𝟎𝟒 || 𝑺𝑯𝑨𝑴𝑬.

164 15 63
                                    






𝘌𝘴𝘵𝘩𝘦𝘳.






Je commence à avoir mal à la tête, cela fait une heure et plus que je suis assise sur cette chaise. J'essaie de comprendre au moins un seul calcul projeté au tableau, en vain.

Je ne comprends rien, et là est le problème, j'ai bien l'impression d'être la seule à ne rien comprendre. Tous lèvent la main simultanément à chaque question posée par notre professeur. Et à chaque main interrogée, une bonne réponse est donnée. Même ceux qui n'ont pas forcément demandé à répondre à la question, et qui se font interroger, répondent avec un dédain et une simplicité que je peine à avoir.

Qu'est-ce que je ne comprends pas ? Tout a l'air si simple pourtant.

Me réajustant sur ma chaise comme si ça allait la rendre plus confortable, je finis par déposer ma tête sur mes bras, qui reposent sur ma table. Ne tentant même plus d'assimiler ce qui m'est apparemment trop dur de comprendre, je finis par essayer de me donner un peu de repos.

Hier, j'ai eu du mal à m'endormir. J'ai une nouvelle fois été engloutie par mes remords, questionnements et ces manquements fréquents qui résonnent en boucle dans ma tête, sans la laisser penser correctement.

Mes questionnements, attendant une réponse depuis bien trop longtemps, ne m'ont pas laissé soupirer une seule fois. Mais ils m'ont laissé de nouvelles marques en demi-cercles sur mes bras. Je crois bien que trop submergée par mes émotions, j'ai tenté de leur frayer un passage à travers ma peau pour qu'ils me laissent enfin tranquille.

Retirant ma bague, je la dépose sur ma table, juste à côté de ma tête. Et le cliquetis de celle-ci, qui hésite à se poser pleinement sur la table, me sert doucement de berceuse.

Mais avant que je ne puisse m'assoupir complètement, une voix lointaine m'appelle.

« Esther ! »

« Esther ! »

Je ressens un courant d'air caresser mon visage.

— Je suis bien trop fatiguée pour jouer avec toi, Lily.

— Eh bien, j'espère que tu ne le seras pas assez pour prendre tes affaires et sortir de mon cours.

Tentant d'assimiler cette phrase, je la répète en boucle dans ma tête et avec l'aide de plusieurs battements de cils, je réussis à voir plus clair. Et la tête de mon professeur de mathématiques apparaît devant moi. Dans un sursaut, je relève vivement la tête, et gênée je m'empresse de m'excuser.

— Désolée, il se fait tard, je n'ai pas très bien dormi hier à cause de mon chat ! me justifie-je.

— Et tu penses que c'est une excuse pour t'endormir pendant mon cours ?

— Non... non, désolée...

Je me redresse complètement et me frotte les yeux. Tournant la tête, je suis assaillie par les regards moqueurs et pleins de pitié de mes camarades, qui prennent cette scène comme leur divertissement du jour.

— Esther repense à la fois où elle est venue en cours avec un sac de courses. Monsieur, elle n'y est pour rien voyons !, surenchérit Seth, faisant éclater de rire toute la classe.

Ma mère avait jeté mon sac dans la boue.

« Ce n'est pas drôle, Seth, » dit Fiyori, une des seules filles de la classe avec Violet Hall, qui m'ont parlé et souri.

— Arrête tes âneries Seth. Esther, si tu te sens mal, rejoins l'infirmière. Mais ne dors pas dans mon cours, c'est très impoli, dit mon professeur.

THE NIGHT WE MET. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant