N E U F

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Janvier 2022, Toulouse.



Au plus grand désespoir du demi de mêlée, la pluie ne cessait de tomber depuis des jours, et le stade, en temps normal si accueillant, s'était transformé en une véritable mare de boue. Impraticable, les rugbymen du stade toulousain avait dû se résoudre à concentrer leurs entraînements sur la musculation et la logistique pour les prochains jours, et contre toute attente, Antoine affichait une détermination et une motivation venue d'un autre monde.

Les nuits du sportif s'étaient radoucie depuis sa réconciliation avec Sophia, et il n'avait désormais qu'une seule envie, se montrer sous son meilleur jour afin de prouver à la blonde qu'il était capable de la rendre heureuse. En revanche, Antoine détestait les regards qui pesaient sur lui depuis quelques semaines. Il ignorait si ceux-ci étaient bienveillants ou au contraire, remplis de mépris.
Le plus dur pour lui était de faire face aux regards de ses amis les plus proches.


Après sa séance de sport quotidienne, il se dépêcha de partir se doucher pour gagner un maximum de temps à passer avec sa petite-amie. Même si la relation était fictive pour l'instant, il savait à quel point transformer l'essai avec Sophia pouvait être bénéfique pour lui et pour son moral. Il comptait bien aller la rejoindre chaque soir à son local pour la raccompagner jusqu'à chez elle, et pourquoi pas peut-être passer la soirée avec elle. Il adorait leur relation actuelle, et étrangement, il ne s'était jamais sentit aussi proche d'elle qu'en ce moment.
Alors qu'il sortait de la douche à la hâte pour s'habiller, Antoine et quelques joueurs encore présents dans les vestiaires virent Ugo Mola pénétrer dans la pièce. Il sembla chercher quelqu'un du regard, et en croisant celui d'Antoine, le demi de mêlée comprit ce qui était entrain de se passer.

L'entraîneur, l'air grave, se planta devant son meilleur élément.


— Antoine, il faut qu'on discute.

— De ?

— Je te laisse te rhabiller et je t'attends dans mon bureau.


La discussion fut expéditive, mais Antoine comprit immédiatement la gravité de la situation.
Alors que Ugo s'éloignait, le capitaine sentit de nouveau des regards peser sur lui.

Une fois propre et habillé, Antoine se dépêcha de quitter le vestiaire, agacé et lasse d'être au cœur de toutes les discussions et d'entendre son prénom dans toutes les bouches. Lui qui était si introvertie et réservé, il détestait être au centre de l'attention.
Alors qu'il longeait le couloir menant au bureau de son entraîneur, il fut soudain pris d'une angoisse incommensurable. Il se stoppa et prit une grande inspiration. Au loin, les quatre lettres du nom de son coach brillaient sur la seule porte du couloir.

Antoine n'avait jamais été convoqué. Il était exemplaire depuis des années, et même si parfois, il avait eu poussé des coups de gueules contestés, il avait toujours était respecté et respectable. C'était d'autant plus dur pour lui qu'il savait, au fond, que cette convocation n'était qu'un moyen comme un autre de lui faire comprendre qu'il était constamment sur un siège éjectable. C'était le deal et il le savait, si il faillissait à sa tâche, d'autres de ses coéquipiers seraient certainement plus que ravis de prendre sa place de capitaine.
Agacé par cette pensée, il souffla un bon coup et parcouru finalement les quelques mètres qui le séparait du bureau de Ugo. Il toqua et ouvrit la porte, tombant sur son entraîneur, l'air toujours aussi froid.


— Referme la porte derrière toi et assis-toi s'il-te plaît, lança Ugo.


Antoine s'exécuta sans un mot. Il posa son sac de sport à ses pieds et prit place face au quinquagénaire qui le fixait les mains croisées.


L'espoir de ce jour | A.DOù les histoires vivent. Découvrez maintenant