Partie 1: Anh Jenny Clouds

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« Reviens Anh.»

La voix de mon père résonne dans cette chambre d'hôpital blanche, trop blanche. Je sens un poids dans mon ventre, comme à chaque fois que je lui parle. Je me retourne et le regarde complètement perdue.

Jones Harry Clouds, mon père. Un homme froid et imposant. Il est droit dans son lit d'hôpital, montrant sa carrure imposante, ses yeux gris perçants me montrant avec un air sévère que je ne peux plus reculer. Même sa coiffure est stricte. Des cheveux poivrés, tirés en arrière comme pour accentuer uniquement ses yeux. Il a toujours un air dur collé au visage, presque menaçant. Mon père est connu de tous, c'est pourquoi même à l'hôpital il a droit à un traitement de faveur.

Pathétique, n'est-ce-pas?

Je connais peu de patients qui ont le droit à un mini bar au pied du lit bien qu'ils soient alités.
Jones Harry Clouds. Le fondateur d'une grande entreprise de pétrole qui exporte dans le monde entier. Il a gagné tellement d'argent que ça en devient indécent. Sa fortune et son entreprise sont pour lui plus importantes que sa propre fille.

A l'aube de mes vingts ans à un repas silencieux autour d'une grande table comme chaque soir, moi à un bout, lui à l'autre. Je n'osais pas parler, je devais attendre son autorisation pour prononcer un mot. C'est lui qui avait le pouvoir et il mettait dans ma poitrine une pression qui me donnait envie à chaque bouchée. Son regard rivé sur moi, donnant un air froid à la pièce entière. Il blesse ce regard, à tel point que je m'interdisais de parler, de partager mes envies, mes rêves pour ne pas être brisée. J'ai toujours dû me faire discrète pour affronter son malheur. Mais il voulait que j'arrête mes études pour me consacrer à son entreprise, or il en était or de question. Pour la première fois de ma vie je ne l'ai pas laissé me soumettre à ce qu'il voulait. Mais j'ai vite regretté mes mots. Je ne voulais pas le décevoir, j'ai donc retenu mes mots et ravalé mon audace. Il avait surement raison, ce n'était que de l'égo? Or je n'ai pas  quitté mon emploi. Pour une fois j'avais pensé à moi. Pour un instant. Depuis ma naissance ma vie était tracée. La vie comme il à tenté de me l'apprendre peut uniquement être confortable entourée d'argent et elle bannit les rêves d'enfants.

Les yeux de mon père avait la capacité d'enlever les rêves de quiconque en une fraction de seconde. Tout finissait par disparaître. Mais j'ai tout de même gardé une petite flamme au creux de mon cœur.

Et c'est ce regard qui était posé sur moi, celui qui retire tout objectif et bloque les mots dans ma gorge:

« Tu sais que je suis mourant et que je n'ai plus beaucoup de temps. Alors tu vas reprendre l'entreprise. Cette fois, tu n'as pas le choix, c'est mon honneur et mon nom qui sont en jeu. Tout le monde s'attend à ce que tu continues mon travail.

- Mais... Et ma vie dans tout ça?

- Grand Dieu mais pourquoi n'ai-je pas donné naissance à un fils? Tu n'as pas changé. Tu cherches seulement à détruire ce travail pour lequel j'ai travaillé toute ma vie? C'est ça?

- Père ce n'est pas-

- Tu oses me couper petite insolente ?»

- Je serre les dents. Pourquoi c'est toujours lui qui gagne? Je suis adulte, j'ai tout de même le droit à ma part de liberté, non?

Pourquoi face à lui ma gorge s'est toujours noué, laissant un poids aussi lourd que du béton dans mon ventre.

Un médecin entre, annonçant la fin des visites. Je pars sans un au revoir sentant son regard sur moi. Je peux entendre mon géniteur crier depuis ce couloir, toujours blanc. Trop de blanc.
Je sors de ce bâtiment lugubre, j'ai horreur des hôpitaux. L'air frais londonien vient fouetter mon visage. Le ciel est bleu, parsemé de nuages, magnifique. Je vais enfin pouvoir reprendre le cours de ma vie, sans parler d'héritage, d'argent, de pétrole, de descendance, rien. Une vie normale et simple. Comme j'en rêve. Loin de toute richesse absurde.

Chaque sourire est un adieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant