La semaine a passé beaucoup plus rapidement que je l'aurais cru. ''Le party du siècle'' comme aime bien dire Ben, a lieu ce soir. Je suis un peu nerveux face à cette soirée pour deux raisons. Je n'ai pas été à un party depuis deux ans. Je m'étais ramassé à l'hôpital après avoir déboulé les marches de chez l'hôte de la soirée, je me suis ouvert le crâne et j'ai eu le bras gauche dans le plâtre durant trois mois. J'avais vraiment trop bu. L'autre raison est que je suis nerveux de voir Deryck et de probablement lui parler. Toute la semaine j'ai fait comprendre aux garçons que Whibley n'était qu'un adolescent comme nous, qui vivait sa petite vie, mais sans le dire, je l'admire et je suis nerveux de le voir de si près. C'est un peu niaiseux de penser ça. Une chance que Tim est au courant de tout ça, il pourra me calmer en temps et lieu. Aaron me sort de mes pensées en me lançant un chandail, que j'attrape.

Aaron: Ça va ? Tu as l'air anxieux.

Je le regarde et fais un sourire forcé.

Aaron: Tu sais que tu peux tout me dire, je sais qu'habituellement tu parles de tout à Ben et qu'on ne se connaît pas depuis si longtemps, mais je suis toujours là si tu as besoin de te confier.

Moi: Ça fait six ans que tu es dans ma vie Aaron, tu es tout autant mon frère que Ben, arrête ça.

Je regarde la porte de ma chambre entre ouverte et vais la fermer. Je crois que j'ai besoin de me libérer la conscience, sans que Ben soit au courant, je n'ai pas envie d'entendre sa petite phrase "tu vois, tu n'es pas différent de nous", chose que je sais pertinemment qu'Aaron n'aura pas. Mon meilleur ami est sorti de la chambre pour au moins une bonne dizaine de minutes, alors j'ai le temps de parler de mon problème.

Moi: En fait, je suis vraiment anxieux pour ce soir. Ne me dis pas que tu le savais, ou que je ne suis pas différent de vous, mais je n'arrive pas à penser à cette soirée sans devenir anxieux. Je me dis que je vais voir une personne que j'admire aussi près de moi et je ne sais pas comment je vais réagir et c'est de ça que j'ai peur.

Aaron: Dit-moi, comment tu réagirais devant Foligno ?

Moi: Normalement.

Aaron: D'accord. Et devant Eddie ?

Moi: Probablement normal aussi. Pourquoi ?

Aaron: Foligno est ton joueur de hockey préféré, tu réagirais normal. Eddie est le chanteur de Pearl Jam, qui, soi-dit en passant, est ton groupe de musique préféré, tu réagirais normal aussi. Ils sont deux personnes connues dans deux domaines différents. Pourquoi tu serais anxieux, alors, d'un adolescent de notre âge durant une soirée qui a lieu chez lui ?

À bien y réfléchir, je n'en ai aucune idée. J'ai beau chercher, je ne trouve pas. Aaron me regarde attentivement et son visage change d'un seul coup.

Aaron: Attends ! Ne me dis pas que tu as un crush sur lui ?

Je sursaute.

Moi: Quoi ? Non ! Pas du tout ! Oui il est mignon, mais je n'ai pas de crush sur lui, tu l'aurais su bien avant ça.

Aaron: Tu es sûr ? Je pourrais comprendre si tu en avais un. Être gay, j'en aurais un moi aussi !

Moi: Je te confirme que je n'ai pas de crush sur lui. Je n'ai pas encore croisé quelqu'un cette année qui m'a tapé dans l'œil. Malheureusement.

Mon ami me sourit tristement et nous changeons de sujet. Il y a trois ans, j'ai fait mon coming out étant gay à mes deux amis, ma sœur et mon père. Les quatre l'ont très bien pris, même qu'ils s'en doutaient tous, puisque je n'avais jamais parlé de filles, seulement de garçons. À l'école, personne n'en fait de plat, étonnamment, alors je peux vivre ma vie sans me faire dire des choses méchantes.

Lies |FRANÇAIS|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant