𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈𝐈

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Emris

Une vague d'appréhension me submerge à l'idée de ma première journée de cours, aujourd'hui. La pluie incessante martèle les fenêtres de ma chambre, amplifiant le poids déjà pesant sur mes épaules. Le brouillard enveloppe les collines avoisinantes, créant une atmosphère mystérieuse.

Je choisis avec soin mes vêtements, optant pour quelque chose de sobre et confortable. Les souvenirs de mon école à Vancouver résonnent dans ma mémoire, des visages hostiles et des murmures étouffés. Cette fois, je me promets que ça sera différent.

La marche jusqu'au lycée est silencieuse. Le temps, qui a presque fusionné avec mon quotidien, semble accompagner le rythme de mon cœur, amplifiant chaque battement nerveux. À l'entrée, le bruit familier des conversations et des rires étouffés me heurte comme une bourrasque glaciale.

Le couloir ressemble à un labyrinthe, les regards curieux des autres élèves se posent sur moi comme des projecteurs indésirables. J'essaie de me fondre dans la masse, de devenir invisible, mais le poids des regards persiste. Chaque pas résonne comme un écho de mon anxiété grandissante.

Une fois en classe,en cours de physique-chimie, la tension atteint son paroxysme. Le professeur, un homme aux cheveux grisonnants, décide que l'occasion est idéale pour une séance de présentation.

-Aujourd'hui nous accueillons une nouvelle élève, Em-ri-s, veux-tu bien venir te présenter au tableau ? demande-t-il d'une voix polie.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale alors que je me lève, laissant derrière moi le refuge de ma chaise. Les yeux de mes camarades de classe semblent être des projecteurs impitoyables, et chaque pas vers le tableau ressemble à un défi monumental.

Arrivée devant celui-ci, j'essaie de rassembler mes pensées, mais l'angoisse étouffe mes paroles.

-Je suis Emris, dis-je, ma voix à peine audible. Mes mains, légèrement tremblantes, font écho à ma nervosité.

À peine ai-je commencé à prononcer quelques mots que mes pieds trébuchent maladroitement sur le câble d'une rallonge électrique négligemment posée au sol. Un instant de déséquilibre suspendu dans le temps, puis la chute. Mon corps s'écrase sur le sol, le bruit de l'impact résonnant dans la salle de classe.

La honte me submerge alors que je me relève avec difficulté. Je sens le rouge me monter aux joues tandis que les murmures de surprise remplacent les chuchotements habituels. Des petits hoquets d'étonnement échappent à certains de mes camarades.

Le professeur s'approche rapidement, l'air inquiet.

-Emris, tu vas bien ? demande-t-il. La gêne me tord les entrailles. Oui, ça va, répondis-je d'une voix faible, tentant de masquer ma nervosité sous un sourire forcé.

Le professeur, compréhensif, décide de mettre fin à la séance de présentation.

-Je pense qu'il serait préférable que tu ailles à l'infirmerie, tu saignes du genou.

Les regards curieux qui m'avaient observée avec une intensité presque cruelle se déplacent maintenant vers d'autres sujets de conversation. Je m'excuse brièvement et quitte la pièce, laissant derrière moi la scène de ma chute embarrassante. Les ecchymoses discrètes sur mes genoux et l'écorchement de mes mains sont des marques physiques de ma première journée chaotique à Fort Hope. Quelle première impression. Alors que je m'apprête à franchir la porte de l'infirmerie, une voix féminine me fait sursauter.

-Hé, attends ! Je me retourne pour découvrir une fille qui se précipite vers moi. Ses cheveux blonds forment une cascade décontractée autour de son visage, et ses yeux bleus semblent pétiller d'une énergie contagieuse.

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