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Le lendemain matin, Pierre fut le premier à être réveillé. Sa jambe qui s'était échappée de sous la couverture était glacée, contrairement au reste de son corps brûlant. Il se redressa tant bien que mal, arrachant un grognement à son meilleur ami qui s'agita, resserrant sa prise sur lui.
Le plus jeune baissa les yeux, fixant Sylvain roulé en boule, son bras passé en travers de ses côtes pour le tenir le plus près possible. Son visage semblait serein ‒ à vrai dire, même les cernes qu'il avait en permanence sous les yeux étaient atténués.
- Sylvain ? appela son ami.
Le concerné marmonna sans répondre. Pierre avait de plus en plus conscience de leurs deux corps enchevêtrés, de sa peau brûlante qui l'étouffait. En baissant les yeux, il remarqua que le pull de Sylvain était légèrement remonté dans la nuit, dévoilant un bout de peau pâle. Pierre ne se rendit compte que trop tard qu'il avait déjà posé ses doigts à cet endroit, fasciné, avant de sursauter, horrifié de ses propres gestes. Il recula tant bien que mal, arrachant Sylvain de son sommeil par la même occasion. Son ami roula entre les draps et bâilla avant de se redresser sur un coude, se frottant les yeux.
- Pierre ? appela-t-il d'une voix encore grave de sommeil.
- Je suis juste là, indiqua le brun. Je vois que t'as bien dormi.
- Je ne me rappelle même pas la dernière fois que j'ai pioncé comme ça, s'esclaffa le châtain.
Il se redressa complètement jusqu'à être en position assise dans le lit. Ses cheveux étaient encore plus en bataille qu'à l'accoutumée ‒ signe d'une nuit certainement réparatrice. Incapable de s'en empêcher, Pierre se pencha et passa ses doigts sur la nuque ‒ brûlante, bien sûr ‒ de son ami, avant de tenter de le coiffer tant bien que mal.
- Qu'est-ce que tu fais ? souffla Sylvain, un peu surpris.
Pierre força la nonchalance, haussant les épaules.
- Tes cheveux sont en bordel. Je t'aide.
- Merci.
Sylvain croisa son regard un instant avant de tourner la tête, fixant l'extérieur par la fenêtre en face d'eux. Le vent soufflait avec douceur, agitant la cime des sapins d'un vert sombre. Avec les montagnes en arrière plan, blanches et grises, le paysage était magnifique.
- Toujours pas de neige, se plaignit le plus vieux.
- On dirait bien qu'on va devoir s'en passer pour cette année.
Sylvain marmonna, l'air mécontent, avant de quitter le lit pour de bon, arrachant un frisson glacé à son ami resté seul entre les draps. Il le suivit du regard, entendit la porte de la salle de bain claquer avant de finalement attraper son téléphone.
Il était onze heures passées. Sylvain dormait si bien la veille au soir que Pierre avait refusé de programmer le moindre réveil, espérant que son ami rattrape ses nuits perdues. Il était heureux que cela ait fonctionné ‒ il ne se souvenait même pas avoir déjà vu Sylvain se lever si tard depuis qu'ils se connaissaient.
