Chapitre 7

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Un trou noir. Un véritable trou noir dans sa tête. Et rien n'en sort, ni même un son, un bruit, une voix, un espoir, juste un immense gouffre où il ne peut plonger. Pourtant, il aimerait y plonger, dans ce gouffre. Tous ces souvenirs sont trop flous pour avoir une utilité à l'homme en blanc, ce qu'il veut, c'est le détail, la moindre chose qui pourrait lui permettre de trouver la clef d'une cité prospère.

Laskar se masse les tempes, effectue quelques respirations, tente de calmer la pression sur ses épaules. Mais la pression vibre, sans arrêt, remuant le sang dans ses veines. Lorsque les visions apparaissent, ce n'est pas du regard de la petite fille, mais du regard d'un petit être sur le côté. Et ce petit être devenu grand ne lui donne pas suffisamment d'informations.

Le paysage tremble, la télé grésille, ce ne sont que des faits, Laskar le sait et il pourrait voir plus de choses, si seulement... Nouvelle respiration. Une autre. Ses poumons la recrachent aussitôt.

- Elle s'appelle Na ! Elle s'appelle Na !

Avec rapidité, Laskar se jette contre la porte glacée, la tambourine de toutes ses forces, bouillonnant d'espoir.

- Elle s'appelle Na !

- Qu'est ce que tu vois d'autre !

La voix rêche de l'homme en blanc ne le surprend plus, comme s'il avait toujours été là, et ne le quitte jamais. Le regard flamboyant de cet être l'observe comme une pierreries offrant la vie éternelle. Une pierreries capricieuse.

- Elle... Elle vit dans une grande ville ! Là, elle est jeune, un jeune humain, très jeune, elle a peur, elle a froid, elle a faim ! Elle a les cheveux noirs, le visage rond, deux grands yeux profonds...

- On s'en tape, Laskar ! Que se passe-t-il !

- Il y a un corps dans la pièce ! Derrière les chaises, on lui a tiré dessus. La télé est allumée, des gens défilent, il y a des discours...

- Oui ! Oui ! Continue !

- Je change de lieu, c'est un laboratoire, un peu comme ici, je suis derrière du verre, il y a pleins d'autres comme moi autour. Le verre explose. Na a tué un militaire ! Elle pleure. Il y a une musique en fond, des discours, des gens qui parlent, ils parlent d'un Nouveau Régime, de langue coupée, de Shanzan, je ne sais pas quoi, ils parlent de prospérité, de guerre juste, ils sont convaincus. Une dame âgée se fait tuer, j'attaque un militaire, je lui broie l'œil. Na pleure, me donne un prénom, sur un paquet de nourriture. Et ! Et ! On s'enfuit, dans une ruelle, avec plein de sacs, une dame nous récupère. Na est endormie et la dame la soigne. Na se réveille, elle doit choisir un métier, je dois l'aider à tuer des gens. Je suis dans le ciel ! Na est grande, elle écoute la radio, elle est terrifiée, elle me fait signe qu'on doit partir ! Fuir le pays avant qu'il ne soit trop tard. Une purge, une guerre juste, un moyen que tous vivent mieux, c'est ce qu'ils disent. Attaquer les autres peuples, diviser, unir, détruire et remettre en ordre.

- Laskar... Tu es parfait, ne lâche pas, on doit en savoir plus.

- Elle va mourir à 19ans. Dans la dernière vision, elle en a 16.

Un profond silence sied le laboratoire entier, cisaille le blanc blafard des murs.

- Avise-toi de récolter le plus d'informations possible. Je n'en ai pas assez pour savoir où est la faille.

- Êtes-vous sûr que ce soit une bonne idée ?

- Laskar, Laskar... Ne remets pas en cause le seul ici qui possède le savoir, toi, ne remets pas en cause l'Homo Sapiens Sapiens lui-même. Tous les peuples, j'ai déjà livré mes ouvrages, j'ai déjà commencé à leur dresser l'illusion d'un monde meilleur, simplement pour le réaliser par la suite. Mais j'ai besoin d'en savoir plus, sur les méthodes. Regarde, nous sommes le monde meilleur de l'Homme et c'est de notre devoir d'exaucer son souhait. Du moins, mon souhait. J'ai besoin de tes visions pour régler quelques anomalies...

T1 - Homo Sapiens Sapiens - Destruction et PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant