Je fixai le reflet, interdite. Je m'approchai de la surface glacée, jusqu'à le toucher de la pointe de mon nez. Dans mes iris, la nuance dorée m'hypnotisa, semblable à de l'or en fusion, miroitant, se mouvant lentement, comme si elle-même décidait de ses mouvements. Absorbée par ma contemplation, je n'avais pas repéré tout de suite la présence d'Adrian juste derrière moi. Son souffle, caressant ma nuque, me fit frissonner.
— Ça te plaît ? Me questionna-t-il d'une voix d'un grave profond.
Je devais l'avouer : son petit accent était terriblement craquant. Mais ça s'arrêtait là. Tout le reste de ce type n'était qu'une liste d'ingrédients dignes d'un film de mauvais genre.
Je me tournai brusquement vers lui, constatant qu'il n'était qu'à quelques centimètres derrière moi. Encore un peu et il se collait à moi. Non, mais c'est quoi son problème ? Furieuse, j'étais prête à en découdre, mais je me retrouvai avec étonnement face à son tee-shirt noir qui moulait ses muscles démesurés. Il est immense ! Je relevai alors la tête pour le défier. Je m'imaginai tomber sur un grand sourire triomphant, qu'il allait se la jouer Don Juan, à tenter de me peloter. Mais contre toute attente, je me heurtai à un regard plus que glacial et une expression dénuée d'émotions. Il me donna instantanément des frissons certes... Mais d'angoisse, de répulsion. Je déglutis, ne sachant comment formuler ma question, décontenancée.
— Pourquoi ? Me contentai-je d'articuler, d'une toute petite voix, autant pour le questionner sur mes pupilles que sur son attitude.
Il haussa les épaules tout en retournant à l'îlot de la cuisine. Sympa... Je l'observai quelques instants, pendant qu'il finissait de boire sa tasse de café en restant debout puis ramassait ses miettes de pain et débarrassait son petit déjeuner. Toujours plantée dans le couloir, je n'avais pas bougé d'un pouce, réfléchissant à toute vitesse. Mon père n'avait pas réagi à la vue de mes yeux. Ou alors... Était-ce la raison de sa mauvaise humeur ? Ce n'était peut-être pas notre invité qui le mettait dans cet état ! Où était-il passé d'ailleurs ?
— Papa ? criai-je d'une toute petite voix.
Pas de réponse. La maison était calme, hormis le bruit de l'eau qui coulait dans l'évier. Mon père avait pris la poudre d'escampette un jour pareil ! Etrangement, je n'étais pas étonnée. Il avait toujours été comme ça : je ne faisais jamais partie de ses priorités...
Chassant ces pensées pour atténuer le pincement au cœur qui prenait naissance au creux de ma poitrine, j'observai un sourcil relevé Adrian qui nettoyait dans l'évier sa tasse, et la mienne au passage.
— Merci pour la vaisselle, commentai-je. Mais on a une machine très compétente qui le fait pour nous tu sais...
— Ah oui, c'est vrai que t'es une putain de bourge.
Un uppercut... comme c'est étonnant. Je serrai les mâchoires, me retenant de répliquer. Avec un sale type dans son genre, il ne faut pas trop jouer les aventurières : une pichenette et il m'éclatait en deux...
Adrian revint dans le couloir, me fixant, incrédule.
— Tu vas rester plantée là longtemps miss ? Non parce que je n'ai pas la journée hein. Je suis censé t'emmener au fort des Cîmes Noires pour que tu puisses démarrer ton entraînement au plus vite. C'est nécessaire avant que tu butes quelqu'un sur un caprice ou une saute d'humeur. Surtout vu tes... capacités.
Son regard s'était rivé sur mes doigts. Je camouflai alors, gênée, mes mains derrière mon dos.
— Où est ce fort ? Le questionnai-je, inquiète du déroulement des jours à venir.
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LES AFFRANCHIS - T1 : L'émancipation. 🔞
ParanormalThéodora est destinée à devenir une sorcière. Sa route va croiser celle d'un groupe dont chaque membre, unique, possède une histoire incroyable et un avenir instable. Comme elle, leur monde s'est effondré. On veut leur dicter leurs choix, tracer leu...