Chapitre 16

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Alexeï


— T'as pas besoin de ta grosse doudoune et de tous tes pulls, Athalia.

Je tente de lui faire entendre raison, malgré l'acharnement et l'énergie que la jeune femme met pour fermer sa valise qui vomit des vêtements de tous les côtés.

— Et si j'ai froid ? réplique-t-elle sur un ton qui laisse entendre qu'elle s'est posé la question des dizaines de fois, tout en tirant sur la fermeture.

— Il fait 30 degrés en Croatie, je réplique pour toute réponse, un sourcil haussé.

— Peut-être, mais si ça se trouve, quand on arrivera là-bas il fera froid ! On ne sait jamais.

— Il ne fera jamais aussi froid qu'ici.

Mon ton ennuyé semble l'agacer, alors qu'elle s'assoit avec une certaine férocité sur le dessus de sa valise pour tenter de rapprocher les deux côtés de la fermeture éclair.

Je la scrute, amusé derrière le bord de ma tasse de café.

Nous sommes samedi matin, et notre vol pour la Croatie est prévu lundi à dix heures à l'aéroport le plus connu du pays.

Si j'ai hâte de partir, je me demande ce que peut bien ressentir Athalia, étant donné qu'elle me parle de ce voyage depuis plusieurs jours maintenant.

Et si je ne sais pas qu'elle compte visiter coûte que coûte les remparts médiévaux de la ville où nous séjournerons, c'est qu'il y a un problème, puisqu'elle me le rabâche dès qu'elle en a l'occasion.

— Déjà, pourquoi tu fais ta valise au dernier moment ? C'est un concept qui m'échappe, je raille dans sa direction, en observant ses cheveux en pagaille qui s'agitent sur le dessus de sa tête, en rythme avec ses gestes tempétueux.

— Je ne... La fais pas... Au dernier moment, s'essouffle-t-elle en poussant finalement un juron en constatant, après une dizaine de minutes, que sa valise ne se fermera jamais tant que sa grosse doudoune restera à l'intérieur. Il nous reste deux jours.

— T'as toujours réponse à tout, hein ?

Athalia me lance un sourire effronté depuis le sommet de son promontoire improvisé, et je me mets finalement à rire en finissant le liquide amer qui reste au fond de mon récipient.

Ce dernier m'a d'ailleurs bien fait rire la première fois que je l'ai vu sur l'égouttoir, puisqu'il a été personnalisé avec une photo de George, qui a l'air complètement blasé dans son panier de fortune.

En l'apercevant, j'ai aussitôt demandé à Athalia si je pouvais l'avoir, et elle m'a autorisé à m'en servir à chaque fois que je venais chez elle.

Ce qui est, pour ainsi dire, très souvent.

— Bon, lève-toi je vais t'aider, je finis par lui dire, éreinté de la voir dépenser son énergie pour rien.

Mécontente, elle accepte cependant de se redresser, et se dirige ensuite vers l'immense plan de travail en marbre blanc de la cuisine pour aller se chercher l'un des toasts à l'avocat que j'ai préparé en me levant.

La cuisine en elle-même est très spacieuse et lumineuse grâce aux grandes fenêtres qui, placées face au soleil, l'inondent de rayons chatoyants. Cela permet aussi de réchauffer le pelage de George quand, heureux, il vient se blottir sur le carrelage ensoleillé.

— Si tu veux prendre ta doudoune, tu n'auras qu'à la mettre sur toi en partant, je lui explique en sortant le lourd vêtement de la valise. Ensuite, les pulls... Bon sang Athalia, qu'est-ce que c'est que ça ?

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant