Chapitre 34

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Athalia


Alexeï me regarde quand je traverse la cuisine, quand je vais changer la chaîne à la télé, quand je remplis d'eau la gamelle de George, quand je me lave les mains.

Il me regarde sans arrêt. Ses iris intenses qui suivent ma silhouette à la trace font naître en moi un sentiment puissant que j'ai envie de faire imploser en plaquant mes lèvres sur les siennes.

Ok, on se calme.

Je me suis enfermée dans la salle de bain pour commencer à me préparer pour ce soir, bien décidée à me maquiller seule cette fois-ci.

Mes mains plaquées de part et d'autre du lavabo nacré, dont les contours dorés me rappellent ma condition sociale, j'observe mon visage se refléter dans l'immense miroir face à moi.

C'est la première fois que, aussi fou que cela puisse paraître, je n'ai pas l'irrépressible envie de regarder ma langue. De prendre ma température.

Quand j'y pense, je me dis que je pourrais le faire. Ce n'est qu'une question de quelques secondes. Mais je n'en ressens pas le besoin.

Je sais que je ne suis pas malade. Je me sens bien. Pour la première fois depuis des mois, je me sens enfin normale.

Ça ne va peut-être pas durer, car a contrario, j'ai toujours la sensation d'avoir les mains sales et de devoir me les laver. Mais si ce n'est que ça, c'est déjà un très bon début.

— Allez Athalia, prépare-toi.

Je m'adresse à mon reflet pour me secouer, mais reste accaparée par les couleurs qui se sont éprises de mon visage depuis un certain temps maintenant.

Je ne voulais pas y prêter attention avant, trop préoccupée par tous les changements moraux et sentimentaux qui ont fait irruption dans ma vie. Mais je suis bien forcée de constater que des changements physiques se sont, eux aussi, imposés à moi.

Mes cernes ont considérablement réduit, mes joues ont repris un peu de leur rondeur et de leur délicate couleur rosée.

Mes yeux, eux, sont plus chaleureux, pétillants. L'état de ma peau s'est aussi amélioré, elle n'est plus excessivement grasse comme elle l'était à cause des soins que je ne faisais pas.

Sa couleur est plus pulpeuse, lumineuse. On est bien loin du teint blême, à la limite du cadavérique, qui me suivait il y a encore quelques mois.

J'ai l'air plus revigorée, en meilleure forme. C'est Alexeï qui me rend comme ça. Il est encore plus puissant qu'une cure de vitamines. Il me fait du bien sur tous les points.

Satisfaite de l'image que je renvoie, je me passe les mains sous l'eau pour bien les nettoyer, avant de commencer à attraper de quoi me préparer.

Mes cheveux sont déjà propres, ainsi que le reste de mon corps puisque je sors tout juste de la douche. Ainsi, en rentrant, je n'aurais plus qu'à me glisser sous les draps aux côtés d'Alexeï.

Cette simple idée permet à mon cœur de battre des records de pulsations, et inonde délicieusement mon ventre d'un torrent de frissons. Penser à ses bras protecteurs autour de mes épaules, son torse pressé contre moi, son souffle sur le haut de mon front, me trouble un instant.

Qu'est-ce que je m'apprêtais à faire, déjà ?

Je baisse les yeux vers le pinceau que je tiens dans l'une de mes mains, et vers le poudrier qui recouvre ma paume dans l'autre.

Ah oui. Allez, on se concentre.

Je me force à stabiliser mes pensées, et m'occupe sans plus attendre de recouvrir ma peau de ces nombreux produits mis à ma position, que j'ai obtenus à la suite de nombreuses collaborations.

𝑵𝒆́𝒎𝒆́𝒔𝒊𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant