Prologue

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 Enfin libre !

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 Enfin libre !

Je lâchai les cordages et fendis la brume en direction des cales. Bien que sombres et humides, certaines portions étaient éclairées par des lampes à huile qui se balançaient au rythme des roulis de la mer.

Je saluai et contournai les marins que je croisais, concentrés sur leurs tâches, pour atteindre la coquerie située au bout du couloir. Cette pièce qui nous servait de cuisine et de réfectoire comportait quelques tables et bancs en bois, qui, pour certains, n'étaient pas loin de céder. En m'avançant, une odeur de viande m'assaillit : on mangerait bien ce soir ! Cela me mettait encore plus en appétit !

« Cart, interpellai-je, j'ai faim ! Tu as quelque chose pour moi ? »

Le coq releva des yeux amusés vers moi. Il s'agissait d'un homme âgé d'une quarantaine d'années auquel il manquait un pied et dont le visage était fendu par une large cicatrice. Il soupira :

« Ce n'est pas l'heure du repas. On va bientôt devoir amarrer pour nous ravitailler, alors nous faisons attention aux vivres...

— Oh, allez ! l'interrompis-je. Je suis sûre que tu peux me trouver une bricole. On a beaucoup travaillé, je suis fatiguée.

— Mora n'est pas là ?

— Elle est allée chercher un truc dans la cabine de papa, je crois. »

À vrai dire, je ne l'avais pas vraiment écoutée, la faim me tenaillait le ventre depuis désormais une heure. Nous étions restées tout l'après-midi sous un soleil de plomb, à réaliser des nœuds plus compliqués les uns que les autres. Heureusement, sur la fin, les nuages avaient rendu le travail moins pénible.

Je repartis à l'assaut en plaquant mes avant-bras sur la table couverte de légumes coupés grossièrement :

« Allez ! On a beaucoup travaillé, toutes les deux ! Ça nous ferait vraiment du bien, un biscuit.

— Que vous partagere...

— Chacune, coupai-je. »

Je le défiai du regard.

« Un biscuit de plus ou de moins, ça ne changera rien, non ? »

Il leva les yeux au ciel en continuant de remuer le bouillon dans son immense marmite en fonte :

« Neven, on t'a déjà dit qu'il ne fallait pas insister ?

— Insister ? Non, je suis juste déterminée ! Papa me dit que c'est une très bonne qualité pour être capitaine ! Et même le Souverain des Pirates ! »

Le coq éclata de rire :

« Il faut savoir, petite. Je croyais que devenir capitaine ne t'intéressait pas... »

Je concédai :

« Je m'emballe un peu, oui. Rester sous les ordres de mon père me va bien, j'apprends beaucoup auprès de lui. Il a l'air déterminé à obtenir le titre, donc je suppose qu'il restera capitaine encore un moment... mais imagine ! Mon père qui devient le Souverain des Pirates ! Il aura atteint son objectif, non ?

Neven l'Écarlate : Tome 1 - Bourrasque [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant