II ⬩ La maison

23 2 0
                                    


Je faillis tomber à sa simple vue ; la pression de la nuit avait instantanément disparu, j'étais donc à bout de forces. Je finis par y arriver. Je rentrais enfin, en passant par la porte d'entrée grande ouverte. Je m'appuyais contre le mur tout en avançant dans un couloir. Mes pas lourds retentissaient dans la maison. Shiori, ma petite sœur, les entendit et accourut me voir. Lors de mon départ, elle dormait encore, donc elle ne m'avait pas vu depuis un peu moins d'un jour. Elle était de ce fait très contente de me revoir. Étant la plus jeune d'entre nous, elle restait la plupart du temps à la maison avec maman. À neuf ans, elle ne devait se soucier de rien.

- On t'attend depuis longtemps avec maman. Je suis contente que tu sois enfin revenu !

- Tu... tu m'as manqué.

J'en avais les larmes aux yeux.

- Il s'est passé beaucoup de trucs pendant que t'étais pas là.

Je ne l'avais pas écoutée. Je cherchais du regard un endroit où m'asseoir. Je me suis ensuite dirigé vers la cuisine qui n'était qu'à quelques mètres. Je commençais tout juste à reprendre mes esprits, lorsqu'une nouvelle voix se fit entendre.

- C'est toi... Aurèle ?

Dans ces mots, je ne discernais ni colère ni joie. Simplement de l'apaisement. Cette voix, ma mère, était terrifiée à l'idée que la nuit lui parvienne ici avant moi ; peut-être même plus que moi-même. Je me sentais heureux de ne plus être dans cette forêt, mais aussi de ne plus avoir à les faire attendre.

- Dis, tu m'entends ?

Shiori me regardait étrangement alors qu'elle me posait cette question.

- Laisse-le tranquille pour l'instant. Il doit sûrement être fatigué...

Maman avait raison. La faim me tiraillait, je n'avais pas mangé depuis ce qui me semblait être une éternité. Je me suis donc assis, et ai commencé à attendre plusieurs longues minutes. Je fixais la fenêtre, sans aucune pensée. Les bois s'assombrissaient. Le crépuscule venait de tomber. Il me rassurait et m'effrayait. Ce mélange entre des couleurs vives, chaudes, et rassurantes, qui commençaient à disparaître pour laisser place à la noirceur de la nuit, se répétant inlassablement chaque jour de l'année me fascinait.

- Pourquoi... Pourquoi t'as mis si longtemps à rentrer ?!

Après avoir dit cela, maman me regarda, confuse par mon état. Je ne répondais plus à rien.


- Oh, euh.. Tu disais quoi ? J'étais encore perdu dans mes pensées. Cela doit sûrement être le coup de la fatigue.

- Laisse tomber... Je comprends. Il m'arrivait parfois de me perdre dans mes pensées aussi à une époque. Si je me rappelle bien, cela arrivait même à ton père mais ce n'était qu'une phase passagère.

Je commençais à manger en même temps que Shiori. J'avais toujours aimé le poisson. Alors il ne me fallut que quelques minutes pour finir mon assiette. Alors que je me levais, quelqu'un entra dans la pièce.

- Oh, t'es rentré ! Ça fait plaisir de te revoir, dit-il. T'es rentré tard cette fois...

Je revoyais enfin Armand. Je n'aimais pas vraiment son caractère, mais il était mon frère. Il m'avait donc beaucoup manqué.

- Armand ? Tu es rentré aussi ?

- Oui, depuis longtemps. J'étais juste tellement fatigué par toute la route que j'ai dû faire que je suis allé me reposer un peu. Papa n'est même pas encore rentré alors qu'il a fini de travailler depuis des heures... Il serait grand temps qu'on vive en ville.

Chère YariaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant