Dans la vie d'Édouard

17_Edouard

Il faudrait que j'aille bosser mes cours également mais c'est la dernière chose que j'ai envie de faire. 

Ma tête est semblable à une tornade, toutes mes pensées tourbillonnent et se multiplient, je suis incapable de les calmer, Héloise, le repas de famille, Sarah qui veut reprendre contact...

On a beau penser qu'une fois qu'on a déménagé, nos parents n'auront plus d'influence sur nous, que nous nous sommes fait seul, mais c'est faux. 

Enfin en partie, ils nous ont peut être donner vie et nous ne serions pas là sans eux mais mes parents ne m'ont jamais aidé à me construire. 

Leur truc c'était plutôt de contrôler et de détruire quand ça ne les satisfaisaient pas, comme on couperait une branche d'arbre, pour qu'on file droit. 

Si ça convenait à mes autres frères et sœurs, ce n'était pas mon cas, ni celui d'Héloïse. 

Mais contrairement à moi elle a eu le courage de le montrer. 

J'ai juste appris à tout cacher, et tout taire sous un masque étincelant, personne n'a su voir à travers les fentes vides ce que mon regard ne pouvait cacher. 

Où ma sœur a appris à se rebeller et à faire entendre son opinion je n'ai su qu'apprendre le mensonge et le silence.

Et demain je redeviendrais l'enfant que j'étais, incapable d'affronter ses parents. 

Car je sais que j'aurai beau dire et penser tout ce que je veux aujourd'hui, je serai incapable de réaliser la moindre de ses pensées. 

A l'intérieur je suis toujours cet enfant, dissimulé dans ce corps d'adulte, terrifié à l'idée de décevoir sa famille, redoutant plus que tout que le peu de regards qu'ils me portent changent.

Je suis ridicule, je sais que je devrais m'en moquer de leur avis mais j'en suis incapable. 

J'ai beau rêver d'évasion et de voyage sans retour à l'autre bout du monde, cela n'arrivera jamais. 

Parce que je ne suis pas courageux. Je suis juste un putain de lâche. Et je me déteste pour ça.

Je soupire. Me voilà de nouveau coincé dans un tourbillon de pensées négatives.

C'est finalement un message de Sammy qui m'en fait sortir, pourtant il n'a pas écrit grand chose, un simple 'Coucou, je pensais probablement à toi, regarde le résultat...' accompagné d'une photo d'un dessin d'une foule où apparaît mon visage.

Je souris bêtement. 

Je suppose que c'est un projet qu'il doit faire pour la fac et il m'y a dessiné inconsciemment.

'Ce beau jeune homme à l'air de pas mal occuper tes pensées en effet ;)' répondis-je rapidement.

J'attends sa réponse mais c'est ma sonnerie qui se déclenche, il m'appelle.

"Tu vas trouver ça bête mais j'avais juste envie d'entendre ta voix. Dit-il une fois que j'ai décroché et collé le téléphone à mon oreille.

-Ce n'était pas moi le romantique entre nous ? Me moqué-je gentiment en m'allongeant dans le canapé.

-Si, comme quoi tu déteins sur moi... Je ne sais pas, je dessinais sans vraiment réfléchir et puis j'ai réalisé que c'était toi que j'avais dessiné. Et ça m'a fait sourire, je me suis dit que je devais te le dire.

-Si ça peut te permettre de te sentir moins seul j'ai souris aussi en voyant ta photo.

-Ce n'est pas étrange ?

-Quoi ? Non, pourquoi ça le serait ? Demandé-je surpris.

-Parce qu'on s'est rencontré il y a à peine dix jours...