La première fois qu'Eddie a vraiment réalisé qu'il avait un problème, c'était le jour où il a pris un remplacement de douze heures de Jon Pietrkowski. C'était censé être un quart de travail de 8h qui a fini par s'étendre jusqu'à 11 alors qu'ils ont été confrontés à un accident de voiture particulièrement macabre juste avant la fin de leur service. Même en jouant vite et librement avec le Code de la route, il était bien plus de minuits lorsqu'il rentra chez lui. La lumière du porche était allumée et la Jeep de Buck était garée dans son allée.
L'heure du coucher de Chris était largement dépassée, cependant, Eddie s'attendait à le trouver au milieu d'une tornade en cuisine ou d'une apocalypse Lego avec son meilleur ami Buck, en plein cœur de l'action avec lui. Buck aurait voulu faire n'importe quoi pour remonter le moral de Chris après avoir annoncé qu'Eddie n'allait pas être là comme il l'avait promis pour lui lire une histoire. Encore. Tous deux étaient censés terminer le troisième tome de « Les derniers enfants sur Terre » sur lequel ils avaient travaillé cette semaine-là et Dieu seul savait quels projets post-baby-sitting Buck avait dû annuler lorsqu'il avait reçu le message d'Eddie.
Eddie avait rédigé des excuses dans sa tête tout au long de l'allée, s'attendant pleinement à faire face aux regards noirs de ses deux garçons pour être arrivés en retard. Mais, quand il entra, la maison était sombre, seule une lumière bleue provenant de la télévision avec le volume si bas qu'Eddie pouvait à peine l'entendre.
Enlevant ses chaussures et déposant son sac de travail près de la porte, Eddie se glissa dans la pièce. Ce faisant, il pouvait voir les pieds en chaussettes de Buck dépasser du bord du canapé et il sourit juste un peu alors qu'il s'approchait. Buck dormait profondément, les bras croisés sur sa poitrine et une couette drapée au hasard sur ses jambes. La lumière y était plus brillante et Eddie pouvait distinguer les mains et les bras de Buck couverts d'un arc-en-ciel de petites taches de marqueur, signe révélateur d'une longue séance d'art.
Effectivement, quand Eddie entra dans la cuisine, il trouva le réfrigérateur couvert d'une demi-douzaine de nouveaux dessins. Les super-héros chaotiques et brillants de Chris et les matchs de baseball extraterrestres interplanétaires étaient au premier plan. En bas à gauche, un chien surfeur signé Buck. Il y avait un post-it au-dessus de l'œuvre d'art dans un espace soigneusement dégagé pour qu'Eddie soit sûr de le voir qui disait : Dîner sur l'étagère supérieure. Couvercle vert.
Trop épuisé pour envisager de manger alors qu'il avait un autre quart de travail dans sept heures, Eddie éteignit la lumière de la cuisine et retourna au salon. Il sentit son cœur se gonfler alors qu'il regardait Buck, toujours endormi et il laissa ces pensées dériver. C'était une habitude terrible et dangereuse, mais il l'imaginait. Il s'imaginait donner un léger coup de coude aux pieds de Buck, le regarder se réveiller, offrir à Eddie un sourire groggy. Lui dire : « Allez, allons au lit. » Les envelopper tous les deux dans la couette d'Eddie et se rendormir ensemble. Comme s'ils s'appartenaient.
Ces rêves effrayaient Eddie plus que ses fantasmes et ils étaient plus difficiles à ébranler. Pousser Buck contre ce canapé et attacher ses lèvres à son cou était une chose. Les images étaient courtes et intenses et il pouvait s'en sortir sous une douche froide en comptant jusqu'à dix voire vingt. Mais, les douces visions domestiques de Buck avaient tendance à persister. Eddie laissait son esprit faire des rêveries qui comportaient à peine du sexe et s'attardait plutôt sur des promenades main dans la main, des espaces partagés, des vacances en famille, des baisers dans la cuisine et un partenariat qui les liait du travail à la maison et vice-versa.
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9-1-1 : À proximité de toi
Fanfiction"Tu peux le faire !", se rassure Eddie. Les autres équipes qui arriveraient de différents États du pays allaient probablement séjourner dans le même hôtel, dans les mêmes chambres doubles, et il était très possible qu'aucune d'entre elles n'ait des...