Coeur des Cendres

Malédiction : Partie 5

Kairi fixait le Zélien face à elle droit dans les yeux. Son regard ne faillait pas, son corps ne tremblait pas. Au contraire, il respirait de confiance. Onar était stupéfait face à un tel changement dans le comportement de l'enfant. Il n'avait pas prévu une réponse si sèche et agressive de sa part. Tout en prenant une grande inspiration, l'homme lui offrit un sourire crispé tout en s'abaissant à sa hauteur.

– Pourquoi une telle rétorque ma petite Générale ? Je suis ton allié après tout. Ton seul allié. Tu rejetterais l'unique personne qui ne t'a jamais offert son soutien ici ? C'est une décision grotesque, en particulier de ta part.

– Et pourquoi j'aurais envie de t'écouter hein ? rétorqua Kairi dans un ton empli d'insolence. Tu n'es personne à mes yeux à ce que je sache. A l'exception de... de quoi déjà ? Ah oui ! Un vulgaire chef de famille. Retourne t'occuper de ta femme et tes gosses, c'est tout c'que t'as à faire le vieux.

Un silence suivit. Onar serra les poings, les dents, l'entièreté de son visage se crispait de colère. Il finit dans un élan soudain par saisir le menton de la fillette et le pressa dans sa main tout en la forçant à le regarder.

– Ecoute moi bien petite ingrate. Je suis le chef de la famille Corestia ! La famille de tes propres descendants ! Je suis le cousin de ton père et je ne tolérerais aucun affront de ta part ! Cette place devrait revenir à ceux qui ont réellement travaillé leur rang ! N'importe quel Corestia sauf toi ! Ils ont suivi des entraînements, des traditions et se sont même tués à la tâche pour devenir les meilleurs de leur famille ! Mais à la place... Tu es là. En vie. Et tu sais quoi ? Cela ne change rien. Car comme n'importe quel Rieffen inapte au pouvoir, tu trépasseras. Et personne ne se souciera de quoique ce soit si je rétablis l'ordre des choses dès maintenant.

Kairi se dégagea immédiatement de l'emprise d'Onar et bondit en arrière. L'homme dégaina son épée et fendit sur elle prêt à l'empaler. Les mouvements de la plus jeune étaient instables, précipités, ils manquaient cruellement de précision et surtout de sang froid. La réflexion n'était plus la priorité pour elle. Ce qui l'était, c'était sa survie.

Je comprends que tu paniques mais il n'est clairement pas doué. Laisse-moi guider tes pas, tu te sentiras plus légère. Respire.

La fillette souffla et s'abandonna aux pensées qui parcouraient son esprit. Elle sentit son corps devenir plus léger. Ses mouvements se faisaient sans même qu'elle n'ait à les dicter. Ses déplacements gagnaient en précision, sa vue ne fixait que son adversaire, ses mouvements semblaient prédire chacune de ses actions. Kairi ne comprenait pas complètement ce qu'il lui arrivait mais une chose était sûre : son corps ne suivait plus sa propre volonté mais celle d'une autre.

Onar s'acharnait à vouloir massacrer la petite. Ses coups étaient puissants et visaient juste. Son seul obstacle était la vitesse et l'agilité imprévisible de son adversaire. Il n'abandonnait pourtant pas. Cela l'enrageait encore et encore de voir sa cible lui échapper de peu à chaque nouvelle attaque portée. Malgré cela, l'homme souriait.

Il savait pertinemment que Kairi ne pouvait pas être aussi endurante que lui et qu'il lui suffisait de tenir la cadence pendant encore une dizaine de minutes avant de la voir s'effondrer de fatigue. Cette pensée le convaincu davantage d'accélérer la cadence et d'enchaîner des bottes et des coups de plus en plus fourbes pour lui donner de plus en plus de difficultés.

Ecoute petite. Il ne nous lâchera pas. Alors fais moi confiance et abandonne toi à moi. Kairi ne protesta pas et laissa son corps et sa voix complètement à la merci de cette étrange entité. Elle put entendre sa propre voix comme si un clone s'adressait à ses côtés. Elle eut pourtant du mal à reconnaître le son qui sortait de sa bouche. Il semblait plus sombre et provocateur, ce qui lui donnait un air plus mature.