Chapitre 5

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- I wish you cared a little more
I wish you'd told me this before
My love, my love, my love, my love
Won't you stay a while? -

- Lily -

Lundi 13 mars 2023 (Londres, Angleterre)

Faire les courses. Voilà une corvée dont je me passerais bien. Cela dit si je compte sur Max pour le faire, nous allons mourir soit de faim parce que Monsieur aura la flemme d'y aller, soit d'une overdose de sucre car il reviendrait avec l'entièreté du rayon friandises. Les légumes il ne s'occupe que de les manger, si je les ai préparés. En même temps vu le désastre lorsqu'il est aux fourneaux autant éviter que cela se produise trop souvent.

Et puis il m'héberge déjà bien gentiment chez lui, alors je ne vais pas non plus faire la difficile. Me rendre au supermarché reste une corvée moins difficile que de devoir supporter de vivre au même endroit que Lando. Loin de moi l'envie d'être le témoin de ses retours à trois heures du matin bourré, empestant le parfum de femme, des taches de rouges à lèvres sur le col de sa chemise et le plus souvent accompagné de Carlos. J'ai assez donné.

Ma psy pense qu'en partant j'ai choisi le déni, que je refuse de voir les problèmes qui ont créé ce fossé entre nous. C'est en partie vrai, mais c'est surtout un moyen de me protéger. Enfin au départ, c'était surtout un moyen de le faire réagir. J'espérais qu'il réalise ce qu'il était en train de faire à savoir finir de détruire notre mariage, j'espérais qu'il me retienne, j'espérais qu'on puisse avoir une chance de sauver notre histoire.

Et ce même si je lui en veux énormément.

Mais non. Il n'a rien fait de tout ce que j'espérais. Il a simplement accepté mon départ. Calme et froid, il est resté là à me regarder faire ma valise sans rien dire. Il a même proposé de m'appeler un taxi ce connard. Finalement le fait que je quitte la maison l'arrangeais bien : désormais il est libre de faire ce qu'il veut de ses soirées, de ramener qui il veut et de coucher avec dieu sait combien de pétasses dans notre lit.

Il a renoncé à nous ce jour là. Lorsque dans un silence de marbre j'ai tiré cette valise à travers les pièces. Lorsque une fois devant la porte j'ai plongé mon regard dans le sien en le suppliant intérieurement de me demander de rester et de me dire qu'on pourrait surmonter cette mauvaise passe. Lorsque le soir même des photos de lui en charmante compagnie sortaient sur les réseaux comme une ultime provocation, un message plus que clair : le voilà libre.

Ce goujat n'a même pas pris la peine de retirer son alliance avant d'aller m'humilier aux yeux du monde en s'affichant de la sorte avec toutes ses conquêtes d'un soir. Vraiment, je ne sais pas ce que j'espérais d'un type qui ne me respecte pas à ce point. Il est une personnalité publique pourtant, il me l'a assez répété lors de notre relation et nous avions dû nous y adapter, mais visiblement lorsqu'il s'agit d'aller tirer son coup sa réputation - et la mienne par ricochets - ne semble plus être au centre de ses préoccupations. La définition de penser avec sa queue j'imagine.

« Mademoiselle, vous régler par carte ou en espèces ? »

La voix sèche et exaspérée de l'hôtesse de caisse me ramène à la réalité et me fait supposer que ce n'est pas la première fois qu'elle me pose la question. Si j'ai su ranger mes courses - les jeter violemment dans les sacs serait plus exact - tout en laissant mes pensées divaguer inexorablement vers la même personne, visiblement j'ai légèrement déconnecté malgré tout.

Avec un regard d'excuses envers la quarantenaire qui me lance un regard sévère et peu aimable, je sors donc ma carte pour régler le montant tout en m'excusant à nouveau de mon inattention. Moi qui ai maudit pendant deux ans les clients mal polis du salon de café, hors de question de devenir l'un d'eux. Peu importe que j'ai eu une mauvaise journée ou qu'un abruti ait la possibilité de me mettre d'humeur massacrante tout en étant hors de ma vie, ce n'est pas une excuse.

A kiss of promises  { EN PAUSE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant