𝐓𝐇𝐄 𝐐𝐔𝐄𝐄𝐍 𝐀𝐍𝐃 𝐓𝐇𝐄 𝐊𝐈𝐍𝐆 | ❝ˢʰⁱᵍᵘᵃⁿᵍ❞

𝟪.𝟣.

La tête entre ses bras et le corps à moitié avachi sur le comptoir de l'entrée, le plus grand observait son partenaire terminer lentement, si lentement, son bol de nouilles alors que le sien, vide depuis un moment, reposait sur la surface du meuble. Il avait beau s'être servi une portion importante, son estomac n'était pas complètement rassasié, ou peut-être étaient-ce seulement ses papilles qui en réclamaient plus. Quoi qu'il en soit, demeurer de marbre face au plat dont le contenu s'amenuisait à peine et semblait donner peu de plaisir à celui qui le dégustait, apparaissait comme une réelle épreuve à ses yeux.

N'en pouvant plus de rester immobile, sa main s'empara des deux baguettes entreposées sur les bords de son propre récipient, puis il les approcha de celui de son associé, espérant vainement se faire discret. Aussitôt, le blanchâtre repoussa ses baguettes des siennes tout en lui lançant un regard de désapprobation. Pas décidé à se laisser abattre si facilement, Cheng Xiaoshi effectua une deuxième tentative, obtint le même résultat, réessaya une nouvelle fois, et encore une autre tandis que son ami éloignait un peu plus le bol à chaque nouvel essai.

- T'as fini oui ? râla le plus jeune.

- Mais j'ai faim ! Laisse m'en un peu, quémanda-t-il.

- Non, c'est toi qui as commandé. Tu n'avais qu'à prendre quelque chose de plus, refusa-t-il, serrant presque son plat contre lui alors que son partenaire tentait une fois de plus de piquer dedans.

- Je pouvais pas prévoir que j'en voudrais encore ! se défendit-il.

- Tant pis pour toi.

N'étant pas d'avis à partager sa nourriture, Lu Guang tourna le dos à son petit-ami et en ingurgita une bouchée. Vexé qu'on l'ignore ainsi, le brun se leva immédiatement de son tabouret. Le visage penché par-dessus l'épaule du plus jeune et les doigts glissant sur sa taille à laquelle ils s'agrippèrent, il se tenait à présent derrière lui.

- S'il te plaaaît, Lu Guang ! T'as même pas un peu de pitié pour mon pauvre ventre qui crie famine ? exagéra-t-il, se plaignant à son oreille.

- Non, aucune, rétorqua-t-il, faisant abstraction du frémissement le traversant en le sentant si proche.

- Rien qu'une bouchée, pour te faire pardonner d'avoir arrangé une mission avec Qiao Ling sans m'en parler, essaya-t-il de négocier.

Le plus jeune réprima un sursaut alors que son ami ceignaient ses hanches de ses bras et appuyait son menton contre son épaule, espérant le faire céder avec ces quelques gestes.

- Je savais que tu l'accepterais, se justifia-t-il, tentant sans grande conviction de se défaire de son étreinte.

- Non, t'en savais rien. T'aurais au moins pu me laisser un peu de temps pour m'y préparer, tu m'as prévenu y'a même pas une heure et c'est pour aujourd'hui, lui reprocha-t-il, plus pour l'embêter que par réelle déception.

N'ayant pas d'argument suffisant à expliquer cette omission, le blanchâtre se contenta d'émettre un bruissement de frustration tandis qu'il parvenait à se dégager des bras du plus grand. Déstabilisé par le regard brunâtre le scrutant, il absorba une nouvelle lippée de nouilles et serra ses doigts autour du récipient, s'efforçant de garder une contenance.

- Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais d'accord pour reprendre les missions ?

- Ce n'était pas nécessaire tant que de nouvelles ne se présentaient pas.

- D'accord, alors pourquoi tu ne m'en as pas parlé quand celle-là s'est présentée ? On est associés, Lu Guang. Je croyais que tu ferais des efforts pour m'impliquer un peu plus, expliqua-t-il, contrarié.