Ne pas se dire nos noms !

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PDV Eleos

- Eleos ! Ma belle ! cria quelqu'un tandis que je prenais mes affaires dans mon casier pour mes premières heures de cours.

Je me retournai et reconnu mon ami, que je m'empressai d'aller serrer dans mes bras.

- Sam ! dis-je. Tu m'as trop manqué !

Et c'est vrai, car depuis que j'étais privée de contact extérieur, à part pour aller en cours, ç'en était fini de mes soirées délirantes avec mon ami.

- On a dessin en premiere heure, m'informa-t-il en regardant son horaire -ce qui était inutile puisque je connaissais le mien par cœur.

Je hochai frénétiquement la tête. J'adorais dessin ! Je pouvais passer plus de trois heures dans une clairière avec un bloc de feuilles et un crayon ordinaire.

Tout en parlant de tout et n'importe quoi, je me dirigeai dans la cour de récré avec Sam.

- Hey ! L'orpheline ! m'interpella une fille quand je passai près d'elle.

Je la jugeai du regard. Longs cheveux blond vénitien. Yeux vert émeraude, encadrés par des longs cils recouvert de mascara. Ce n'était personne d'autre qu'Amélia, ma pire ennemie.

- Arrête de m'appeler comme ça, Amélia... soufflai-je, extenuée de devoir lui répéter tout le temps, sans laisser paraître ma frustration face à ce surnom.

- Je voulais juste te poser une question, me dit-elle toute triomphante en rigolant avec ses pimbêches d'amies, toutes aussi maquillées qu'elle. Ça fait quoi de passer chaque minute, enfin, chaque seconde de ta vie à te demander pourquoi tes parents t'ont abandonnée ?

Elle m'adressa un rictus, tandis que je bouillonnais. Certes, ses paroles n'etaient que pour m'embeter. C'était des mots inoffensifs. Et même si je m'étais promis de ne plus rentrer dans son jeu, je ne sus me retenir de lui lancer l'insulte qui me passait par la tête :

- Sale pute !

- Pardon ? s'offusqua-t-elle en formant un parfait "o" avec sa bouche recouverte de rouge à levres.

- Sale pute, répétai-je plus fort en articulant bien chaque mot, et accompagnant le tout d'un magnifique doigt d'honneur.

Malheureusement, c'est toujours au mauvais moment que les éducateurs passent dans la cour pour surveiller les élèves.

- Eleos ! Eleos Deniss ! Chez le proviseur ! cria le vieux en me montrant du doigt.

À contre-cœur, car je savais qu'il était inutile d'essayer de me défendre, je me rendis chez le proviseur, en appréhendant sa réaction.

- C'est la troisième fois ce mois-ci, Eléos ! se plagnit l'homme dont la cinquantaine avait laissé les traces. Trois fois en un mois qu'on te surprend à énerver cette pauvre Amélia, qui ne sait même pas se defendre.

Ne sait pas se defendre ! Ne sait pas se défendre ! Mon œil, ouais !

- Tu sais ce que ça signifie, Eleos ? L'exclusion, dit-il puisque je ne répondais pas.

- Bien, m'sieur... machouillai-je.

Il me tendit mon dossier en disant des mots qu'il ne pensait pas, tels que "bonne chance pour ta prochaine école".

- Ma belle ! Qu'est-ce-qui se passe ? T'as une retenue ? Tu dois nettoyer le réfectoire ? s'empressa de me questionner Sam quand je sortis du bureau de la vieille peau, enfin, de mon proviseur.

- Non... Pire... Renvoyée...

- Un jour de renvoie ? s'étrangla Sam, n'y croyant pas.

- Pire !

- Deux jours ?

Je secouai la tête.

- Trois ? s'inquièta-t-il. Quatre ? Cinq ?

- On peut continuer comme ça toute la journée, Sam. Tu finiras par trouver.

J'agitai le dossier que le proviseur m'avait rendu.

- Renvoyée, comme dans renvoyée ?

- Bravo, Sam ! Tu merites une médaille ! ironisai-je en vidant mon casier.

- Tu m'manques, déjà... chuchota-t-il.

- Je t'adore ! lui dis-je sérieusement en le prenant dans mes bras.

Il me rendit mon étreinte et frotta mon crâne pour me décoiffer, comme il aimait faire.

- J't'adore aussi !

Je lui adressai un sourire franc avant de m'en aller, sans regarder en arrière car je savais que si je le faisais, les larmes se manifesteraient.

- Jamais ! Jamais eu un enfant comme ça ! Et puis, d'abord...

Viviane continuait son monologue contre le fait que j'étais un cas désespéré tandis que je baillai longuement. Je m'étais levée à six heures pour me faire renvoyer, si c'était pas la belle vie !

Je comptais retourner me coucher, en espérant retrouver mon amie dans mon rêve, mais Viviane me retint.

- Puisque tu n'as rien à faire, va donc t'occuper de Jules ! Elle a attrapé la grippe !

Je hochai la tête, et montai au premiere étage, où je me faufilai dans la chambre des jumelles.

- Salut, Jules ! dis-je.

La fillette de sept ans me tira la langue comme réponse.

- Sympa ! Alors, tu veux faire quoi ? Un puzzle ?

- Non ! geint-elle. Ça c'est pour les mauviettes comme toi !

Elle lanca par-terre la boîte de puzzle que je lui proposais, et son contenu se déversa au sol. Je m'accroupis pour ramasser les minuscules pièces éparpillées partout. La journée promettait d'être longue !

À vingt-trois heures, apres avoir réussi enfin à endormir la sale peste, je me couchai et tombai directement dans le néant.

- Toi ! crièrent-on en meme temps, la blonde et moi.

Nous étions dans une forêt, et j'étais vêtue d'une légère robe blanche qui contrastait bien avec ma peau halée. Elle, était habillée d'un simple jeans, accompagné d'une blouse qui ondulait dans ses mouvements, et reflétait la faible lumière du soleil.

- Ne dis rien, j'ai envie qu'on reste plus longtemps ! me prevint-elle en s'approchant prudemment de moi. Appelle-moi Coré !

Au debut, je ne compris pas. Et puis, tout s'éclaira. C'était quand on s'apprêtait à nous donner nos identités que notre rêve prenait fin. La fille -Coré- essayait donc de prolonger son moment avec moi.

- Et moi, April.

C'était sorti tout seul. Je me rappelais d'April, une ancienne amie d'enfance, qui avait déménagée bien loin depuis mon incident avec Lys, la fille de Viviane.

- Enchantée April, me dit-elle en souriant.

Le rêve perdurait-il tant que nous ne disions par notre vrai prénom ? Car dans ce cas, il pouvait durer très longtemps.

- Existe-tu vraiment ?

Ma question pouvait paraitre très idiote et enfantine, mais c'était ce que je voulais réellement savoir. Si cette blonde existait vraiment dans le même monde que moi.

- Oui, dit-elle normalement comme si je ne venais pas de poser la question la plus bizarre du monde. J'habite en...

Elle ne pût pas finir, que son image s'estompait déjà. Alors, c'était ça? On ne pouvait pas faire connaissance. Je me réveillai et pestai en frappant dans mon oreiller, sachant que je ne rêverai plus d'elle cette nuit...

The light of sisters [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant