ces gens.
Le calvaire a duré au total cinq années.
J'étais, malgré tout, toujours un petit enfant
À qui on a enlevé l'envie d'exister.

J'arrivais dans ce collège, tout plein d'entrain
Mais j'avais compris que je touchais à la fin.
Chacune de ces années a été terrible,
Cela n'a toujours été que de mal en pis.
Tout avait noirci dans ce pauvre cœur sensible,
N'arrivant plus à faire le moindre des tris.
Ils étaient tous faux, tous ces amis de poussière,
Disparaissant en même temps que ma lumière.
Ils m'ont trahis, frappé, humilié. Au secours!
Je lançais un triste appel sans aucun retour.
Je n'ai eu du répit que par la pandémie,
Sans être entendu j'ai pu pousser mon grand cri.
Lors de la dernière année, tout a basculé.
Trois mois de fausse joie ont finis écrasés,
Tout cela à cause d'un tout petit message,
Celui-ci n'avait fait qu'empirer le carnage.
Tous se sont retournés contre moi mais pour rien.
Rien dans ce message n'avait été blessant
Et pourtant j'étais exclu de ce monde ambiant.
Toute la journée adossé à ce poteau,
Je ne voyais que ces misérables bourreaux.
Rentrant tous les soirs, une épée dans chaque main,
Dans chaque rêve je ne voyais que la fin.
Je souffrais tellement, tellement, j'avais mal.
Même en me lavant, je me sentais toujours sale.
Le dur silence et mon lit étaient mes témoins,
Ceux de mes pleurs et de mes cris de torturé.
De cette triste vie je ne prenais plus soin,
Depuis longtemps j'avais arrêté d'espérer.

Le lycée s'offrait enfin à moi pour trois ans.
Allais-je enfin libérer ce cœur saignant ?
J'avais enfin des amis sur lesquels compter,
Du moins, c'est ce qu'ils me laissaient trop bien penser.
Deux années durant j'ai enduré leur bonté
Plus fausse que le sourire qu'ils me montraient.
J'ai cru bien faire en poussant cette relation
Mais me détruire, ça, ils l'ont fait avec passion.
J'avais simplement envie de pousser un cri.
Tout cela s'ajoutait sur mon fragile esprit
Et j'ai bien cru que j'allais finir par craquer
Car ce dernier était déjà tout émietté.
Je me suis libéré de leurs chaînes terribles
Mais maintenant, de ce malheur je suis la cible.
Seul, condamné à errer sans but bien précis,
J'intériorise cette douleur en mon être.
Une simple main tendue aurait-elle suffit
À éviter au désespoir de pouvoir naître ?
Je croyais le lycée un vrai échappatoire,
Un paradis auquel je pourrais enfin croire
Mais tout du long je n'ai fais que rêver, trop tard,
Celui-ci n'était que mon pire cauchemar.

Vais-je continuer pour toujours comme cela?
Mon cœur me fait mal en écrivant ces mots-là,
Je ne serai pas capable d'en dire plus.
Le mal me consume, quelle forme qu'il eusse.

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