Chapitre 12 : Fallait pas m'énerver

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 PDV de Soya :

" ON VA VOUS MONTREZ LA FORCE DE CEUX QUI SE REPOSENT SUR LES AUTRES !!! "

Mais peine perdue. On s'était encore retrouvés à terre. " Nahoya ne serait pas dans cette situation ", pensai-je, et cela eut l'effet de me décourager. Et Rindo me tordit la jambe avec une telle violence que je crus ne plus pouvoir marcher de ma vie. Je hurlai sous la morsure cuisante de la douleur qui me traversait le corps comme une décharge électrique, mais je pus tout de même entendre :

" C'est ce que j'voulais entendre !

- Ca fait du bien hein ! ", répliqua Ran à son frère.

Peut-être que ça lui faisait du bien à lui, mais pas à moi ! J'avais déjà un bras déboité, et maintenant je ne pouvais plus marcher !? " MERDE ! ", pensai-je.

" J'ai détruit son bras et sa jambe, il est fini là !

- Et le prochain ?, demanda Ran, un grand sourire aux lèvres. Il reste plus que toi, Hakkai...

- Tu veux qu'on t'humilies comment ? ", demanda Rindo, tout aussi hystérique que son frère.

Alors que lui aussi se faisait tordre les jambes, Ran vient l'attaquer avec sa barre de métal et le frappa plusieurs fois à la tête. " Putain !, pensai-je, si ça continu, Hakkai va se faire tuer ! ".

PDV de Nahoya :

Le long cri de douleur que j'entendais venait de l'endroit où j'avais aperçut Soya et Hakkai pour la dernière fois. J'avais bien dû assommer une quinzaine de colosses depuis tout à l'heure, et je pouvais à présent me diriger par-là tranquillement. Sauf que j'y allais au pas de course. La situation avait dégénérée, j'avais mal à des endroits de mon corps que mes adversaires n'avaient pas touché, mais ce n'est pas ma douleur, c'est celle de mon frère.

Le spectacle qui m'attendait était désastreux : au milieu d'une trentaine d'hommes parfaitement immobiles, presque au garde à vous, Hakkai était en train de se faire massacrer, allongé au sol, et mon frère jumeau était, comme je l'avais deviné, déjà réduit en miettes, à quelques pas, semblant ne plus pouvoir se lever. Lorsque je reconnu les assaillants, mon sang ne fis qu'un tour.

" Vous avez ENCORE osé martyriser mon frère !?, clamai-je, très énervé, face à Ran et Rindo. Et en plus, VOUS TABASSEZ D'AUTRES INNOCENTS !?

- Nahoya..., dit mon frère. Non... Tu vas te faire tuer !

- Vous allez l'payer !, hurlai-je, sans prêter attention à sa mise en garde.

Je m'élançais et réussi à faire en sorte que les deux frères lâchent Hakkai. Après avoir échangé quelques coups avec eux, beaucoup trop rapides pour moi, qui était pour l'heure contrôlé par ma fureur, je me retrouvai à mon tour bloqué par le corps de Rindo. C'est alors que Ran me dit :

" Tu vois, mon petit Smiley, vous n'arriverez jamais à nous battre !

- ARRETEZ !!! ", hurla mon frère.

Je fulminais devant son regard enjoué, jusqu'à ce qu'il me donne un coup à la tête avec sa barre de fer. La douleur éclata. Un nouveau coup. Ma vue se brouilla. Trois nouveau coups. Mes oreilles sifflèrent. Encore un coup, un autre, puis un autre encore. Et lorsqu'ils me relâchèrent, je m'effondrai, à demi conscient. Mon regard croisa celui de Soya. Il était tout bonnement terrifié, en colère, désespéré et affolé. Soudainement, une perle salée vint rouler sur sa joue.

" Oh non...", pensai-je.

PDV de Soya :

Ils ont tabassé mon frère devant moi. Ils l'ont fait. Et maintenant, Nahoya ne peut plus bouger. Il est à bout de force. Je le vois bien. Quand nos yeux se sont croisés, j'ai bien compris qu'il n'en pouvait plus. Mais de quoi ? Des nombreux coups qu'il a reçus, ou bien du fait que l'on se bat et que l'on échoue toujours en face des mêmes personnes, qui nous réduisent à l'état d'éclats, de brisures, de miettes.

Notre père nous a brisé dès notre plus jeune âge, par sa violence répétée ; on s'est réparé, mais des fissures sont restées. Les Haitani nous ont détruit une première fois, en foutant en l'air notre enfance ; on s'est reconstruit, mais les fissures étaient toujours plus grandes. Les Haitani nous ont détruit une deuxième fois, en nous attaquant ce fameux soir ; on s'est reconstruit une nouvelle fois, et ces fissures, ces faiblesses, on a fini par en faire notre force.

Pour moi, ces fissures ont pris la forme de cette cicatrice que je porte sur le bras gauche, depuis 7 ans, cette cicatrice qui forme le kanji d'une insulte, gravée à même la chair, comme le bétail que l'on marque. Ce fameux " démon ".

Mais maintenant qu'ils étaient encore de retour, maintenant qu'il étaient une nouvelle fois en train de nous réduire à l'ombre de nous-même, aurions-nous la force de se relever ? Difficile à déterminer.

Mais je sens une drôle de sensation sur ma peau. Je pleure. Tiens, je ne m'en étais même pas aperçu. Je ne ressentais que du désespoir et de la colère, sans parvenir à capter la sensation de ces perles d'eau sur mon visage, ni les sanglots qui m'étouffaient. Les souvenirs se mêlaient aux sentiments, le passé et le présent s'entrechoquaient dans mon esprit, je ne comprenais plus rien. Jusqu'à ce que...

La vengeance. Voilà ce que je dois faire. Me venger.

Mes sanglots, mes tremblements incontrôlés, tout ça s'arrêta brusquement. Ils allaient me le payer. Je me relevai tout doucement, et croisa le regard Nahoya. Il avait l'air résigné, comprenant sûrement que je ne pouvais plus lutter. Peut-être même qu'il était fier de moi.

" Vous êtes allez trop loin, dis-je, d'une voix froide, glacée, qui me mis moi-même mal à l'aise, car elle ne me ressemblait pas, désolé frangin, j'ai rompu ma promesse... ", continuai-je en me tournant vers lui.

Ran et Rindo aussi étaient perturbés ; ils ne m'avaient jamais vu dans cet état. Il faut dire que pour m'énerver à ce point, c'est tellement rare que ça ne s'est produit qu'une seule et unique fois.

" Nan mais qu'est-ce qu'il a ?, se demanda Ran.

- Je lui ai pourtant détruit la moitié des membres, comment il tient debout ?, déclara Rindo.

- Chelou...

- Force pas trop hein, oublie pas que t'as un bras et une jambe en miettes, repris Rindo à mon insu.

- Angry... C'est bon... Arrête..., souffla Hakkai, toujours étendu sur le sol.

- Non... Laisse !, le coupa Nahoya en essayant de se relever, mais il finit par retomber lourdement au sol, comme un fruit trop mûr que l'arbre abandonne. Vas-y Soya ! Défonce-les ! Je crois en toi ! "

Je retrouvais tout mon courage et ma volonté à l'écoute de ces quelques mots. " Oh que oui, je vais les défoncer ! ", pensai-je tout bas, presque comme si j'avais peur qu'ils ne captent mes pensées, comme dans mon cauchemar.

꧁REPOST꧂   双 Twin 悪 DevilsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant