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Point de vue de Lana

L'infirmiere enfonce le cathéter dans ma peau et commence à prélever mon sang. J'ai beau supplier, insulter, menacer, tout le monde se fiche de l'espèce de fille que je suis, cadenacee à mon lit. Une poche. Puis deux. Puis une troisième.

"Eh bande de tarés ! Vous allez me tuer! Arrêtez vos conneries!"
"Il faut bien nourrir monseigneur..."

Quelle horreur.
Passer tant d'années à refuser mon coeur et mon sang a ces saloperies pour finir en dîner pour sangsue...

Un coup d'oeil à la poche qui se remplie. Mon coeur me fait mal, je suis nauséeuse. très vite la tête me tourne en plus. C'est l'énervement... Je dois à tout prix me calmer si je veux m'en sortir vivante...
Je m'astreins à un exercice de respiration mais les contours de la chambre deviennent de plus en plus flous avant que je sombre dans le néant.

Une bulle.
Une sorte de parenthèse enchantée.
Il y a comme un instant suspendu.
Comme la caresse d'une mère aimante.
Comme un doux ressac sur une plage de reve.
Comme la sensation d'aller se coucher le ventre plein dans des draps propres.
Je suis bien.
Comme si j'étais à ma place et l'univers paisible et à l'endroit.

C'est la que je la sens. Une main douce, qui m'effleure, me cajole les cheveux, suit la courbe de ma joue
Maman?

Mes yeux s'entrouvrent sur une lumière trop vive, trop blanche, et je les referme, pour assimiler. Mais assimiler quoi?

De longs cils noirs. C'est tout ce que j'ai vu.
Et un tissus ancien qui s'effrite sous mes doigts. C'est tout ce que j'ai ressenti.
Et un parfum boisé.

Il me faut quelques secondes encore pour que je retente l'expérience.

Deux pupilles semblables à des améthystes.

Quoi?!

Je sursaute et me débat mais j'ai l'impression d'être une stupide mouche qui asticote un lion. Et le lion me redresse contre son épaule, comme on le ferait pour un enfant qui se réveille d'une longue sieste.

"Bonjour Machmad"
"Hein? y a erreur sur la marchandise la. Lâchez moi!" Qui c'est ce cinglé? Ce type immense avec la plus large paire d'épaules que j'ai jamais vue! Avec ses longs cheveux noirs de jais et son visage aux traits durs mais qui semble me contempler avec un air... Doux?

"Tout va bien, tu es en sécurité désormais et je t'ai libéré de tes chaînes Machmad"

Mes chaînes? Mes chaînes! J'étais attachée lorsque j'ai été capturée. Je lève les mains à hauteur de mes yeux et les écarquille. Putain. Plus de chaînes , de cathéter ou de capteurs pour trahir mon état de santé et mes emotions.

Et mes pieds!? Libres aussi! 

"Tu veux descendre de mes genoux?" Propose le géant. J'amorce le mouvement de descendre en balançant mes pieds et il semble comprendre, puisqu'il me libère.

Je fais quelques pas et une fraîcheur passe dans mon dos. Putain! La blouse. Je tourne sur moi même pour tenter d'apercevoir ma nudité et  je me tourne pour lui en cacher la vue, mais en apercevant son regard beat, je comprends qu'il n'en a pas raté une miette!

Je tourne sur moi même, à la recherche de quelque chose pour me dissimuler, mais je ne trouve rien. Par contre, quelque chose m'intrigue.
Une sorte de brume parme qui se diffuse dans la chambre, et qui semble provenir du géant.
Et qui s'accorde parfaitement avec ses yeux hypnotiques.

"Qu'est ce que c'est que... Ça ?" Dis je en montrant la fumerole.
"Notre tranquilité mon amour ..." mon amour!? Hein? J'ai raté un épisode?
"Euh..? Je...?" Je tourne sur moi même, cherchant un indice, de l'aide ou un putain de pantalon,  confuse.

"Où sont mes vêtements?"
"Je vais te faire porter des vêtements dignes de ton nouveau statut" je ne comprends rien à ce qu'il raconte. Mais dans quel asome de Fous je suis encore tombée!?
"Que... Quoi?"
"Remets toi au lit pour l'instant. Je vais réveiller le personnel et faire en sorte qu'on te nourrisse et qu'on t'amène de quoi te vêtir."

Il y a quelque chose. Dans ses yeux. Dans sa voix. Dans sa posture.
Quelque-chose qui me dissuade de m'opposer à lui. Qui me dit qu'il agit pour mon bien. Que ce lit est la chose la plus necessaire au monde à mon bien être. Qu'il est si confortable et que ça serait si bon de m'y installer ne serait ce que quelques secondes pour goûter au bonheur simple d'y rester, bien au chaud.

Je me glisse entre les draps râpeux et la sensation me paraît si satisfaisante...

L'homme gigantesque passe la porte, diffusant sa brume dans la chambre qui m'envelopper doucement pour me plonger dans mes plus merveilleux songes que j'ai pu faire au cours de ma vie.

Série Moon: La rebelle et le roi LycanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant