— Tu es sûr que tu ne veux pas que je t'accompagne ?
— Je suis un grand garçon, Soobin. Je peux y aller tout seul.
— Sûr sûr ?
— Oui, sûr. Tu ne vas tout de même pas m'accompagner à chaque fois que je vais aller bosser.À l'autre bout du fil, il put presque entendre Soobin sourire tendrement. C'était ridicule, pourtant. Sourire ne faisait aucun bruit. Mais rien que l'imaginer, ça lui fit un peu de bien. Ça détendit ses muscles tendus et dénoua un peu ses épaules qui commençaient à être douloureuses à force d'être crispées, et ellipsa quelques instants le stress qui ne le quittait pas depuis ce matin.
Aujourd'hui, Taehyun avait décidé de retourner au restaurant. Ça pouvait sembler rien, mais après deux semaines d'absence a à peine oser poser un pied en dehors de chez lui, c'était en réalité beaucoup. Il n'avait pas pu fermer l'œil de la nuit. La réaction de Madame Lee lui faisait toujours aussi peur. Soobin lui avait pourtant affirmé à de nombreuses reprises que la vieille femme ne lui tenait pas rigueur de ses absences, qu'elle lui souhaitait simplement de se remettre au plus vite, et qu'elle était là pour lui si besoin ; il avait du mal à y croire.
Ses peurs de gamins lui courraient après.
Une main occupée à tenir son téléphone contre son oreille et l'autre affairée à galérer à fermer la porte de son appartement à clé, il entendit son ami rajouter :
— Et, Tae. Si à un moment ça va pas, tu sais que tu peux m'appeler, hein ?
Entendre ce surnom dans la bouche de Soobin lui fit tout bizarre, une nouvelle fois. Il l'avait appelé comme ça pour la première fois il y avait quelques jours, mais il n'arrivait toujours pas à s'y faire. Ça le renvoyait à une amitié qu'il avait encore du mal à réaliser. La seule autre personne qui l'avait nommée avec ce diminutif affectueux, c'était Yeonjun, du temps à la fois si proche et si lointain où il était encore en prison.
— Je sais, souffla-t-il simplement en retirant enfin ses clés de la serrure. Ça va aller.
— J'en doute pas.D'autres voix lointaines retentirent derrière celle de Soobin, sans que Taehyun ne parvienne à discerner ce qu'elles disaient, puis son ami lui lança :
— Faut que je te laisse, les cours vont reprendre. On se voit ce soir ?
— Je risque de terminer tard.
— C'est pas un soucis. Je passerai te voir au restaurant, alors.Un de ses camarades sembla l'interpeller une nouvelle fois, puisqu'il raccrocha rapidement après un bref :
— J'y vais. À tout à l'heure !
Le bip sonore retentit dans le combiné, emportant avec lui la voix réconfortante de Soobin, et Taehyun se retrouva alors seul dans la cage d'escalier. Il prit une profonde inspiration.
Il rangea son téléphone dans sa poche, avant de s'engager dans vers la sortie, son cœur battant à la fois un peu trop vite dans sa poitrine pour que ce soit agréable, et gardant en même temps cette douce chaleur qui le prenait quand il discutait avec l'étudiant. Durant sa descente, il croisa sa voisine, qui lui adressa un petit sourire mi-poli mi-mal à l'aise. Il tenta de ne pas s'en formaliser.
Et, trop vite à son goût, il se retrouva à nouveau devant la petite devanture du restaurant, comme quelques jours plus tôt.
Il resta planté là un instant.
Rien qu'un instant, mais suffisant pour que la peur de se confronter à cette femme ne revienne s'insinuer vicieusement en lui.
Il inspira à nouveau.
« Elle n'est pas ta mère. », tenta-t-il de se répéter à lui-même. Il se refigurait chaque parole que Soobin lui avait lancé la dernière fois qu'ils avaient abordé le sujet, essayant de toutes ses forces de se les encrer soigneusement en lui. « Elle n'est pas ta mère. Elle ne lèvera pas la main sur toi. Elle regrette les mots durs qu'elle a pu te dire. »
VOUS LISEZ
Les jours perdus || Taebin
FanfictionÀ 15 ans, Kang Taehyun était admis dans un centre de redressement pour mineurs. À 18 ans, c'est la prison qui l'accueillait pour y purger une peine de 3 ans. Alors, lorsqu'à 22 ans il retrouve enfin sa liberté, plus rien ne l'attend en dehors des ba...