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On arriva à la boutique juste à l'heure.

Alors que je descendais de voiture, mon portable vibra. Je le sortis de mon sac tout en me dirigeant vers la porte et inspectai l'écran. Un SMS de Julien, ex petit ami infidèle de son état. Je l'ouvris tout en sachant que je n'aurais pas dû, mais que voulez-vous, la curiosité se montra la plus forte.


Julien LP

Je peux te voir ? Faut qu'on parle.


Autre SMS.


Julien LP

Je t'en prie, bébé. J'ai fait une erreur.


Encore un autre.


Julien LP

Je t'aime trop, putain, parle-moi.


« Bébé » ? « Je t'aime trop » ? Quelle vaste blague. Une perte de temps monumentale, ce mec.

Je ne vis Louka qu'au dernier moment et lui rentrai dedans dans un hoquet surpris. Son bras enserra machinalement ma taille, je me retrouvai plaquée contre lui, le souffle coupé.

L'odeur fraiche de son après-rasage, l'effluve discrète de son eau de toilette, la sensation troublante de sa proximité soudaine, son bras fort autour de moi...

Et ses yeux, ses yeux dorés et vides qui semblaient me considérer mais ne me voyaient pas.

Mon cœur eut un raté.

─ Je... heu... je ne t'avais pas vu, bredouillai-je, perturbée.

Mais Louka ne me lâcha pas. En fait, il semblait concentré sur quelque chose. Baissant rapidement les yeux, je vis que sa main s'attardait sur l'ourlet de ma robe.

─ Mais qu'est-ce qu'il y a ? bégayai-je, le cœur battant parce que j'étais collée contre son torse viril.

─ J'aime bien la texture de ta robe, souffla Louka tout bas.

Moi aussi, ma foi, sinon je ne l'aurais pas achetée.

─ C'est de la soie, l'informai-je, de plus en plus troublée.

Il n'allait pas me lâcher ?

─ Ah ouais ? Intéressant. Elle est comment ?

Encore cette question ?

Avec sa voix rauque, elle prenait des détours plus troublants qu'il n'était besoin. Comme si j'étais au téléphone un soir avec mon petit copain et que, dans un élan un peu chaud, il me demandait de lui décrire ma tenue dans le détail.

A ceci près que je n'avais plus de copain et que ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti un tel chambardement à proximité d'un homme. Je devais me calmer.

─ Ben, c'est... c'est une robe blanche à bretelles, plutôt simple, mais elle fait beaucoup ressortir mon bronzage, lui expliquai-je.

Elle me donnait un air innocent qui était appréciable compte tenu du fait que je ne l'étais pas du tout. Ca arrangeait mes affaires qu'on veuille me donner le bon Dieu sans confession.

─ Je l'ai mise pour emmerder William, ajoutai-je pour me donner une contenance.

Mince alors, ce qu'il était beau, Louka.

─ William ? répéta-t-il, dubitatif.

Il m'avait lâchée, la vache, je respirais de nouveau. Il déverrouilla la porte du magasin et la maintint ouverte pour moi, attendant que je passe.

Tout le temps du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant