⧾ 𝑷𝑹𝑶𝑳𝑶𝑮𝑼𝑬.

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« Sous les lumières scintillantes du soir, la balançoire devint le théâtre de leur première rencontre, chaque balancement dévoilant une part de leurs rêves et de leurs désirs inavoués. »

F. Scott Fitzgerald










« Prends ta pomme, elle a quelques égratignures, ce n'est rien. »

J'enfile mes gants et ramasse les débris de verre enfouis et perdus dans la neige. Ça ne sert à rien, certes, mais ils m'ont dit de les ramasser.

D'ailleurs, ils sont difficiles à voir...

Je fouille la neige à leur recherche, sachant pertinemment que cela me prendra des heures pour tous les trouver.

En plus de ça, ma pomme est en train de gésir au sol...

« Tu es sûre de ton conseil ? »

J'ouvre vivement les yeux, me reconnectant à la réalité aidé par la voix de Léya.
C'est la deuxième fois qu'elle me pose la question, et ma réponse est toujours la même.

Il fait encore un peu jour, mais la nuit ne tardera pas à envelopper notre discussion.

— Et pourquoi n'aurais-je pas le droit ? rétorque du tac au tac Léya.

— Eh bien, cela semble logique, non ? répondis-je.

Depuis une heure, Léya et moi débattions sérieusement sur la pertinence de l'envoi de son message à son "ami".
À vrai dire, c'est un grand mot ; ils se sont simplement parlé quelques fois. Et la toxicité de cette relation endommage peu à peu les poumons de Léya, sans qu'elle ne s'en rende compte...

— Roh, tu n'es pas drôle Esther.

Je lui réponds d'un simple :
« je suis juste réaliste, Léya. »

La lumière du jour s'éteint, plongeant notre discussion dans une ambiance obscure. Seul le reflet des phares de quelques véhicules qui passent à côté de la fenêtre éclaire la chambre.

Je m'affale sur son lit, contemplant par la fenêtre l'approche de l'hiver. Décrire mon état d'esprit en cette saison serait délicat, mais je ressens comme une immersion dans une autre atmosphère.

L'hiver s'étend silencieusement, drapant le paysage d'une couverture calme et glaciale. Quelques flocons apparaissent, mais disparaissent rapidement comme une pluie de plumes.
C'est apaisant..

Le ciel et ses nuances de bleus profonds me rappellent que le cycle recommence.

Et chaque jour déjà ardu le sera encore plus. J'imagine déjà ma veste d'uniforme gisant au sol.

Réveillée par le rappel que mon bus approche, je quitte le lit de Léya. Le vent persiste au-dehors, et des rafales se font entendre menaçant de rompre le volet.

Le froid doit aussi être au rendez-vous.

— Bon, commençai-je, il serait peut-être temps que je rentre non ?

Je récupère mon manteau sur la chaise de bureau de Léya, l'enfile et me masse les yeux.

— Oui certainement il se fait tard, mais es-tu sûre que tu ne veux pas que je te raccompagne ? me questionne-t-elle.

Je lui réponds un « Non, ne t'en fais pas » suivi d'un « J'aime me promener le soir de toute façon ». La rassurant, tout en ramassant le reste de mes affaires et n'oubliant pas de dire au revoir à ses parents et à sa sœur.

THE NIGHT WE MET. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant