L'arroseur arrosé

285 13 17
                                    


Hermione n'eut pas le loisir de répliquer de quelque manière que ce soit et resta là, sur le banc, la robe dans les mains.

Elle n'avait plus le choix.

Il ne voulait pas être vu seul à cette soirée alors que les autres préfets en chef venaient avec leur homologue. Il devait encore moins vouloir être vu avec une fille mal fagoté à son bras et triste comme un jour de pluie. Pourtant, quelque chose remua au fond du cœur de la Gryffondor qui se sentit un peu supportée par le jeune homme. Elle crut voir dans cet acte de la gentillesse, mais préféra rester prudente.

Après la bataille, l'image de Drago Malfoy avait été écorchée. Mis à nu et insulté dans les journaux, renié par sa propre famille ou encore frappé en pleine rue, son image n'avait jamais été aussi lamentable. Pourtant, il gardait cette façade glaciale, voire imperturbable, comme si rien ne le touchait. C'était certainement la seule chose qu'il arrivait encore à contrôler dans une vie faite de chaos et qui lui offrait un peu de respect de la part des autres.

Lors de son arrestation et de sa détention, il avait collaboré et avait ainsi aidé à l'arrestation de nombreux mangemorts cachés de part et d'autre de l'Europe. On disait que ses confessions s'étaient déroulées sur huit jours et qu'il avait fini par être hospitalisé tant il avait été épuisé par tout cela. Il était devenu un témoin capital dans le démantèlement de nombreux groupes de mages noirs et malgré cela, on continuait de lui cracher au visage, ce qu'Hermione avait tendance à ne pas comprendre. Ses aveux et l'enquête, avaient permis de comprendre qu'il n'avait fait qu'écouter les ordres, ainsi, Kingsley avait autorisé qu'il revienne à Poudlard pour terminer ses études et le surveiller de près pour qu'il ne replonge pas.

Peut-être cherchait-il à présent à se racheter sans savoir comment s'y prendre ? Hermione l'ignorait.

Lentement, elle retira de nouveau la robe du paquet, la regarda une nouvelle fois avant de la poser contre elle et de se retourner vers un miroir.

Peut-être que ce n'était pas une si mauvaise idée. C'était juste le temps d'une soirée, quelques heures à jouer à la préfète au bras de quelqu'un que Ron haïssait plus que tout. Elle passa un long moment debout face au miroir, la robe contre elle, touchant son tissu délicat et soyeux, réfléchissant à ce qu'il convenait de faire.

— Tu devrais y aller.

Hermione se retourna.

— Ginny ?

— Cho m'a fait entrer. Je me doutais que tu étais là. Alors, ça vient de qui ?

Hermione tendit la lettre à la Gryffondor pour qu'elle la lise à son tour.

— C'est Malfoy et il m'a dit que je ne pouvais pas dire non.

— Avec une aussi belle robe, j'aurais pas dit non et t'as vu les chaussures ? De vraies merveilles et en plus c'est ta taille. Il est doué. Admit Ginny en bavant d'envie sur les chaussures.

— Mais c'est... enfin, c'est Malfoy.

— Qui tente de se racheter une conduite et qui ne pourrit plus la vie de grand monde depuis quelques mois, sauf des premières années, mais ça tout le monde le fait donc ça ne compte pas vraiment...

— Je sais. Simplement, j'ai pas vraiment l'habitude de le voir se montrer aussi...

Hermione hésita sur l'adjectif à employer car même elle ne comprenait pas le comportement du Serpentard. Le regard perdu dans le tissu, Ginny continua de parler.

— Tu as lu les transcriptions de son témoignage toi aussi. Se rappela difficilement Ginny. C'est un petit con, mais je pense qu'il essaie vraiment de se rattraper même s'il s'y prend comme un manche. Je n'ai jamais eu une bonne opinion de lui, mais pour le coup et vu ce qu'il a fait, je pense qu'on peut essayer de lui laisser une chance, même minuscule.

Un cœur brisé pour noël - DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant