"Looser" [Satoru Gojo x OC]

26. Fin

???, âme de Satoru

le noir

le vide

l'obscurité

les ténèbres

Satoru comprenait pourquoi l'autre appelait ça 闇

Il arrivait de nouveau à formuler des pensées cohérentes, mais aucune ne concernait la situation actuelle

c'était plutôt des questions philosophiques

d'ailleurs, il avait enfin trouvé la réponse à sa question

maintenant que c'était fait, la réponse lui semblait plus qu'évidente...

il était Satoru Gojo à cause de tout ce qu'il avait vécu

les souffrances

les peines

les louanges exagérées

les regards de jalousie

les sourires hypocrites

la haine de son père adoptif de ne pas avoir hérité de ses pouvoirs

si il cessait d'être le plus fort, ça ne changerait rien à cela

il deviendrait peut-être différent, mais il resterait lui

enfin, lui + l'autre

Satoru Gojo, ce n'était pas lui, c'était le résultat de la fusion de lui et de l'autre

par conséquent était-il une personne ?

cette question là le fit frémir de la tête au pied

Au même moment, un voix lui parvint, lointaine et distante. Sans vraiment savoir pourquoi, il voulut s'en approcher, mais elle s'éloignait déjà. Il commençait soudain à retrouver sa volonté: il voulait vivre, il n'allait pas rester là sans rien faire. Au prix d'un effort mental surpuissant, il parvint à revenir à la surface le temps d'une microseconde, et cette microseconde lui suffit pour comprendre.

Ce sentant replonger, il murmura presque imperceptiblement, seulement à l'intention de l'autre:

loser

Puis, retombant dans les ténèbres et l'obscurité, il monopolisa toutes les forces qui lui restaient pour crier un mot, un seul:

- HARICOT !!!

Il y eut un éclair rouge.

Puis,

 ce fut le noir absolu et complet.

**********

8 septembre 2006, école d'exorcisme de Tokyo, infirmerie

- Vous êtes sûr qu'il est vivant ?

- Oh Mei Mei, arrête.

- Bah quoi, je suis sûre que je ne suis pas la seule qui me pose la question.

- C'est vrai qu'il n'a pas de pouls, mais je vous assure que c'est le cas.

- Tu es bien la seule à en être sûre, Naoki.

- Ils ont un pouls, les fléaux ?

- Mais, c'est plus un fléau, là...

Satoru émergea tout doucement du sommeil dans lequel il était plongé. La pièce était baignée de lumière, tous ses potes étaient là, à attendre qu'il se réveille. On aurait dit la fin d'un de ces films américains à deux balles. Une Happy End un peu trop heureuse à son goût. Il s'en voulait de ce qu'il s'était infligé à lui-même et qui lui paraissait maintenant horrible, mais bon, il n'allait pas se plaindre de s'en être sorti. Étrangement, le sentiment d'avoir oublié quelque chose de très important le saisit, mais il l'ignora aussitôt.

Naoki.

Elle avait été assimilée à Tengen.

Pourquoi est-ce qu'elle était là, debout à discuter avec Shoko et Suguru ?

- J'ai crevé ?

Tout les regards se tournèrent vers lui. Un immense soulagement pouvait se lire dans chacun, peut-être un peu trop exagéré dans celui de Mei.

- Vous voyez que j'avais raison ! cria Naoki en se jetant sur lui pour l'enlacer de ses bras.

- Qu'est-ce que tu fais là ? l'interrogea-t-il.

La jeune fille essaya d'abord de prendre un air sombre, car il s'agissait d'une mauvais nouvelle, mais elle ne pouvait s'empêcher de la voir comme une bonne et sourit donc.

- Tengen a refusé l'assimilation.

**********

1 ans plus tard

Suguru n'allait pas bien ces temps-ci. Satoru, devenu un exorciste de classe S et maintenant officiellement considéré comme le plus fort, accomplissait ces missions seuls, et toute autre personne l'accompagnant n'était pas considérée autrement que comme un boulet. Le noir se retrouvait donc la plupart du temps seul en mission comme à l'école, car Shoko ne participait pas aux missions dangereuses et partait le plus souvent affronter des classes 2 avec Naoki, qui était devenue une exorciste et qui les aidait aussi de temps à autres quand ils avaient un problème avec une barrière.

De plus, cet été là, les fléaux étaient plus nombreux que d'habitude, et la routine l'épuisait plus qu'il n'aurait voulu l'avouer.

Mais, il y avait autre chose... Autre chose qui avait eu l'erreur d'exister, il y exactement un an et 7 jours de cela.

Cette autre chose s'appelait TaTsUmAkI.

C'est quand il arriva au lieu d'une énième mission, dans un village où des primates avaient enfermé deux jeunes filles dans une cage parce-qu'elles voyaient les fléaux, qu'il choisit enfin son camp.

Il allait tuer tous les non-exorcistes.

- Et ce serait bien fait, na ! termina Satoru d'un ton sarcastique.

Il soupira, assis sur les marches d'un grand escalier, la tête appuyée sur sa main.

Il était allé voir Suguru, pour essayer de comprendre, et voilà ce qu'il avait compris:

C'ÉTAIT PAS LOGIQUE !

Il soupira une nouvelle fois.

En partant, Suguru lui avait posé cette question qui avait tant fait réfléchir sa partie humaine et dont il s'était rendu compte avoir oublié la réponse.

Tu es Satoru Gojo parce-que tu es le plus fort, ou tu es le plus fort parce-que tu es Satoru Gojo ?

C'était peut-être l'inverse ? Il ne savait plus.

Ce dont il était sûr, c'est qu'il était Satoru Gojo, et que rien ne changerait jamais ça.

Mais ce dont il se souvenait le mieux, c'était de la manière dont cet échange, en pleine rue commerçante, s'était terminé:

- J'ai choisi ma voie, avait déclaré Suguru en se retournant dos à lui. Et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour atteindre mon but.

Satoru avait senti qu'il devait le tuer... Avant qu'il sombre totalement dans la folie, tant qu'il en était encore temps... Il avait mis ses mains en position pour tirer violet. Malgré la foule, malgré les passants. Pour lui, il n'y avait plus qu'eux-deux.

- Tues moi, si tu veux, avait dit son ami. Ça aurait un sens.

Satoru n'avait pas eu la force de le faire. Ses bras étaient redescendus d'eux-même le long de son corps, et, tandis que Suguru avait commencé à s'éloigner dans la foule, il avait lancé dans un dernier espoir de retour en arrière:

- Tu m'aurais tué, il y a un an ?

Et c'était là que, pour la première fois de sa vie, il avait vu son meilleur ami pleurer. En effet, celui-ci s'était arrêté, retourné, et avait dit, d'une voix emplie de tristesse:

- Satoru, ça n'aurait servit à rien que je te sauve la vie si s'était pour te tuer après.