Chapitre 10

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Anh

Un vent frais me fouette le visage. Je me dirige vers la station de métro pour aller travailler. Il y a du monde comme d'habitude. Je suis la foule jusqu'à mon arrêt de métro. Je souris pour moi même en repensant à tout ce qui m'est arrivé depuis que trois petits anges sont entrés dans ma vie. Dire qu'il y a à peine une semaine, à cette heure-ci je me réveillais chez Benedict qui m'avait préparé un magnifique petit déjeuner.

Depuis cet incident, nous nous sommes tous beaucoup rapprochés, Benedict est souvent avec moi, nous discutons beaucoup que ce soit par message ou lorsque nous nous voyons pour nous promener, nous raconter nos journées.

Je me suis surtout rapproché d'Ewan depuis ce jour. Il m'appelle souvent, j'aime beaucoup discuter avec lui. Nous pouvons parler de tout et de rien, parler de nos rêves, du passé. Il m'appelle chaque soir pour me montrer comment il s'habillera le lendemain matin, parfois je vois Maynard durant ces appels et nous discutons. C'est comme si j'avais deux grands frères qui voulaient veiller sur moi, me protéger.

Nous discutons aussi beaucoup plus sur le groupe, nous avons même ajouté Maynard. Benedict à découvert qu'il pouvait nous appeler en vidéo, depuis, il s'amuse à nous appeler sans nous prévenir pour analyser ce que nous faisons.

Mon métro arrive, je m'apprête à monter mais mon téléphone sonne. Peut-être que c'est Ewan? Je m'empresse de répondre, tout en montant, sans avoir le temps de regarder qui m'appelle, me frayant un passage parmi la foule de ce wagon.

« Oui?

- Mademoiselle Anh Clouds?

- Oh? Oui? Qui est à l'appareil?

- Je suis le médecin Marc Dewis de l'hôpital de St Thomas, je suis en charge de votre père.

- Y a-t-il un problème? Je dois venir aujourd'hui? Cela risque d'être compliqué, j'ai une longue journée de travail et je ne pourrais pas...

- Mademoiselle, me coupa-t-il et annonça d'une voix plus grave. Votre père est décédé dans la matinée.

- Pardon?»

Il continue de parler et de parler encore, j'entends ce qu'il dit mais ne comprends pas, comme si ce n'était qu'un son dans ce brouhaha. Je sens une larme couler sur ma joue et demande:

« Il est vraiment mort?»

Je sens quelques regards se tourner vers moi mais n'y prête même pas attention. Il ne peut pas être mort. Il ne s'est jamais excusé, il ne m'a jamais dit qu'il m'aimait, il n'a jamais vu comme je suis une bonne professeure, il ne me verra pas me marier. Je n'ai pas encore pu le convaincre de faire ce que je veux. Je ne lui ai jamais dit je t'aime non plus.

« Oui mademoiselle, toutes mes condoléances.

- Il a souffert, demandais-je avec la voix qui commence à craquer, essayant de ne pas fondre en larmes.

- Non mademoiselle, ne vous inquiétez pas. Il est mort paisiblement.

- Je viendrais dans la journée.

- A bientôt dans ce cas.»

Je raccroche. Il est mort. Il est mort et il n'a jamais vraiment été un père pour moi. Il est mort. Il est mort. Il savait qu'il allait mourir et il n'a pas eu ne serait-ce qu'un peu de courage, durant toute sa vie, de me dire qu'il m'aimait. Qu'il était fier de moi. Jamais. Je commence à fondre en larmes. Je ne suis pas triste. Je ne suis pas triste. Il n'a jamais agi comme un père. Alors si je ne suis pas triste, pourquoi je pleure comme une enfant? Il n'aura jamais eu sa chance de me consoler. De me prendre dans ses bras. Et il ne l'aura plus jamais.

Chaque sourire est un adieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant