Chapitre 2 - PDV James

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- Maryne ? C'est bien toi ?

Son chant s'arrête.

Je ne vois aucune porte à part celle par laquelle je suis rentré. C'est sans doute mon imagination. Je dois rêver.

Dois-je repartir ?

Soudain, une porte coulissante fait son apparition. Je comprends mieux pourquoi je ne voyais rien. On n'aurait jamais imaginé qu'il y avait une pièce cachée dans la bulle.

Une dame dépasse la tête de la pièce secrète. Elle a un casque de scientifique dans son labo en train de faire des expériences dangereuses.

Mais ce n'est pas elle.

- Bonjour Monsieur, je peux vous aider ? demande cette femme.

Petite en taille et cheveux noirs corbeau, elle a plutôt l'air sévère.

-Bonjour ! Je, je cherche...

Maryne sort aussi. Cette fille, cet ange apparaît devant mes yeux comme une colombe qui fuit la tempête.

- Maryne...

Je n'y crois pas mes yeux.

- James ? prononce-t-elle avec cette même voix fluette.

Sa beauté me rend muet comme au premier jour. Je ne peux décrocher mon regard d'elle. Tous les souvenirs me reviennent.

- Vous vous connaissez ? demande la scientifique.

- Oui ! C'est le James dont je t'ai parlé ! précise-t-elle en me détaillant le visage.

- Oh Maryne ! finis-je par dire en posant mes mains sur la bulle. Je suis désolé !

Les seuls mots qui me viennent sont des mots d'excuses.

- S'il vous plaît Monsieur, ne posez pas les mains sur la vitre, m'avertit la scientifique.

- Oh excusez-moi !

Elle tape un code sur un boîtier à ses côtés, ce qui ouvre une porte transparente. Comme un portail vers un nouvel endroit. Une fumée blanche se projette sur elle. Puis, elle enlève cette combinaison bizarre qui l'a rend étrange.

- Qu'est-ce qu'il t'arrives ? Pourquoi t'es là ? demande-t-elle d'un ton sec.

- Quoi ?

- Qu'est-ce qu'il me vaut l'honneur de ta visite ? reformule-t-elle en grimaçant un sourire excédé. Elle se déplace jusqu'à moi, de l'autre côté de la bulle.

- Je...

***

Flashback

23 Octobre 2007

- Je vais devoir partir, Maryne.

- Mais... qu'est-ce qu'il t'arrive ? Pourquoi ?

- Y'a beaucoup trop de raisons, je n'arrive pas à tenir... Je suis désolé, annonçais-je en faisant marche arrière.

- Attends James !

Je sens son regard interrogatif. Elle ne comprend pas.

- S'il te plaît, James... Explique moi, on peut trouver une solution. Reste avec moi... supplie-t-elle en pleurant.

Le décès de mes parents, elle, sa santé, l'hôpital, mes problèmes...

-Je suis désolé, Maryne, répétais-je dans un souffle, ce n'est pas toi, c'est la situation.

Je fais une pause. Mon regard est plongé dans le sien. Ses yeux sont si verts quand elle pleure. Les larmes roulent sur ces joues sans s'arrêter.

- Ne m'en veux pas. S'il te plait, ne m'en veux pas.

Je baisse la tête honteux.

- Continue à être courageuse comme tu l'as toujours été et... sache... sache que je t'aime. lançais-je en lui jetant un regard timide. Maryne était debout, mais à ces paroles, elle se laisse tomber sur le lit, comme si elle venait d'apprendre une mauvaise nouvelle. N'est-ce pas une mauvaise nouvelle ? Elle cache sa tristesse, met ses mains sur son visage. J'en profite pour prendre la porte.

Voilà. C'est fait. Ce n'est pas facile de dire au revoir à l'être qu'on aime le plus. C'est un choix horriblement difficile.

Mais c'est mieux ainsi.

C'est mieux pour elle. Maryne n'aurait eu que l'ombre de moi-même. Elle ne m'aurait pas compris. Je ne pouvais pas lui faire endurer tout ça. Est-ce mieux pour autant que de la laisser seule pour endurer ses problèmes de santé ? Est-ce mieux de la laisser seule, de l'abandonner du jour au lendemain ?

Je ne sais pas.

Toutefois, je ne peux pas partir tout de suite. De l'autre côté, mon égo reste debout face à la porte. Ma tête s'appuie sur la porte. Une sensation de froid me parcourt le corps. J'attends que quelque chose se passe. Qu'une porte s'ouvre. Qu'une voix m'appelle. Qu'une personne me secoue. Qu'un miracle se produise. Qu'une idée me passe par le crâne.

Elle pleure encore. J'entends quelquefois des cris de détresse, ce qui me fait fermer les yeux. Honte. Je suis tellement honteux de faire ça. J'ai honte de l'abandonner, mais la situation est insupportable. A mon tour d'avoir une pauvre larme qui coule le long de ma joue. Trop tard pour faire demi tour. Puis, je prends conscience de ce qu'il vient de se passer et je balaye d'un revers de la main la deuxième larme qui roule sur ma joue.

Je ne peux pas.

Tout simplement.

***

- Je... Excuse-moi, dis-je le plus simplement possible.

Je baisse la tête honteux.

- Pardonne moi d'être partis, je ne pouvais pas supporter...

- Ne t'inquiète pas. Je comprends et je te pardonne, James, me rassure-t-elle calmement. J'aurais certainement fait pareil si mon meilleur ami avait été gravement malade.

Son ton devient accusateur. Ce que je redoutais. L'infirmière qui a enlevé sa combinaison sort du îlot d'isolement. Elle assiste à cette scène.

- Je sors. Je reviendrai dans une heure, conclut-elle.

Une fois l'infirmière sortie de la pièce, je reprends la conversation.

- Tu me pardonnes ?

- Oui. Même si ce que tu m'as fait est impardonnable, je comprends pourquoi tu l'as fait, James. J'accepte. J'ai grandi. J'ai appris.

Après un long silence où je l'interrogeais des yeux et elle termine.

- J'ai mûri.

Maryne avait toujours eu un temps d'avance sur moi. Je comprenais toujours les choses en retard. Elle sautait dans un train en marche alors que je restais à quai.

Son regard en dit long. Ses yeux verts me fixent dans l'attente d'une explication. Elle est déçue, presque en colère. Soudain, je sens une hésitation. Son visage se défigure, elle va pleurer. Ses bras se décroisent et alors, j'aperçois ces pansements au bras, certainement dû à de nombreuses prises de sang. Dans un geste brusque et inattendu, elle fait demi-tour et range sa pièce isolée.

- Je te repose la question, qu'est-ce que tu fais là ? Tu vas m'annoncer une nouvelle ? Un mariage ? Un bébé ?

Elle tape son oreiller pour le remettre en forme.

- Enfin, faudrait déjà qu'il y ait une madame James, dit-elle d'un ton sec.

- Je voulais juste te voir, prendre de tes nouvelles. Tout simplement.

- Tout simplement ? répète-t-elle.

Maryne se retourne vers moi. Je n'ai pas bougé d'un centimètre depuis que l'infirmière m'avait dit de ne pas toucher à la vitre. D'ailleurs, j'ai toujours mon manteau sur mon dos. La chaleur de la pièce et le stress font monter ma température.

Une longue et pénible explication doit suivre. Je vais tout lui expliquer.

Tout simplementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant