𝐓𝐇𝐄 𝐐𝐔𝐄𝐄𝐍 𝐀𝐍𝐃 𝐓𝐇𝐄 𝐊𝐈𝐍𝐆 | ❝ˢʰⁱᵍᵘᵃⁿᵍ❞

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Prêt à sortir faire quelques courses pour leur repas du soir, Lu Guang enfilait son manteau. Depuis l'étage, son associé l'appelait, sûrement pour quelque chose de futile s'il en jugeait par l'absence de panique dans son ton. Il s'efforçait de l'ignorer, peu enclin à changer ses plans sans y voir d'utilité. Mais, alors qu'il était sur le point de tourner la clé et déverrouiller la porte du studio, une énième interpellation le fit céder. Se disant qu'il y avait peut-être une bonne raison pour que son partenaire soit si insistant, il se résolut à grimper l'escalier.

Dès qu'il mit un pied à l'étage, il entreprit de chercher le plus grand du regard. Lorsqu'il passa devant la porte de la salle de bain, cette dernière s'ouvrit brusquement, manquant de le faire sursauter. Un soupir de frustration lui échappa aussitôt qu'il fit face au visage de son petit-ami, dépassant dans l'entrebâillement et à moitié dissimulé sous une serviette couvrant ses cheveux humides.

- Lu Guang, j'ai oublié de prendre une autre serviette, tu peux aller m'en chercher une ? lui demanda-t-il, espérant l'amadouer avec un sourire.

- Tu peux le faire toi-même, souffla-t-il.

Agacé de s'être laissé déranger pour si peu, le plus jeune amorçait déjà un pas pour se détourner de son associé, un geste qu'il le retint d'exercer en venant saisir sa main de la sienne, encore mouillée de la douche qu'il venait de prendre.

- S'il te plaaaît, j'ai pas envie de me geler les fesses en me baladant nu à travers l'appartement, se justifia-t-il, pressant ses doigts autour des siens.

Le blanchâtre le dévisagea, se tâtant à lui donner ce qu'il souhaitait. D'un côté, il s'énervait de concéder à cela, d'un autre, il jugeait plus sage de ne pas perdre de temps à lui tenir tête pour quelque chose qui n'en valait pas la peine. Finalement, alors que la dureté de son regard, sans même qu'il en ait conscience, s'adoucissait à la vue de cette figure fraîchement lavée, il soupira. Comprenant que cela voulait dire oui, le brun lui adressa un sourire rayonnant et serra un peu plus sa main, avant de se résoudre à la lâcher.

En moins d'une minute, le plus jeune passa par leur chambre, s'empara d'une serviette sèche reposant sur l'étendoir déplié, puis retrouva la place qu'il venait de délaisser sur le seuil de la salle d'eau. Sans qu'il ait besoin de l'interpeler, le plus grand rouvrit la porte, bien plus généreusement cette fois-ci puisque l'entièreté de sa silhouette dénudée se dessina dans l'encadrure.

- Merci, Lu Guang, le remercia-t-il, lui prenant le textile des mains.

Pris de court alors qu'il n'affichait pas une once de pudeur devant lui, le blanchâtre se figea. Malgré le sourire angélique que lui lançait son petit-ami, il remarqua la lueur joueuse éclairant ses iris, apparemment content de ce mince effet. S'il survola un instant ce corps nu et nouant le tissu autour de ses hanches, Lu Guang ne tarda à détourner les yeux. Les joues déjà tièdes, il relâcha un souffle à peine perceptible quand il entrevit son partenaire lui tourner le dos et s'éloigner vers le lavabo.

Tentant de se remettre à l'esprit son objectif initial d'aller faire des courses, il ne trouva pas la volonté suffisante pour retourner sur ses pas et regagner le rez-de-chaussée. Immobile et serrant faiblement les poings, il s'autorisa un bref coup d'œil en direction du plus grand, dressé devant le miroir et séchant sa chevelure sombre. D'abord timidement, il laissa l'un de ses yeux errer du bas au haut de cette silhouette à peine couverte puis, cessant de tourner la tête, contempla d'un regard plus flâneur ce corps s'exhibant à lui.

Son cœur battait rien qu'à détailler ce dos clair et dont les muscles, distinguables bien que peu entretenus, se contractaient discrètement sous les mouvements de ses bras. S'il eut le réflexe d'énumérer quelque chose dès qu'une seule divagation troubla ses pensées, il abandonna avant même d'avoir essayé. Il était incapable de compter son petit-ami, il le savait et, désormais, acceptait que cela ne changerait pour rien au monde. Alors il se laissa distraire par la vue de ce tableau, simple puisqu'il ne représentait qu'un homme partiellement dénudé et exerçant une action des plus banales, qui lui arrachait pourtant les émotions les plus uniques qu'il lui avait été données de ressentir.