Chapitre 9 - Mon nange 2/2

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   Je continuai d'avancer malgré moi dans le couloir obscur, sans pour autant distinguer de forme. Je me rapprochai des voix :

« Le duc de Neremberg, hein ? Quelle ordure... »

J'avançai jusqu'à arriver au fond du couloir, face à une porte. Lorsqu'une flamme s'agita, je lus le mot « EMPLOYÉS » sur une pancarte. Je collai mon oreille contre le bois.

« On raconte qu'il payait des familles pour faire venir des jeunes filles et les déflorer... »

Je fronçai les sourcils : des personnes laissaient vraiment leur enfant subir ceci ? Plus peinée, je supposais que ces familles ne trouvaient pas d'autres moyens d'avoir des rentes, ou encore subissaient-elles une pression de la part de ce duc. Néanmoins, leur décision restait monstrueuse.

« Pas de femme ?

— Les rumeurs disent qu'il divorçait et se mariait sans cesse.

— Il ne voulait que consumer son désir... supposa la première.

— Tu veux savoir le pire ?

— Car il y a pire ?

— Un client en a parlé plus tôt dans la journée. Il le glorifiait.

— C'est effrayant que certains approuvent de tels actes... »

Elles commencèrent à échanger à propos de l'auberge. Qu'était devenu cet homme ? De quand dataient ces histoires ? Une simple légende ? Ou des faits avérés ? Drôle de personnage. Non, affreux personnage. Un frisson me parcourut en repensant à cette nuit. Et si c'était celui que j'avais tué, tout à l'heure ? Il n'avait pourtant pas l'allure d'un duc... mais les apparences pouvaient être trompeuses. En tout cas, les agissements ressemblaient.

Je pris le chemin inverse, toujours sur mes gardes, mais j'arrivai jusqu'à la chambre sans encombre. En ouvrant, je fus accueillie par la lumière tamisée de la lampe à huile posée sur la table, éclairant un Malaury qui faisait les cent pas.

« Ah, tu es là ! »

Il s'empressa de venir à ma rencontre.

« Je t'ai réveillé ? supposai-je.

— En sortant, je crois. »

Il m'attira contre lui :

« J'ai eu peur. Je me suis rendu compte que tu n'étais plus dans le lit, ni dans notre chambre... puis j'ai vu que tu avais pris les clés, alors je ne pouvais même pas sortir... Est-ce que tout va bien ? »

Je me montrai taquine :

« Quelle chochotte...

— Neven, après ce qui t'est arrivé... »

En me voyant tourner le regard ailleurs, il se reprit :

« Enfin, qu'est-ce que tu as fait ? Tu n'es pas restée longtemps dehors.

— Juste une balade dans le couloir. »

Quelques minutes plus tard, nous nous étions recouchés, et je m'étais à nouveau blottie dans ses bras.

« Tu n'arrivais pas à dormir ?

— Oui, avouai-je. »

Les muscles désormais détendus, je bâillais à répétition, sans pour autant parvenir à m'endormir.

« Ça te perturbe, pas vrai ?

— Plus que ce que j'imaginais. »

Il caressait mon dos avec régularité, et contre son torse chaud, je me sentais bercée. Pourtant, dès que je fermais l'œil, je repensais à cette nuit, et je fronçais les sourcils en me rappelant ces mains caresser ma peau.

Neven l'Écarlate : Tome 1 - Bourrasque [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant