Coeur des Cendres

Malédiction : Partie 4

Les bruits de la foule ne cessaient pas. Des cris encourageaient dans un combat sans merci deux épéistes acharnés et présents dans l'arène afin d'en découdre dans le seul but de pouvoir s'amuser et prouver lequel des deux est le plus puissant. Kairi n'avait jamais entendu une telle agitation autour de chez elle.

Bien que les conditions ne semblaient pas appropriées, une ambiance festive pouvait presque ressortir de cette scène. La fillette ne supportait pas tout cela. Elle fixait le sol, traînant lentement ses pieds pour se diriger vers le combat. A une centaine de mètres de cette dernière, le bruit cessa. Une seule voix féminine s'éleva dans l'air :

– Tricherie ! Sale traître ! Comment oses-tu ?! Je refuse de suivre un dirigeant qui n'a aucun mérite !

Après cela, les encouragements se transformèrent en haine. Des hurlements stridents crachaient de nombreuses insultes, des coups se firent entendre dans la foule, les sons distincts se transformèrent en un brouhaha. Kairi porta une main à son crâne en fermant les yeux puis finit par relever sa tête vers l'arène pour voir ce qu'il en retournait.

Personne.

La fillette était seule dans les environs. Pas même un garde ne faisait sa patrouille aux alentours. La petite resta bouche bée et confuse; elle observait toute la zone sans jamais trouver une origine à autant de boucan autour d'elle. Finissant par se résigner, Kairi continua sa route jusqu'à se diriger vers la forêt.

La curiosité la poussait à retrouver les lieux de ses rêveries de la veille dans cette étrange clairière au lac presque magique. Kairi retraçait le chemin de son rêve à la lettre. Bien que le soleil était au zénith, tout était très sombre. L'ambiance semblait presque lugubre, de nombreux bruits de crissements et de branches se faisaient entendre.

Elle n'était pas seule. La fillette ressentait qu'une autre personne était dans les parages. Ses pieds s'arrêtèrent net pendant qu'elle analysait les alentours avec grande minutie. C'était à ce moment qu'elle regrettait de ne pas porter constamment sa lame à sa ceinture comme son paternel en avait l'habitude.

Les bruits s'intensifiaient autour d'elle. La gamine commençait à comprendre peu à peu que ce qui l'entourait n'était pas Zélien. Des grognements bestiaux s'élevèrent dans les buissons tels ceux de prédateurs attendant la meilleure occasion de se jeter sur leur proie.

Kairi s'efforça à décoller ses pieds du sol pour fuir à toute allure. Elle ignorait si les bêtes l'avaient poursuivies et n'osait pas prendre le temps de savoir si l'une d'entre elle l'avait suivi. La petite finit par arriver à destination.

Par chance, elle arriva seule mais fut surprise de voir que deux personnes étaient déjà présentes. Deux femmes se tenaient devant la gamine, face au lac. L'une portait l'autre dont la tête pendait en arrière. Kairi reconnut facilement le visage ténébreux entouré d'une chevelure blanche et noire : c'était Fine. Inconsciente, elle se faisait porter par la seconde personne à la longue chevelure châtain clair aux reflets argentés.

Habillée très simplement contrairement aux coutumes du pays, sa tenue ne se composait que d'une robe bleu ciel qui descendait jusqu'à ses genoux et lui offrait un style se rapprochant d'un patient d'hôpital. Ses jambes nues présentaient ses taches zélienne comme de fines fissures d'un beige presque blanc parsemé à divers endroits, donnant des airs de poupées de porcelaine. La voix de cette dernière s'éleva lentement dans les airs. Kairi eut un sursaut lorsqu'elle comprit que c'était à elle que la femme s'adressait :

– Tu es arrivée plutôt vite, j'en suis très heureuse. Nous pourrons cohabiter beaucoup plus facilement. Laisse-moi d'abord mettre un terme à cette guerrière du passé.