Un de perdu une de retrouvée

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PDV Eléos

- N'oublie pas Eléos ! Ton rendez-vous est à... commença Viviane en enfilant ses chaussures pour aller faire des courses.
- Treize heures trente, je sais ! continuai-je exaspérée qu'elle me le répète autant de fois.
- C'est cela... opina-t-elle tout en fermant son manteau. Et tu dois nourrir le poisson avant de partir ! Et ferme la porte derrière t...
- Mais oui, mais oui ! soufflai-je en remontant les escaliers, bien décidée à m'occuper avant mon rendez-vous dans quarante minutes.
J'entrai dans ma chambre, et me laissai choir sur mon matelas. Quand je fus sûre que Viviane était partie, j'allai dans sa chambre et la fouillai, dans l'espoir de trouver mon téléphone portable qu'elle m'avait confisqué. Quand enfin je mis la main dessus, j'allai dans mes contacts favoris et appuyai sur le nom de "Sam".
- Allô ? fit une voix tout en mâchouillant quelque chose.
- Tu manges quoi ? m'empressai-je de demander, curieuse comme j'étais.
- Une tartine au... commença-t-il.
- Nutella ! devinai-je.
- Non... s'exaspéra-t-il. Je n'ai plus de Nutella... Merci de tourner le couteau dans la plaie...
- Oh... Euh... Désolée... Je ne pouvais pas savoir...
- Oublie... Alors, reprit Sam d'une voix plus enjouée, que se passe-t-il ?
- On va à la mer ? proposai-je soudainement.
- Ça me va ! accepta-t-il. Je vais juste voler la voiture de mes par... Eléos ! cria-t-il comme s'il venait de se rappeler d'un détail.
- Oui ? fis-je innocente.
- Tu n'iras pas à la mer ! Tu iras à ton rendez-vous chez la conseillère d'orientation !
Je soufflai de mécontentement. Si même mon meilleur ami s'y mettait...
- Eléos... m'appela-t-il doucement. C'est pour ton avenir, c'est impor...
- Mais tu ne comprends pas ? m'emportai-je. Je n'ai pas d'avenir ! Je suis orpheline sans aucune chance de retrouver mes géniteurs ! J'ai perdu la femme qui se rapprochait le plus d'une famille pour moi ; Léonore ! Même mon meilleur ami commence à faire l'adulte !
- Je ne fais pas l'adulte ! C'est toi qui doit grandir Eléos ! Grandis enfin ! Ce n'est pas parce que tu es sans famille que tu peux te permettre de jouer la gamine à longueur de temps ! Arrête de faire ta victime, au moins tu as une famille qui t'héberges !

Je ne rêvais pas ; c'était le garçon qui ne faisait que manger du Nutella et qui pleurait quand il n'en avait plus qui disait de moi être une gamine !
- Je te hais ! Je te hais ! pleurai-je en espérant lui faire mal avec mes paroles.
- Je m'en fiche... Du moment que tu rentre bien ce que j'ai dit dans ta petite tête.
Et il raccrocha.
Mon meilleur ami venait de me laisser tomber.
Ma confidente était dans le coma.
Et mon amie du rêve ne restait jamais longtemps avec moi.
J'étais seule...

Après avoir nourri le poisson rouge, je sortis de la maison, sans oublier de fermer à clé, comme m'avait dit Viviane.
Je pris le bus et arrivai chez la conseillère pile à treize heures trente. Elle sortait de son bureau avec une fille, au moment où j'entrai dans la salle d'attente. Je ne saurais vous dire à quoi ressemblait la conseillère ou même la fille, car j'étais toujours bloquée sur la dispute avec Sam. Avais-je dit quelque chose de déplacé ?
- Eléos Deniss ! m'appela-t-on.
Je me levai et fixai le sol. Je ne relevai pas mes yeux, pas même quand je me cognai contre la fille qui sortait.
Je m'engouffrai dans le bureau et pris place sans en attendre l'autorisation.
- Bonjour Eléos, me fit la conseillère, mais je ne l'écoutais que vaguement. Je m'appelle Mrs L...
- Écoutez, la coupai-je en la regardant enfin, je m'en fiche de votre nom, et vous vous en foutez du mien ou de mes hobbys. Alors, ce qu'on va faire, c'est qu'on fait genre que vous m'avez fait passer le test, mais que "malheureusement" aucune école ne me convient. Je serai donc dans l'obligation de me faire interner, loin de tout ça. Ok ?
Elle avait gardé son faux sourire tout le long de mon discours. Mais peu à peu, il devint de plus en plus sincère.
- Bien, me dit-elle en souriant gentiment. Je vais chercher la lettre qui dira tout ce que tu as résumé.
Elle avait accepté ? Bizarre...
Elle lâcha la pierre qu'elle triturait depuis tantôt, et se leva en lissant sa jupe rouge cerise.
Ses talons aiguilles résonnèrent le temps qu'elle tourne dans un couloir.
Je regardai la pierre que je trouvais étrange. Je me levai maladroitement et pris l'objet qui se trouvait à porté de main.
Dès que je touchai la pierre, je crus voir de la lumière bleue illuminer la pièce. Mais j'avais dû rêver. D'ailleurs Mrs je-sais-pas-son-nom toussota pour me faire revenir à la réalité.
- Pardon... m'excusai-je en reprenant ma place.
Comme réponse, elle me fit un sourire, auquel je répondis. Sa bonne humeur était contagieuse.
- Tiens !
Elle me tendit une enveloppe sur laquelle il y avait mon nom et un sceau rouge.
- C'est un internat bien loin de ta famille d'accueil. Pour sûr, il te plaira ! s'exclama-t-elle.
- M... Merci...
Je me levai, attrapai l'enveloppe, et me dirigeai vers la sortie.
- Bonne chance Eléos... me souhaita-t-elle.
Depuis mon revoie, on m'avait souvent dit ça "Bonne chance". Mais pour une fois, je savais que c'était sincère. J'aimais beaucoup cette conseillère. Très compréhensive.
Toujours dans mes rêveries, je ne remarquai pas qui m'avait empoigné le poignet pour m'emmener à l'écart. Ce ne fut que lorsque j'entendis mon "surnom" que je la vis.
- April ! sourit-elle.
Je fis de gros yeux, et sans comprendre pourquoi, et même sans trouver mon geste déplacé, je serrai "Coré" dans mes bras.
Sam et Léonore m'avaient peut-être lâchée. Mais il me restait elle. Ma nouvelle amie. Ma nouvelle confidente.
Ma paire.
Ma sœur de cœur.

The light of sisters [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant