Chapitre 12 : confinement avec la poupée

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Les draps froissés de ma chambre furent le témoin silencieux de mes tourments. Depuis cinq jours, j'étais prisonnière de cette pièce, confinée dans l'obscurité oppressante de mes douleurs. Les premiers signes de malaise m'assaillirent, me contraignant à m'isoler du reste du monde. Mon visage était livide, trahissant une souffrance que je préférais garder secrète.

Les rires lointains des autres domestiques résonnaient dans les couloirs du manoir, mais pour moi, chaque éclat de joie était un rappel cruel de ma propre impuissance. Mes mains tremblaient lorsque j'essayais de reprendre mes tâches habituelles, mais la douleur, impitoyable, s'insinua dans chaque recoin de mon être.

Ce fut une torture silencieuse qui m'accabla, une douleur atroce qui donna l'impression d'être au seuil de la mort. Mes entrailles se tordaient dans une danse infernale, et parfois, la nausée prenait le dessus, me forçant à me courber au-dessus de la bassine posée à mes pieds. Le monde tournait autour de moi, et je luttai pour me maintenir à la surface de la réalité.

Le manoir semblait s'étendre à l'infini, les couloirs interminables prenant des allures de labyrinthe dans lequel je me perdais. Les corvées qui m'étaient assignées étaient maintenant reléguées au second plan, car mes souffrances me volaient toute capacité de concentration. J'étais une marionnette, tirée par des fils invisibles, errant sans but précis.

Les nuits étaient les pires. Mes yeux, cernés par l'épuisement, peinaient à se fermer. Les heures s'étiraient comme des éternités, et la lueur pâle de la lune me rappelait ma solitude. Les draps froissés devenaient mon seul réconfort dans ces moments sombres où la douleur semblait insurmontable.

Et puis, parfois, dans mes moments de faiblesse, lorsque mes paupières s'alourdissaient malgré moi, il venait. Borys, silencieux comme une ombre, franchit le seuil de ma chambre. Ses yeux, empreints d'une préoccupation sincère, rencontrèrent les miens, reflétant une compréhension tacite.

Il prit soin de moi dans ces instants fragiles. Il préparait des repas délicats qui parvenaient à titiller mes sens engourdis, il me caressait avec une tendresse qui transcendait les mots. Des remèdes, issus des herbes soigneusement cueillies dans le jardin du manoir, furent disposés sur la table, offrant une lueur d'espoir dans ma nuit sombre.

Lorsque la douleur devint insupportable, sa main se posa sur mon abdomen, apaisant les spasmes avec une chaleur réconfortante. Ces gestes simples devinrent des ancrages, des phares dans la tempête de ma souffrance. Et pendant de longues heures, dans l'obscurité de ma chambre, nous partagions un silence qui transcendait les barrières qui nous séparaient.

Le crépitement des flammes dans la cheminée rompit le silence oppressant de la chambre. Mes yeux rencontrèrent ceux de Borys, empreints d'une compassion muette. Dans cette atmosphère chargée, un dialogue timide prit naissance.

Borys s'approcha doucement, une bouillie fumante dans une écuelle entre ses mains. Ses yeux scrutèrent les miens, cherchant à comprendre la douleur que je tentais désespérément de dissimuler.

« Borys, » murmurai-je, ma voix à peine plus qu'un souffle.

Il s'assit près de moi, déposant délicatement la nourriture à mes côtés.

« Amilia, tu souffres trop. Ces jours ont été difficiles pour toi. »

Un sourire las se dessina sur mes lèvres pâles.

« C'est une épreuve que chaque femme doit affronter, n'est-ce pas ? »

Il acquiesça, ses yeux exprimant une compréhension profonde.

« Mais cela ne rend pas ta douleur moins réelle. Comment puis-je t'aider ? »

La question suspendit le temps entre nous. Je sentis une larme solitaire rouler sur ma joue, trahissant ma vulnérabilité.

(0) Un Amour IllégalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant