Malédiction : Partie 3

0 0 0
                                    


Depuis la présentation d'Onar, un vide s'était installé dans la résidence. Les salles demeuraient sans vie, les entraînements avaient cessé et plus aucun cri ou hurlement ne résonnait dans les couloirs. Cela offrait une ambiance morose et presque oppressante pour la fillette.

Rien ne se passait, elle ne subissait rien et pourtant elle n'avait pas confiance en ce manque d'activité. Elle avait fini par prendre l'habitude de faire le tour du manoir et ses extérieurs afin de trouver ses parents ou même une quelconque personne qui pourrait travailler dans les parages.

Malgré qu'elle se satisfaisait de ne pas les voir pour éviter toute violence, elle préférait savoir si une chose se préparait. En particulier lorsque cela risquait de lui retomber dessus. Pourtant, aucun signe de vie à l'horizon. Laissée à son sort, Kairi n'avait d'autres choix que de vivre par elle-même. Les cuisines, toujours bondées pour diverses préparations étaient désertes et n'offraient que de légers snacks qui servaient à peine à se rassasier. N'ayant pas réellement le choix, l'enfant supportait cela depuis le matin et continuait d'errer dans les nombreuses pièces de la bâtisse.

La petite pénétra dans le grand hall événementiel, où la présentation avec le chef de famille avait eu lieu. Sur l'estrade, assis sur l'imposante chaise en velours, un homme semblait attendre. Kairi eut un sursaut lorsqu'elle le vit. Cet homme n'était pas n'importe qui : son père. Il la toisa du regard. La petite n'osait ni bouger ni faire de bruit, sentant la tension presque palpable en ces lieux. De longues minutes s'écoulèrent sans qu'aucun d'eux n'agisse. D'un regard presque meurtrier, Ugo finit par casser l'ambiance en s'exprimant d'une voix grave :

– Tu n'as rien retenu, rien appris. Pour qui tu te prends comme ça. Tu peux me le dire ? Une Rieffen peut-être ? Je t'ai pourtant déjà expliqué des centaines de fois ce qu'était un Rieffen. Notre famille est puissante ! Imposante ! Et dirige un pays tout entier ! Un Rieffen n'a pas peur, ne pleure pas, ne recule pas devant un combat. Et surtout. Jamais un Rieffen ne fuit ! Que ce soit son rang ! Ses responsabilités ! Son sang ! Tu n'as jamais honoré un seul de ces points ! Tu ne sais rien faire ! Pourtant tu serais ma fille ?! Un échec aussi cuisant ne peut être autre chose qu'une erreur ! Et moi les erreurs... Je les supprime ! Ton sang doit couler. Que ton corps tremble encore et encore ! Il finira en miettes ! En un tas si informe que personne n'osera plus jamais dire que tu as été une Rieffen ! A partir de maintenant, bats toi ou meurs !

Le dirigeant se leva brusquement de son siège, dégaina son arme d'un geste vif puis se rua sur sa fille. Kairi se jeta en panique sur le côté et roula sur le carrelage. Cependant, elle n'eut pas le temps de relever la tête qu'une douleur intense se manifesta : son père avait brutalement enfoncé sa lame dans ses côtes. Son hurlement de douleur résonna sur les parois de la pièce. La fillette gémit, se tortilla et se débattit du mieux qu'elle le put jusqu'à ce que l'épée fut retirée. Elle releva la tête, le poing serré sur le sol et put observer son père lui jeter son arme devant elle tout en vociférant de nouvelles reproches :

– Tu veux me donner raison c'est ça ?! Tu es même incapable d'éviter de si simples coups ?! De quoi as-tu besoin au juste hein ? Une arme ? Prends la alors !

Kairi fixa la lame lâchée sur le carrelage. Sa main tremblante la saisit pendant que la seconde servait d'appui pour relever péniblement son corps. Les deux se rejoignirent sur le manche. Ses yeux se relevèrent lentement en direction de son père : la seule chose que l'enfant vit fut la lame qui s'abattit à nouveau.

Par instinct, Kairi leva son épée. Les lames se cognèrent l'une contre l'autre d'une telle force qu'Ugo recula de quelques pas. En revanche, le choc fut bien plus puissant pour la petite qui bascula en arrière tout en laissant sa lame s'échapper. Kairi voulut la récupérer immédiatement, connaissant le danger juste au-dessus d'elle.

Coeur des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant