La splendeur éblouissante de la septième princesse, Néfertari, a suscité de vives critiques de la part de nombreux détracteurs, notamment de sa belle-mère et de ses six demi-sœurs.
Le roi de l'empire Ruwzain nourrissait un profond mépris pour sa dernière fille, la haïssant avec une intensité palpable. Dès qu'il fut question de se débarrasser d'elle pour préserver son image, il n'hésita pas à la livrer à l'émir Iyad Jawahir, un homme déjà lié à trois ravissantes épouses, toutes d'une beauté sans pareille.
Ce puissant Arabe de la région de Jawdat, située à plusieurs kilomètres de la capitale, proposa une alliance stratégique en épousant l'une de ses filles. Ce souverain se souciait peu de sacrifier sa propre chair pour assurer sa sécurité, tant que la paix régnait à Ruwz. Après la défaite humiliante de son royaume face à ses ennemis, il n'eut d'autre choix que d'accepter sa demande. Quelle ironie pour lui de remettre la dernière princesse, la plus méprisée de tous.
Néfertari se retrouve donc contrainte de se soumettre à la volonté égoïste de son père. Au fond d'elle-même, elle sait que personne dans sa famille ne versera une larme à son départ des terres de Ruwz. Sa plus grande angoisse réside dans l'incertitude de son avenir : où mettra-t-elle les pieds et son futur époux sera-t-il un homme de valeur, empreint de douceur ?
La belle jeune femme à la chevelure de jais et aux yeux d'un gris électrisant, est installée dans un recoin de la chambre qu'elle partage avec l'une de ses demi-sœurs. À travers une fenêtre en treillis aux arabesques du modèle Bab Alhamba, elle contemple l'horizon lointain. Son élégante silhouette se dessine sous les rayons du soleil, tandis que son regard captivant se perd dans les vastes étendues du désert, tout en étant pensif.
Quand, une servante vient la tirer de sa rêverie en lui tapotant frénétiquement l'épaule. Néfertari sursaute, surprise, et tourne son attention vers la jeune femme en guise de réponse.
- Que se passe-t-il ? demande la septième princesse de Ruwz, légèrement irritée.
La servante, s'inclinant respectueusement, répond :
- Je vous prie de m'excuser, votre Altesse, mais votre père, Sa Majesté le Roi, désire vous voir dans la salle du trône.
La belle brune laisse échapper un soupir de résignation avant de suivre la dévouée servante de son père à travers le dédale des couloirs. Néfertari se demande pourquoi il est si urgent de l'appeler. Elle s'arrête devant deux imposantes portes battantes en argent et en or, ornées de motifs arabes rappelant ceux de sa fenêtre.
Deux gardes se tiennent en faction, et dans un instant, ils ouvrent les deux portes, révélant ainsi le père de la septième princesse, trônant majestueusement sur un siège orné de motifs semblables à ceux des portes de la salle. Cependant, le roi n'est pas seul. À ses côtés, sa favorite est installée sur un siège identique à celui du souverain. Kamila Zeyad observe la dernière princesse avec une aversion palpable et un mépris évident.
Le roi Kaïs Al-Khazrajy fixe Néfertari Al-Khazrajy d'un regard vide, impassible et sans âme. Il a commis l'irréparable en éliminant sa mère, Nora Feghoul, pour avoir donné naissance à une fille qu'il considère comme aussi misérable qu'elle. Cette malheureuse a été jugée pour un incident survenu il y a douze ans.
À l'âge de dix ans, elle a été injustement accusée de vol par Madame Zeyad, qui n'était alors qu'une concubine. La réalité est que c'était sa sœur, Nesayem Al-Khazrajy, qui avait dérobé un noble de la cour à cause d'un chagrin d'amour. Cette dernière a falsifié les preuves avant de les soumettre à Kaïs, qui n'a pas pris la peine de découvrir la vérité, étant donné que les faits avaient été validés par toute la cour royale.
Néfertari, la belle princesse, a enduré la honte de la flagellation en public, et personne n'osait se lier d'amitié avec elle. Douze années plus tard, à l'aube de ses vingt-deux ans, le roi de Ruwz, dans un acte de cruauté, envisageait de la donner en mariage à un émir d'un royaume ennemi, la reléguant ainsi au rang de quatrième épouse. C'était là un affront de trop pour cette jeune femme, dont l'enfance avait été marquée par des souffrances infligées pour un délit qu'elle n'avait jamais commis. L'enfant qu'elle avait été avait crié son innocence face à cette terrible injustice.
À l'âge de dix-huit ans, le destin lui réserva un nouveau coup cruel : les quatre concubines restantes furent retrouvées empoisonnées dans leurs appartements, et une fois encore, la malveillante madame Zeyad l'accusa avec de faux éléments. Son père, Kaïs, la condamna à deux longues années d'emprisonnement, la fouettant sans relâche jour et nuit.
La malheureuse princesse fut finalement libérée de sa cellule à vingt ans, mais son père la confina dans sa suite, coupée du monde, à l'exception d'une servante qu'il avait désignée pour veiller sur elle.
Profondément croyante, elle priait de tout son cœur pour que celui qui lui avait fait porter le poids de ses souffrances vive dans l'embarras et la honte. Une prière qu'elle pensait vaine, ignorant que son Créateur exauçait les supplications de ceux qui avaient été injustement opprimés.
La servante qui l'accompagne lui pince doucement le bras, la ramenant à la réalité. Le roi, toujours carré sur son trône, fixe sa dernière fille avec une colère palpable, sa voix résonnant comme un tonnerre :
- Sache que tu as trois jours pour te préparer à quitter le palais de shawkatu alfawläthi¹ à Ruwz pour rejoindre l'émir et prince, Iyad Jawahir. Comme à l'accoutumée, tu as l'interdiction de quitter ta chambre. Maintenant, tu peux disposer, ordonne le roi d'un geste méprisant envers Néfertari.
La princesse s'incline respectueusement devant son père avant de retourner dans sa chambre, escortée par cette traîtresse qui prétend être sa servante.
Néfertari était consciente qu'elle serait, tôt ou tard, sacrifiée comme elle l'avait toujours été.
La septième princesse est désormais une âme brisée, aspirant ardemment à une seule chose : la sérénité.
Note :
¹Lépine d'acier
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La Favorite De L'Émir [𝐀𝐫𝐚𝐛 𝐊𝐢𝐧𝐠𝐬 ᵗᵒᵐᵉ ³]
RomanceLa septième princesse de Ruwz est livrée en butin de guerre à l'Émir de Jawdat, Iyad Jawahir. Après cette défaite cuissante contre le royaume de Jawdat, le roi de Ruwz voulait solidifier leur relation ainsi que leur pouvoir en lui offrant la princes...