The Cold's Realm

Encore un souffle

Au pays du gel, là où les animaux, blanchis par la neige, hibernaient pendant de nombreuses lunes. Les fleurs n'avaient plus de couleurs mais avaient été graciées par la pureté des dieux. Le seul pays où la respiration de l'homme avait une identité, éphémère certes mais elle avait la chance d'être regardée et attendue par certains. 

Necalys était le seul endroit sur cette terre où les hommes reconnaissaient la mort par l'absence d'une fumée blanche s'élevant de leur lèvres. La mort ne pouvait pas être imitée ou moquée. Si quelqu'un osait l'insulter alors les dieux autoritaires et solennels s'en chargeraient. 

Ses camarades, morts trop tôt, n'auraient pas à subir la colère des êtres ancestraux. Cela aidait Cassandra à dormir la nuit. Pourtant parfois la lune était vicieuse à son égard. Elle se réveillerait en sursaut, trempée, gelée et en train de se noyer. Elle agiterait ses bras, essayant de garder la tête haute et non sous l'eau glacée. Elle hurlerait, ne serait-ce que pour voir cette brume s'échapper de ses lèvres comme si elle la fuyait. 

Et puis ses yeux s'ouvriraient, papillonneraient face à la lumière. Cassandra sentirait le doux matelas caresser sa peau tremblante. La respiration haletante, elle se rendrait compte qu'elle était en sécurité et non dans les abysses, que tout ça n'était qu'un cauchemar, un souvenir. . . 

Cassandra avait fait face à ses démons cette nuit-là. Le lendemain, elle s'était dirigée vers ce qu'ils appelaient leur priar d' Aly, un lieu construit pour pratiquer le culte de ce dieu, Alys. La légende racontait qu'il était tombé amoureux d'une femme. Elle était vénale et sournoise mais il était incapable de le voir. Cette femme, à la peau bronzée, se plaignait d'avoir chaud mais le bassin d'eau le plus proche était à des kilomètres. Alors, bien décidé à satisfaire la femme qu'il aimait, il creusa, creusa et creusa pour obtenir un fond d'eau.  Et il attendit le prochain jour de pluie. Quand celui ci arriva Alys fut rempli de joie et couru vers son amour pour lui annoncer que son souhait avait été exaucé. 

Cependant tout ce qu'il reçu en retour fut des hurlements incessants et des remarques condescendantes. C'était à ce moment là où il se rendit compte à qu'elle point elle était laide et noircie par les vices. Le cœur brisé et l'âme déchainée, il pria les dieux, les suppliant de l'aider et ils répondirent à son appel. Alys créa un océan tout entier et attendit des jours que cette femme vienne se baigner. Quand ce jour arriva, des créatures sous-marines la noya et l'emportèrent dans la profondeur abyssale et plus personne n'entendit sa voix pêcheresse.  Ce dieux et ses œuvres punissaient les pêcheurs et les assassins. 

Cassandra n'était pas morte ce jour là. Tous les jours elle remerciait Alys pour l'avoir épargné. Cependant elle maudissait sa dureté, ses camarades étaient jeunes, la plupart méritait encore un souffle, un brouillard. 

Le lieu de culte était à l'image de son pays, froid, solide, sombre et vide. Les yeux fermés, les moins jointes, la belle rousse était agenouillée devant l'autel illuminé par des dizaines de bougies. La lune illuminait les vitraux et les reflets colorés s'attardaient sur sa peau blanche, une aura divine l'entourant. 

Elle entendit des talons frapper le sol, la sortant de son moment de paix. Cassandra ouvrit lentement les yeux, prenant quelques secondes pour s'accommoder à son environnement, elle devait être là depuis un moment, ses genoux lui faisaient mal.

"Cassie."

Elle n'avait même pas remarqué que Cora s'était abaissée à sa hauteur. Ses yeux bleus avaient quelque chose de doux et paisible en eux, une première. Elle savait pourquoi la rousse était ici. Dans sa main droite se tenait de l'hécate. C'était un moyen de décompresser pour la stratège, elle en fumait souvent. La plupart du temps il était impossible pour Cassandra de différencier la fumée de l'hécate et la respiration de la femme aux cheveux de jais. Alys devait savoir avec le temps que cela la terrifiait.