Chapitre 3 ⬩ Le Grand Vent

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Cette simple décision lia fermement mon destin à d'autres destinées. D'autres destinées dictées par certaines âmes dont je ne soupçonnais même pas l'existence. L'une d'entre elles venait de prendre une toute autre dimension. Celle-ci, similaire à la mienne, a aussi fini par être brisée afin d'en garder des similitudes. En somme, deux histoires qui, liées par le destin, finissent par s'entrechoquer, et créent des marques impossibles à effacer.

Au cœur d'un blizzard sans pareil dans un désert immaculé, une silhouette encapuchonnée se traînait. Une épée à la main gauche, elle paraissait tout de même méfiante. Elle était sans doute dénuée de raison ; qui aurait osé sortir par une telle tempête dans ces terres mortes et vides ? Les traits de son visage parlaient d'eux même : il s'agissait d'un homme d'une trentaine d'années.

Il se retournait périodiquement comme s'il pensait être suivi. Sa main droite tenait très fermement un sac auquel il semblait beaucoup tenir. Lorsqu'il tenta de regarder le soleil pour savoir quelle heure il était, sa capuche tomba et laissa son visage paraître face au ciel. Ses cheveux noirs ne devinrent rapidement uniquement que blancs, du fait de la neige qui s'accumulait sur sa tête et sa cape blanche. Il était tôt. Personne n'ayant le courage d'affronter ce vent et encore moins par cette heure, il ne vit aucune âme depuis le début de son voyage.

Après un long moment, des murailles commençaient à apparaître devant lui. Elles étaient très hautes et ensevelies sous la neige. Il s'approcha rapidement, cette fois-ci sans se méfier, vers une grande porte au milieu de ces murailles. Habituellement, il entendait les soldats postés au-dessus souffler à sa simple vue.

Cette fois, seul le vent soufflait.

Il regarda avec désarroi ce mur. Puis en reprenant ses esprits, il prit une des nombreuses pierres qu'il gardait précieusement dans son sac et s'en servit pour ouvrir la porte grâce à un mécanisme. Elle s'ouvrit dans un grand fracas masqué par le vent. De l'autre côté de la porte, une ville avait été édifiée. Cryolith. À l'intérieur de ces murs, le vent semblait s'apaiser. De l'entrée sud où il se tenait, il devait normalement entrevoir le château situé en hauteur dans les quartiers nord. Mais cette fois-ci, le blizzard était tel que ce n'était pas le cas.

Il s'enfonça dans la ville jusqu'à tomber sur la Grande Fontaine Glacée. Cette place qui d'habitude était animée ne l'était plus. Plus personne n'était. Les pavés étaient ensevelis sous la neige. Il se méfiait de chaque recoin de la ville, car jamais elle n'avait été aussi déserte.

De la Grande Fontaine Glacée, il continua son chemin vers le nord afin d'arriver au château. Il arriva dans un des quartiers les plus au nord de la ville, l'un des plus proches du château. Il remarqua des empreintes sur la neige qu'il décida de suivre en marchant avec difficulté, la neige s'étant accumulée dans les quartiers proches du palais.

Il marcha lentement vers le château et arriva enfin vers la porte menant vers les quartiers supérieurs situés aux bords de celui-ci. Il l'ouvrit de nouveau avec une de ces pierres étranges qu'il gardait dans son sac, puis avança. A sa droite, un soldat était assis contre un mur en pierre. Celui-ci remarqua très vite sa présence et lui lança un regard noir.

- Je ne vous laisserai pas vous approcher de la reine !

Il se leva épée en main, déterminé à défendre cet endroit ne serait-ce qu'un jour de plus. Il s'avança, mais dans un élan de conscience s'arrêta et comprit.

- Ah, quelle importance au final ? Tout le monde est déjà mort, la reine l'est aussi à l'heure qu'il est. Je suis le dernier, alors un mort de plus ne changera rien...

L'homme était ahuri à la vue de quelqu'un en vie. Même voir un cadavre l'aurait surpris, puisqu'à ce moment-là, il ne s'attendait plus à rien. Mais à vrai dire, s'il avait bien espéré une chose, c'était de pouvoir savoir ce qu'il adviendrait de son sort.

Chère YariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant