Mise en garde
La pluie s'écrase brutalement sur la fenêtre mansardée de ma salle de littérature, le son me berce pendant le cours de littérature de Mrs. Carre qui s'égosille sur l'estrade, six rangées de tables devant moi. J'apprécie pourtant la littérature mais je n'ai pas pu dormir de la nuit, faisant des allers retours dans le couloir entre ma chambre et celle de mon petit-frère n'osant pourtant pas frapper à sa porte, de peur qu'il m'en veuille mais aussi qu'Hélène ne me voit à son chevet et qu'elle appelle ma mère pour la prévenir de mes faits et gestes envers Charles. Alors quand j'eus mal aux jambes à cause de mes vas et viens forcenés dans le couloir, je me suis assise à ma fenêtre en fumant clope sur clope jusqu'au moment où le tabac me donna envie de vomir et je décida d'aller me coucher quand les premières lueurs de l'aube percèrent le velours noir de la nuit.
Benjamin rentra à peu près au même moment sur les coups de 6h du matin, je l'ai entendu alors que je commençais à sombrer dans les bras de Morphée, ma mère l'a accueillit en glapissant des reproches sur son heure de rentrée bien tardive ou tôt, ça dépend du point de vu.
La dispute s'est terminée de la même manière que quand elle le fait un peu trop chier, un claquement sec qui me fit sursauter entre mes draps, puis les pleurs et reniflements silencieux d'Elizabeth qui s'excusait de son comportement. Elle aurait du partir depuis longtemps de cette famille bancale, à partir du moment où elle a appris pour Hélène par exemple, une trahison parmi tant d'autres. Ce n'est pas la peur qui la maintient dans ce mariage de convenance où l'amour n'existe plus depuis la cérémonie. Je ne lui en voudrais pas de partir, après tout on reste toutes les deux pour la même chose : l'argent.
Elle n'a pas besoin de travailler, Benjamin s'occupe d'elle, elle a même une carte à son nom dans son portefeuille tandis que moi, j'aurais seulement à spécifier le nom de l'école dans laquelle je veux finir et il m'y fera entrer. C'est injuste envers les autres qui se donnent les moyens de réussir mais je ne vais pas cracher dans la soupe non plus, on fait tous semblant alors autant en profiter.
Puis après leur altercation, il est monté, je l'ai entendu grimper les escaliers doucement d'un pas assuré, avec son autorité naturelle que je lui connais bien. J'ai fermé les paupières prétendant dormir, je ne voulais pas m'affronter à une discussion avec mon géniteur, elles n'arrivent pas souvent et sont encore moins désirées, alors il a simplement toqué à ma porte, elle était légèrement ouverte et je l'ai entendu la pousser. Il prit alors une grande inspiration avant de murmurer : - ça pue la cigarette.
Sa remarque m'arracha un sourire ironique ; il aimait faire comme ci il en avait quelque chose à foutre que je fume alors qu'en réalité il se demandait plus si la fumée allait jaunir les murs. Puis il claqua doucement la porte prenant soin de me réveiller si je dormais réellement, sa manière de me punir pour noircir mes poumons sous son toit. Après cette interaction, mon sommeil n'avait été que de quelques minutes et je sentais à présent le poids de ma tête décuplée à cause de la fatigue. Mon bras qui me servais d'appui durant la première demi-heure de cours s'écrase finalement sous mon poids et je me laisse aller contre le bois lustrée du bureau que j'occupe au dernier rang de la salle de classe.
Les bavardages discrets autour de moi font taire mes pensées autour de l'inconnu que j'ai percuté ce matin. Le choc fut si violent que j'en suis tombée, ma cigarette m'a imitée et je n'ai pas osée la reprendre, elle avait terminée sa route sur sa basket blanche et j'avais perçue la tache que la cendre avait laissée sur le tissu autrefois immaculé. Ses yeux clairs m'avaient jaugé froidement et il avait esquissé un « putain » d'une voix rauque qui m'avait fait trembler. Il transpirait le danger et à ses pieds je me sentais en position bien vulnérable, alors de peur de recevoir un coup, j'avais rassemblé mes affaires espérant m'enfuir le plus vite possible, son regard clair s'était attardé sur mes cuisses et m'avait fait rougir, la chute avait fait remonté ma jupe plissée sur le haut de mes cuisses, on pouvait voir mon collant et la ligne noire indiquant que cette partie n'était pas censée être découverte au public. De peur de découvrir ses mauvaises intentions je m'étais presque enfuie en marmonnant une excuse. Depuis je ne pensais qu'à ses yeux bleu, presque gris qui m'avait jaugé, je n'avais pas vraiment remarqué le reste de son visage, seulement le ressentiment que j'avais aperçu à mon égard dans ses iris, ce regard m'avait transpercé et marqué. Je me doutais que le reste de son visage devait être accordé à des yeux aussi beaux et je m'en voulais de ne pas y avoir prêté une plus grande intention.
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Hell Haine
RomanceJusqu'ici tout vas bien. Nos deux mains étaient enlacées et nos pieds se balançaient dans le vide de la ville. Les sirènes des pompiers résonnaient en contrebas alors que les coins de mes lèvres se traçaient en un rictus que je ne me connaissais pas...