Un soir sans histoire

12 3 0
                                    

« Hommage à comment j'ai connu les mots », à cette prose, cela aurait pu être un titre autrement beau. « Fourbu, farfelu, velu ». Tant de qualificatifs dans les livres d'enfants pour décrire les méchants. Sans même savoir les lettres, ce qui semblait être des sons, prenait déjà une grande place dans mon être. Pour décrire les gentils des livres c'était : « vifs d'esprit ou réfléchit, brave, sage ». Ça finissait toujours par « mariage heureux, beaucoup d'enfants ils eurent. Pour toujours entre eux ça dur. »

C'est d'abord comme ça que j'ai découvert les mots. Avant même de savoir lire, écrire. Les mots étaient des sons, à la manière d'une musique, un écho en moi. Vite ! Sans frontière ce fut le toit de mes pensées. On ne se rend pas tous compte que cette façon de s'exprimer, c'est un privilège d'y accéder ; tout le monde n'est pas alphabète, lettré ou peut parler. Ce n'est qu'en apprenant que j'ai compris. C'est important. Alors ces sons ne sont plus seulement restés des sons, mais des lettres qui étaient des êtres : monsieur A puis B suivi de C jusqu'à ce que plus rien sur les vingt-six lettres ne précède Z.

Vint l'étape de savoir écrire, c'était une méthode pour dire sans que de la bouche un son puisse sortir. Ce fut une révolution pour le monde dont j'avais la perception. Grâce à ça, j'ai voulu, mon vocabulaire, l'enrichir. Des nouveaux noms, nouvelles expressions j'ai trouvé. Grâce à ça, encore j'évolue.

Les méchants pouvaient être vils et veulent mais attachants et marrants également. Les gentils : charmants, malgré leur gentillesse, il y avait des faiblesses. Les notions sont mélangées pour créer des points de vue nuancées. Fin du prince et princesse qui en pincent. Il y a aussi prince et prince et / ou princesse, princesse assortis. Les mots : pour la culture un outil. Outil qui a permis que mon monde et les pensées qui en sont peuplés, en soient élargi.

Alors hommage, Maman, à tous ces soirs où enfants, tu nous lisais des histoires. Très peu j'ai le souvenir de ce qu'elles racontaient, c'est vrai ! mais elles nous emmenaient, nous transportaient. Là-dessus, de fatigue, je m'endormais.

Tu as fait naître en moi l'envie d'être par les lettres, Maman. Je veux construire des histoires comme je les entends. Sans rien médire, je veux amener mes pensées. Je ne veux pas voir évoluer le monde. Je veux y participer et le partager. En croyant à la force des mots, ils ne sont que plus beaux.

Vous pouvez être sûrs maintenant, en partie grâce à Maman, pas un soir ne passe sans que ne viennent des histoires dans ma tête en fête.

30.07.2023

Le destin du libre arbitre ~ Recueil de poèmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant