Aliénor fut ravie de retrouver sa chambre d'enfant. Une grande pièce où trône fièrement un lit à baldaquin dont les rideaux roses ont été changés pour quelque chose de plus sobre (un joli vert canard) assortis aux rideaux des fenêtres, eux aussi changés. Au pied du baldaquin, un bout de lit capitonné blanc avait été ajouté.
Alors qu'elle constatait le neutralité qu'avait pris sa chambre au fil des ans (les fauteuils blancs avait été remplacés également par des vert foncés qui allait avec les nouvelles teintes adoptées par la pièce, le tapis également, le tableau montrant la plage de Dieppe avait été également retiré remplacé par un grand miroir...), Aliénor remarqua sur sa table de chevet la petite statuette en forme de chat qui s'étire que son père avait sculpté lors d'une campagne avec le roi. Il avait été absent 2 longues années (ce qui coïncidait juste après la mort de Roland, se souvint Aliénor, laissant le reste de la famille faire son deuil de son côté) et durant cette absence il avait fait parvenir cette petite statut à sa fille. Aliénor ne l'avait plus quitté et avait été dévastée quand arrivée au pensionnat quand elle avait remarqué qu'elle l'avait oublié. Elle avait eu beau demandé à ses parents qu'ils lui envoient le règlement de l'établissement interdisait les colis. Uniquement les lettres. Allons bon ! Encore aujourd'hui cette règle absurde révoltait Aliénor. Il faudra qu'elle questionne sa tante à ce propos peut être... Cela dit, le sentimentalisme n'avait aucunement sa place au sein du pu pensionnat, était-ce lié ? Quoiqu'il en soit, Aliénor fut ému de retrouver cette statuette si cher à son coeur qu'elle pensait perdu à jamais l'attendre fièrement sur sa table de chevet. Elle lui caressa la tête, comme elle l'aurait fait avec le véritable animal, pour retenir ses larmes. Contenir le flot d'émotions qu'elle emmagasinait depuis son arrivée. Elle rentrait chez elle, enfin.
Mais pour quelques jours seulement.
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- Debout mademoiselle, s'exclama une voix qui tira Aliénor de son sommeil comme un sursaut. L'habitude au pensionnat de se réveiller à la moindre perception de voix pour éviter le verre d'eau glacé au visage.
La voix était de dos et tirait les rideaux pour faire entrer la lumière, ultime façon de réveiller les maîtres de maison (étant évidemment interdit de leur jeter des verres d'eau glacé à la figure). Quand elle se retourna, d'abord surprise de voir Aliénor déjà levée, cette dernière s'écria :
- Amandine !
Amandine sourit jusqu'aux oreilles. Les convenances auraient voulu qu'elles s'en tiennent là, la ligne ayant été frôlé mais Aliénor n'y tint plus et serra son amie d'enfance dans ses bras.
- Alors Père et Mère t'ont gardé à leur service ?
Amandine rougit devant tant de démonstration mais l'excitation restait trop grande pour penser aux conséquences si quelqu'un les surprenait :
- Oui ! Après votre départ, j'ai continué d'être sage et serviable. Puis finalement, ce qui constituait un effort au départ est devenu un automatisme. Je n'ai plus jamais piqué de grosses colères ou cassé la vaisselle de Madame Robin, promis !
Se disant, Amandine leva la main droite et posa la gauche sur le coeur comme elle avait coutume de le faire enfant pour juré solennellement.
Amandine et Aliénor avaient le même âge, mais pas la même destinée. Amandine avait été déposée sur le pas de la porte des cuisines quand elle était encore un tout petit bébé (le cordon n'avait même pas encore cicatrisé). C'est la cuisinière, Madame Robin, qui l'avait adopté une fois que les parents d'Aliénor aient accepté qu'elle reste auprès du personnel. Hortense était trop attendrie pour laisser un enfant en plein mois de février abandonnée dehors ou laissée au pied d'un couvent qui finirait sa vie dans un orphelinat et qui sait ce que l'avenir lui réserverait et le chevalier d'Alès aimait trop sa femme pour la contredire sur ces affaires-là. Etant souvent absent, ce qu'il se passait dans les combles de son château ne l'intéressait aucunement. Si Hortense n'y voyait aucun inconvénient, alors lui non plus.
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La rose et le glaive
Historical FictionFiancée depuis ses 3 ans, Aliénor est aux portes de son destin. Elevée dans cet unique dessein, elle a été placée dans une établissement pour jeunes filles promises à de grands partis dès ses 9 ans afin d'y être préparée. Agée maintenant de 16 ans...