Illusion

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Et maintenant, achevons l'espoir et accouchons de la seconde fureur de notre poète.

Et pourtant on s'était revus et à nouveau tu acceptas que j'aille dans ton antre, comme si à nouveau la roue avait tourné. Car enfin, je le voyais bien, je n'étais accepté qu'épisodiquement dans l'Enfer, mais, grâce au ciel, à la fin tu vins me sauver. On se rejoignit là, à nouveau, au même lieu, là où on devait rester à jamais. L'atmosphère était légère, je me sentis libre et tu le semblas toi aussi. Je partageai comme à l'accoutumée tes vues et tu partageas comme toujours les miennes. On rejoignit un autre saule, comme si cet arbre était fait pour nos délices. Je me plus ici et je ne voulus pas bouger, rester là, vivre pour cet instant. Mais on devait Avancer car il y avait une étape sur le chemin de notre vie et moi je vivais, libéré et je t'amusais en les imitant.

On revint sur nos pas, voir le saule, mais à nouveau tu cédas, tu jetas ta pudeur et tu me donnas la lèpre. Ah ! Que le diable est Femme. Un Prince du Mal, oui, mais inoffensif ; le Mal que tu causais n'était pas voulu, c'était une condamnation du Destin qui arrivait sans réflexion de ta part. Bien Bête était le Malin ! Tu t'excusas, tu me recouvris et me paru si délicieux, comme à l'accoutumée que je te pardonnai, comme toujours.

Tu partis pour te faire pardonner et trouver mon remède, mais je perdis patience. Je commençai à craindre la situation, je sentis le froid quand un serpent apparu. Il allait m'achever ; ce me fut égal à vrai dire. Mais tu revins et tu me sauvas et me contas ses méfaits. Et on partit, heureux, euphoriques, partageant quelques temps la compagnie de personnes secondaires. Mais je voulus Avancer, je te le commandais et tu voulus aussi. On avança et un vieil homme dans la brume salua notre union et ma joie n'en devint que plus grande et juvénile quand on se décida à le fuir comme les deux maîtres du monde qu'alors on était.

Je t'aimais, je n'arrêtais pas de le répéter ce jour-là, comme mes baisers. Je me perdis dans tes bras tandis qu'on suivait le cours du Styx, mais on continuait d'Avancer. Tu étais plus calme, plus pensif. Je craignais cette position que parfois tu prenais autant que je l'adorais. Tu semblais méditer sur la vie, cette chose qui avant t'intéressait et dont tu semblais regagner de l'intérêt. Mais une fois un nouveau saule gagné et sachant que l'Aurore venait, tu choisis à nouveau de te taire et je me perdis dans ce vide. On regagna la Montagne, sans mots, comme la dernière fois, tristement. Et cette fois, même, tu m'en expulsas, sans pitié. J'étais habité par la honte et je n'acceptai même pas que tu me raccompagnes : si tu voulais voir ma déchéance, tu pouvais toujours rêver ! Elle sera seule ou elle ne sera pas !

Et puis je regagnai ma maison, triste, mais conscient du Chaos qui régnait en toi. Je t'aimais c'est tout ce qui comptait et toi aussi, je le voyais. Je pardonnai ton errance car au fond j'étais certain de ta situation ; tu étais à moi et j'étais à toi. Ton titre n'y changeait rien. Je t'avais.

Et puis,

Et puis,

Tu écrasas l'Espoir.

Maux horribles que ceux qui s'abattirent sur moi quand j'appris la Nouvelle.

Un nouveau Message pour m'achever, voilà tout le plan que tu avais échafaudé.

Tu me livras tout dans 4 mots : tu ne m'aimais pas. À nouveau, tu avais laissé, passif, le Mal agir.

Et alors ta victoire fut totale sur le pauvre homme que je fus : j'avais seulement cru et le Mal fut mon seul cru.

Ce n'était pas la première fois et ce ne sera peut-être pas la dernière : ta passivité, ton air taciturne et ta belle insincérité avaient eu raison de moi.

J'étais un morceau de poussière dans ton grand dessein, mais un morceau de poussière plaisant à manipuler et immobile, condamné par tes mains.

C'était donc la fin de notre Grand Jeu qui avait pourtant tant duré et où les autres semblaient nous être de simples pantins à tordre et à manipuler.

Désormais, plus Rien, le vide, les ténèbres ; m'avais-tu seulement délivré du Mal pour mieux m'y livrer ?

Comme l'autre Nouvelle, tu avais surgi, sans bruit, sans odeur, m'annoncer ma chute éternelle.

C'était fini, tout était fini, mes deux piliers avaient fini par céder, je m'en doutais.

C'était pour ça que tu étais le maître des démons : ta passive et infâme indifférence,

M'apporta le Mal.

Tu as gagné

J'ai perdu

Adieu !

Au fond du gouffre...

EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant