11 - les soupirs dans le grenier

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Les vents sinistres hurlaient à travers les planches pourries du grenier, créant une symphonie macabre de gémissements et de soupirs. Les voix semblaient tourbillonner autour de moi, flottant dans l'air comme des prières désespérées, émanant d'âmes oubliées, perdues depuis longtemps. Ce grenier, autrefois si familier, me paraissait soudainement étranger, vivant. Je l'avais toujours trouvé étrange, mais ce soir-là, quelque chose avait changé. Une sensation oppressante me tordait l'estomac, une peur insidieuse qui ne cessait de grandir.

Je montais les escaliers grinçants, chaque marche semblant annoncer ma présence aux ombres. La poussière suspendue dans l'air me piquait les yeux, flottant comme des particules fantomatiques, tandis que les rayons lunaires, traversant les petites fenêtres crasseuses, n'offraient qu'une lumière pâle et tremblotante, insuffisante pour dissiper les ténèbres qui envahissaient l'espace. Le grenier, toujours si vaste, paraissait encore plus grand, englouti par cette obscurité qui semblait vibrer, prête à engloutir quiconque oserait s'y aventurer.

Alors que je m'approchais de la porte du grenier, un frisson glacé me parcourut l'échine. Une sensation de mauvais présage s'installa en moi, une intuition que quelque chose d'horrible m'attendait derrière cette porte. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, chaque pulsation résonnant dans mes tempes, mais une force invisible, inexplicable, me poussait à avancer. C'était comme un appel irrésistible, une voix sourde qui me séduisait autant qu'elle me terrifiait.

Mes doigts tremblants agrippèrent la poignée glaciale. Elle semblait émaner une froideur qui n'était pas seulement celle du métal, mais quelque chose de plus profond, de plus ancien. Je tournai lentement la poignée, le grincement du métal me glaçant le sang. La porte s'ouvrit dans un léger gémissement, comme un soupir échappé des ténèbres elles-mêmes.

Une faible lueur de bougie dansait dans l'obscurité, projetant des ombres tordues sur les murs. Ces ombres semblaient vivantes, se mouvant d'une manière qui défiait toute logique. Là, dans un coin sombre, je les vis. Les poupées.

Alignées les unes à côté des autres, des dizaines de poupées de porcelaine, leurs yeux de verre fixant le néant, immobiles mais terrifiantes. Le silence qui régnait dans la pièce était presque surnaturel, un silence si profond qu'il semblait figer le temps lui-même. Chaque respiration que je prenais me semblait intrusive, chaque battement de cœur se répercutait dans ce vide oppressant.

Je m'approchai, lentement, fasciné malgré moi. Je ne pouvais détourner les yeux de ces regards glacés, ces yeux de verre qui semblaient tout voir, tout comprendre, mais qui ne révélaient rien. Leur immobilité me terrifiait autant qu'elle m'intriguait. Ces poupées n'étaient pas de simples objets. Elles attendaient quelque chose, une permission, un signal. Leurs visages figés dans une neutralité trompeuse me laissaient entrevoir une malice sous-jacente, une malveillance à peine contenue.

Soudain, une voix douce brisa le silence. Elle était mélodieuse, mais chaque note portait en elle une menace à peine voilée.

« Nous t'attendions... » murmura la voix. Il y avait quelque chose de familier, de sinistre dans ce ton.

Je reculai d'un pas, mon corps pris d'un sursaut de panique. Mon cœur battait à une vitesse folle, et ma gorge se serra sous l'effet de la peur.

« Qui êtes-vous ? » demandai-je, ma voix à peine plus qu'un souffle tremblant, mes yeux cherchant désespérément une explication, un signe qui aurait pu rendre ce cauchemar plus tangible, plus compréhensible.

Une autre voix, plus faible, plus éthérée, lui répondit, glissant dans l'air comme un murmure provenant d'un monde lointain, mais oppressant.

« Nous sommes les âmes perdues... piégées dans ces corps de porcelaine. »

La maison des poupées [recueil de nouvelles]Where stories live. Discover now